Protéines navettes, lipomax, mécanome : la rando devient prépa physique

Protéines navettes, lipomax, mécanome : la rando devient prépa physique
Protéines navettes, lipomax, mécanome : la rando devient prépa physique

Ce jargon vous intrigue ! C’est le but ! Il est destiné à convaincre tous les sportifs d’intégrer de la randonnée dans leur programme. Les justifications scientifiques sont évidentes ! Alors, explications et conseils !

Dans toutes les disciplines, il est nécessaire de préparer son corps à encaisser les contraintes spécifiques. On parle de travail foncier au sens étymologique : « les fondations nécessaires à la construction d’un corps d’athlète ! ». Les sportifs de haut niveau montrent l’exemple. Les pratiquants amateurs devraient suivre… surtout les seniors dont l’appareil locomoteur et la condition physique sont mis à mal pendant leur activité principale !

Protéines navettes

Vous le savez, les muscles sont constitués de « fibres lentes » et de « fibres rapides ». Les premières brûlent la graisse et les sucres complètement et les transforment en eau et en gaz carbonique. Elles sont dévolues aux efforts prolongés assurant une relative aisance respiratoire. La randonnée, le footing ou le vélo de loisir répondent à cette description. Les secondes assurent une dégradation partielle du sucre sans oxygène. Il en résulte la formation d’acide lactique. Elles sont mises à contribution à l’occasion d’exercices intenses associés à un essoufflement.

Les protéines navettes permettent le passage et la combustion de l’acide lactique dans les fibres lentes

Cette fois, les disciplines plus explosives sont concernées, sans oublier les sports d’endurance pratiqués en compétition. La pénibilité, les brûlures musculaires et l’hyperventilation proviennent de l’acide lactique. Pendant des années, le dogme physiologique indiquait qu’il fallait travailler à haute intensité pour apprendre aux fibres rapides à assumer ce stress métabolique. La découverte des « protéines navettes » est venue bousculer les concepts. Ces dernières sont des petits canaux qui traversent la membrane des fibres lentes et par lesquels l’acide lactique peut entrer. Ainsi, les fibres lentes richement dotées en systèmes de combustion complète grâce à l’oxygène peuvent accueillir et utiliser l’acide lactique produit par les fibres rapides voisines et surmenées !

Les séances longues en aisance respiratoire assurent une meilleure tolérance aux exercices intensifs

Plus les fibres lentes sont entraînées, plus elles participent à la bonne tolérance des exercices intenses ! Voilà qui explique l’intérêt de méthodes que l’on croyait dépassées ! Les grandes sorties vélo en aisance respiratoire en début de saison chez les cyclistes « pro ». La phase de « patience » de tout bon programme, rendue célèbre grâce à Mark Allen, probablement le plus grand triathlète du monde ! Le « long et lent » des meilleurs traileurs ! Les 80 % de basse intensité retrouvés chez la majorité des sportifs de haut niveau !

Lipomax

Lors de vos séances en aisance respiratoire, vous disposez de suffisamment d’oxygène pour brûler les graisses. En effet, dans la chaîne carbonée des acides gras, cet atome est absent et il en faut beaucoup pour obtenir l’eau et le gaz carbonique de la combustion complète. À l’inverse, dans le glucose, il y a 6 atomes d’oxygène !

En rando, au Lipomax, vous apprenez à consommer un maximum de graisse

Voilà pourquoi le sucre est plus volontiers brûlé au seuil de l’essoufflement. De fait, c’est au Lipomax, à environ 60  % de vos aptitudes cardiaques, que vous utilisez le plus de graisses. À cette intensité proche de celle de la randonnée, votre corps apprend à brûler un maximum d’acides gras. Pour cela, il active les gènes nécessaires à la libération et à la combustion des lipides. On parle de « processus épigénétique ».

La rando permet de prolonger les efforts plus intenses 

Bien sûr, cet ajustement métabolique favorise la perte de poids. Mais, pour le compétiteur, cette adaptation permet surtout d’économiser les réserves de sucre au cours d’activités plus intenses. Ainsi, vous pouvez prolonger un effort plus difficile ! Typiquement, vous gardez le rythme au cours de vos matchs de tennis ou de football et vous repoussez le mur du marathon ! 

Mécanome

Vous connaissez le génome. C’est la somme de nos gènes qui code pour l’ensemble des protéines constitutives de notre corps. Le mécanome est le terme utilisé pour décrire la fraction qui se consacre à la mécanique, à savoir à notre appareil locomoteur. En multipliant les contraintes modérées, comme en randonnée, vous usez peu votre squelette et vos articulations. En revanche, vous activez les gènes de votre mécanome !

Mécanome : le génome de notre appareil locomoteur

Une fois encore, il s’agit d’une modulation épigénétique ! Vous construisez plus de protéines d’os, de cartilages, de tendons, de ligaments et de muscles ! Vous vous forgez un appareil locomoteur solide… apte à encaisser le stress mécanique d’activités plus intenses. Bien évidemment, cette adaptation s’étend à l’ensemble des segments corporels sollicités… Alors, prenez des bâtons pour consolider aussi vos bras et votre colonne vertébrale ! De cette façon, la randonnée prépare la totalité de vos articulations afin qu’elles assument sans difficulté les autres sports !

Avec la rando, votre appareil plus solide encaisse mieux les contraintes des autres sports

Voilà une nouvelle justification à la règle des 80/20 en sport de haut niveau ! Voilà qui ressemble étrangement à la préparation des pur-sang arabes émiratis qui passent deux heures à marcher dans le sable avant de trotter et de galoper… puis de remporter les plus grandes compétitions d’endurance équestre ! 

Triathlète adepte du cardiotraining et de la musculation - Médecin du sport - traumatologue du sport - nutritionniste du sport - diplômé en entraînement du sportif - Rédacteur en chef