Un traitement hormonal de la ménopause pour la sportive ?

Un traitement hormonal de la ménopause pour la sportive
Un traitement hormonal de la ménopause pour la sportive

À l’issue de l’étude américaine Women’s Health Initiative parue en 2002, la prise en charge médicamenteuse de la ménopause a été associée à un risque accru de cancer du sein. Un quart de siècle plus tard, la terreur doit-elle perdurer ?

Chez la sportive, la ménopause… et même la périménopause… diffusent leurs méfaits précocement. Les œstrogènes sont produits par les ovaires tout au long de la vie génitale. Ils sont essentiels aux différentes étapes de la procréation. Mais leurs fonctions biologiques sont bien plus étendues !  À la manière de la testos­térone chez l’homme, ils constituent les hormones anabolisantes féminines. Ils activent la synthèse des protéines de structure de votre corps à destination des muscles, des tendons, des ligaments, de la peau et des os ! L’ostéoporose est bien connue. Sa prévention est relayée par les instances sanitaires et les médias. En effet, les fractures qui en résultent à un âge parfois avancé engagent le pronostic vital… et engendrent des frais de santé prohibitifs !

LES HORMONES FÉMININES STIMULENT LA SYNTHÈSE DES PROTÉINES DES OS… MAIS AUSSI DES TENDONS, DES MUSCLES ET DES ARTICULATIONS !

Chez les femmes actives, les détériorations tissulaires s’expriment bien plus précocement. Tendinites, faiblesse musculaire, douleurs articulaires sont à l’origine d’un inconfort qui altère profondément le bien-être au quotidien. Mais les coûts induits pour la Sécurité sociale sont bien plus modérés… ou plus exactement dilués dans un budget non spécifique à la ménopause ! De plus, comme la testostérone
chez l’homme, les œstrogènes sont des hormones stimulantes améliorant considérablement la production de neuromédiateurs comme la dopamine et la sérotonine. L’érosion de leur sécrétion altère précocement et insidieusement l’hédonisme. Voilà qui fait dire à de nombreux psychiatres que la première thérapeutique de la dépression péri-ménopausique est le traitement hormonal substitutif ! Entre douleurs multiples et manque d’entrain, l’arrêt du sport vient souvent aggraver le cercle vicieux des souffrances articulaires et de l’érosion des capacités physiologiques ! Les coûteux ravages de la sédentarité alourdissent alors l’addition d’une ménopause oubliée par les autorités de santé !

Histoire d’une étude délétère et mal fagotée !

En 1991, débute en Amérique l’étude Women’s Health Initiative. Elle doit notamment analyser l’impact du traitement hormonal de la ménopause. En 2002, elle est arrêtée prématurément car les résultats préliminaires mettent en évidence une augmentation de 26 % du risque de cancer du sein et de 29 % concernant les crises cardiaques !  Les médias prennent connaissance de cette information encore confidentielle et la diffusent à grand bruit dans la presse grand public. Les médecins prescripteurs habituels sont déstabilisés. La présence d’un avocat en embuscade derrière chaque cabinet médical états-unien finit de tarir toute ambition de soin ! Rapidement, le cataclysme intellectuel et émotionnel envahit la terre entière !

DE NOMBREUX BIAIS RÉDHIBITOIRES… À L’ORIGINE DE SOUFFRANCES INUTILES !

Un quart de siècle plus tard, de nombreux biais ont été mis en évidence et invalident cette posture dramaturgique ! On y utilisait des œstrogènes de… cheval ainsi que de la progestérone de synthèse. Ces substances étaient administrées par voie orale et subissaient des modifications dans le foie ! La posologie était identique et constante pour toutes les femmes. Elle n’a jamais été adaptée au ressenti des patientes, laissant craindre de fréquents surdosages ! La prise en charge avait été instaurée bien trop tardivement, souvent plus de dix ans après la ménopause, en moyenne à 63 ans ! 70 % des femmes avaient plus de 60 ans… un âge où les cancers et les maladies artérielles peuvent être déjà initiés ! De surcroît, 50 % des femmes étaient obèses ou en surpoids et hypertendues, facteurs de risque connus d’infarctus et de cancer du sein !

Le traitement actuel à la française n’a rien à voir !

Désormais, en France, les protocoles sont bien différents. Un bilan initial est réalisé pour exclure tout cancer débutant ou toute maladie des artères du cœur. Les molécules utilisées sont naturelles, identiques à celles produites par les ovaires. Les œstrogènes sont administrés par patch transdermique pour éviter la transformation dans le foie qui explique la formation des caillots de sang. Le traitement est initié précocement, moins de dix ans avant la fin de la ménopause, pour éviter le développement de cancers et de lésions artérielles existants.

UN TRAITEMENT SÛR, VALIDE ET INDIVIDUALISÉ POUR PLUS DE BIEN-ÊTRE ET DE SPORT

La posologie est ajustée et individualisée très progressivement au cours d’un suivi régulier et attentif ! La dose choisie est minimale pour un bénéfice optimal. Pour finir de vous rassurer, l’étude observationnelle E3N (Étude Épidémiologique Éducation nationale a été coordonnée par l’Inserm. Elle a suivi 100 000 femmes depuis 1990 et n’a décelé aucun accroissement du risque de cancer ou de crise cardiaque chez les femmes suivant ce nouveau protocole. Alors, si vous souhaitez continuer la randonnée… mais aussi la gym, le yoga, le Pilates… et pourquoi pas le running, le triathlon, la musculation… ou toute autre activité de votre choix, le tout sans douleurs, n’hésitez pas à en parler à votre gynécologue !… Et les bénéfices seront multiples ! 

Dr Stéphane Cascua

Triathlète adepte du cardiotraining et de la musculation - Médecin du sport - traumatologue du sport - nutritionniste du sport - diplômé en entraînement du sportif - Rédacteur en chef

Triathlète adepte du cardiotraining et de la musculation - Médecin du sport - traumatologue du sport - nutritionniste du sport - diplômé en entraînement du sportif - Rédacteur en chef