Audrey Merle: “Il faut parler de la maladie de Lyme.”

Audrey Merle Il faut parler de la maladie de Lyme.
Audrey Merle Il faut parler de la maladie de Lyme.

Championne du monde du triathlon relais mixte en 2015, Audrey Merle est alors en pleine ascension dans sa carrière sportive. À 20 ans, elle obtient même son billet pour les JO de Rio en 2016. Mais les résultats ne suivent pas et elle souffre de douleurs articulaires qui la privent de performances. Elle apprend finalement en 2019 qu’elle est atteinte de la maladie de Lyme et va tout faire pour s’en remettre le mieux possible. Deux ans plus tard, elle devient championne d’Europe de duathlon et peut enfin reprendre le fil de sa vie de sportive de haut niveau.

Audrey Merle, comment t’es-tu rendu compte que tu étais malade ?  

Audrey Merle: J’ai commencé par ressentir une grosse fatigue, que je mettais sur le compte du surentraînement. Mais, même en diminuant ma pratique, ça ne s’améliorait pas. J’ai fini par complètement arrêter le sport, ce qui n’a rien changé. On m’a alors diagnostiqué plein de choses différentes qui n’avaient aucun lien. J’avais tout le temps des problèmes, comme des irritations, des douleurs musculaires, articulations gonflées, mal de crâne… Et puis, je suis partie en stage en altitude, ne pensant pas être malade, et là tout a empiré. J’avais des problèmes de mémoire, mon cerveau ne suivait plus. C’était très dur psychologiquement, je n’étais plus moi-même et tout ça affectait gravement mon quotidien.

Comment as-tu pu te soigner une fois que tu as compris que c’était la maladie de Lyme ?

Audrey Merle: J’ai refait de nombreux bilans médicaux et un médecin a trouvé le bon diagnostic après cinq ans de galère ! On m’a prescrit un traitement d’antibiotiques lourd sur un peu plus de trois mois. Ça a commencé par des injections intra-musculaires très difficiles à gérer avec les effets secondaires. Ma guérison n’était pas certaine à l’issue de ce traitement mais j’ai eu de la chance de bien y répondre et même si ce n’était pas agréable, ça m’a très vite soulagée de mes symptômes pour me faire sentir mieux quinze jours après la 1re injection.

Comment as-tu géré ta forme physique pendant tout ce temps ?

Audrey Merle: Le médecin m’avait dit que je pouvais continuer d’avoir une pratique physique mais sans faire vraiment de sport. Il était important que je garde mon corps en mouvement pour m’aider à guérir et à gérer mes douleurs articulaires. Je faisais du vélo très lentement et nageais une fois par semaine seulement. Après les trois mois de traitement, j’ai repris l’entraînement sans savoir si j’allais m’en remettre. Mais le corps n’oublie pas et j’ai pu revenir progressivement et même plus vite que prévu à mon niveau !

Qu’est-ce qui fut le plus difficile à vivre pendant cette période ?

Audrey Merle: J’ai dû changer mes priorités, arrêter le sport et m’occuper de moi sans savoir ce qui m’arrivait. C’était très dur psychologiquement, je me sentais coupable de ne pas avoir réagi plus tôt et insisté pour trouver ce qui m’arrivait. Un fois que j’ai été diagnostiquée atteinte de la maladie de Lyme, je me suis sentie soulagée car on a enfin pu mettre des mots sur mes maux. Ça m’a également aidée de discuter avec d’autres malades. Pour certains, les symptômes peuvent durer vingt ans, je relativise donc sur mes cinq ans de souffrance et de galère sans trop me morfondre. Il faut en parler pour mieux se soigner et aider la médecine à avancer sur ce sujet. 

Triathlète aventurière - Journaliste du sport et sportive - Formation scientifique en sciences de la nature et de la vie - Rédactrice en chef adjointe