La maladie COVID 19 est une pandémie qui va entrer bientôt dans sa troisième année. Nous pouvons voir sur cette capture d’écran de l’institut Johns Hopkins réalisée au mois de septembre qu’environ 1 700 000 personnes ont été touchées par la maladie.
Par le docteur Jean ISRAEL, cardiologue du sport et le docteur Colette NORDMANN, médecin du cyclisme santé à la FFC
Il est certain que la vaccination a considérablement réduit tant la transmission du virus que la gravité des atteintes. Notons également les progrès réalisés dans une prise en charge, quelque peu erratique en période initiale, de méconnaissance de cette affection nouvelle.
Il n’en reste pas moins vrai que, dans un certain nombre de cas, des atteintes séquellaires, respiratoires, cardiaques, musculaires risquent de grever la récupération une fois passée la période aiguë chez des patients en rémission.
La sévérité des atteintes liée à la maladie dépend beaucoup du terrain, porteurs de pathologies chroniques, immunodéprimés, tranche d’âge plus élevée. Cependant, il n’est pas rare d’observer des atteintes avec difficultés de récupération chez des sujets plus jeunes. On constate alors une limitation à la reprise de l’activité physique qui peut porter sur plusieurs semaines.
Pour terminer, est apparue une nouvelle pathologie, communément appelée « COVID long », objet d’étude chez les chercheurs et en cours de démembrement.
Les sujets se plaignent de manifestations variables et durables, des semaines, voire des mois après l’atteinte virale initiale.
Les manifestations rapportées sont essentiellement de la fatigue chronique, une intolérance à l’effort, parfois des douleurs à la poitrine.
Une fois d’éventuelles séquelles respiratoires, cardiaques ou neurologiques éliminées, les examens complémentaires classiques ne retrouvent pas d’éléments spécifiques susceptibles de l’expliquer. Dans un certain nombre de cas existe le poids d’un déconditionnement plus ou moins prolongé, en interférence avec un déconditionnement en rapport avec un manque de pratique physique durant la période aiguë.
Cela n’explique pourtant pas cette fatigue et cette limite aux efforts que peuvent endurer essentiellement ces patients. L’une des hypothèses invoquées serait la perturbation du système neurovégétatif qui règle le niveau d’activité des individus.
La figure ci-dessus objective les relations étroites entre l’atteinte initiale respiratoire et sa diffusion au reste de l’organisme. Elle illustre le cercle vicieux engendré par une atteinte multiviscérale et le retentissement au niveau du cœur, retentissement qui lui-même va augmenter la sévérité de la maladie.
Cette atteinte virale va être d’autant plus marquée que le sujet est âgé, qu’il présente les facteurs de risque cardio-vasculaires que représentent la surcharge pondérale, l’hypertension artérielle ou le diabète. L’autre facteur aggravant est une baisse du système immunitaire, souvent reliée, en dehors de prises médicamenteuses spécifiques, à une perturbation du microbiote, c’est-à-dire de la flore intestinale ; microbiote qui revêt une importance majeure dans notre métabolisme. L’atteinte au niveau cardiologique sera favorisée en cas de pathologie préexistante. Il s’agit des maladies coronariennes, liées aux dépôts de cholestérol dans les artères. Ces obstructions sont susceptibles de se déstabiliser durant la période aiguë, avec un risque d’infarctus multiplié par trois la première semaine, en fonction de l’intensité du phénomène inflammatoire, avec une demande métabolique augmentée, l’action directe du virus, les atteintes de la coagulation, le relargage de molécules inflammatoires en excès (cytokines pro-inflammatoires) et le manque d’oxygène lié aux lésions pulmonaires. Ainsi, une fonction myocardique déjà altérée, du fait d’une pathologie préexistante, sera susceptible de se décompenser dans de telles conditions.
Les troubles de la coagulation générée par l’inflammation sont quant à eux susceptibles d’être à l’origine de phlébites et d’embolies pulmonaires, qui vont aggraver l’état cardiaque et l’état général.
Plus particulièrment dans le monde du sport existe la crainte de développer une atteinte musculaire cardiaque ou myocardite.
Ce type d’affection inflammatoire du cœur n’est pas propre à la COVID et peut se retrouver dans différentes circonstances et d’autres affections virales. Le risque en est de développer des troubles du rythme cardiaque, voire une mort subite dans les formes gravissimes (9 % des morts subites du sportif) ou d’entraîner dans sa forme chronique une dilatation avec fatigue du cœur. L’atteinte myocardique peut passer totalement inaperçue. Mais il peut s’agir aussi d’une forme extrêmement douloureuse simulant un infarctus du myocarde.
Une myocardite sera systématiquement éliminée avant reprise de l’activité sportive en compétition ou non.
Le tableau ci-dessus décrit les recommandations destinées aux médecins dans la perspective de reprise du sport cycliste : la nature de ces examens est corrélée à l’absence ou non de manifestations cliniques. L’examen médical clinique de reprise est la base de la décision. On y associera le plus souvent un électrocardiogramme, qui devient obligatoire en cas de manifestations cliniques (par opposition à un dépistage systématique totalement asymptomatique).
Selon les résultats, on proposera une échographie cardiaque.
Dans les cas de suspicion d’atteinte myocardique, une IRM myocardique sera prescrite.
Ces recommandations rejoignent celles du Club des Cardiologues du Sport devant toute suspicion d’infection virale associée à un épisode fébrile.
Au total, la COVID est une affection particulière, très contagieuse notamment dans ses variants, qui peut revêtir des formes variables allant de l’absence totale de manifestations, en passant par un syndrome grippal plus ou moins intense, voire à des formes graves nécessitant des soins appropriés en service de réanimation.
Quelle que soit la forme adoptée par la maladie, il est primordial, une fois un risque médical écarté, de reprendre le vélo sous toutes ses formes en endurance, associé à des renforcements musculaires et de souplesse.
Le vélo d’appartement, par un effort gradué et d’intensité croissante, constitue certainement l’outil idéal de reprise d’une activité de vélo dans les formes contraignantes, préalables à la reprise d’une activité plus complète dans la discipline du cyclisme.
Elle peut se poursuivre dans un deuxième temps, surtout si les fonctions physiologiques musculaires ou la fatigue l’imposent, par l’utilisation des VAE.
Qu’ils soient de type utilitaire/urbain, polyvalents route et chemin, ou carrément VTTAE, les VAE apportent l’assistance électrique à tous les types de vélo, tandem, tricycle, vélo couché …
Parce que le VAE est d’abord un vélo, il est nécessaire de pédaler pour pouvoir bénéficier de l’assistance électrique. Il permet donc d’appréhender l’effort sur un mode assisté en prenant en compte la condition physique du moment. Le VAE permet surtout de conserver les bénéfices du sport porté et de remettre en jeu de façon progressive et adaptée la mécanique du pédalage.
La performance du moteur rend le poids du VAE négligeable. Elle lisse les dénivelés, réduit l’incidence du vent et offre une réadaptation à l’effort « à la carte », selon le ressenti du cycliste ou l’ordonnance du médecin. Elle assiste la fonction cardiaque sans à-coups, là où l’effort en endurance est requis, permettant la réintroduction progressive des métabolismes aérobies puis anaérobies de façon plus programmable que sur un vélo conventionnel.
Dans le contexte post-Covid et Covid long, alors qu’on constate une perte des capacités musculaires et physiologiques témoin d’une désadaptation à l’effort, le VAE représente l’outil idéal qui permet au cycliste de passer à son rythme le cap du réentraînement. Bien pris en charge pendant plusieurs mois, et parfois presque une année, l’amélioration est le plus souvent favorable pour, à terme, réinvestir le niveau sportif initial.
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