Aurélien Ducroz : “La mer m’a aidé à devenir meilleur skieur”

Aurélien Ducroz : "La mer m’a aidé à devenir meilleur skieur"
Aurélien Ducroz : “La mer m’a aidé à devenir meilleur skieur”

Aurélien Ducroz n’a pas peur de défier les éléments. Après une carrière de skieur freeride, il se lance sur l’eau pour devenir skipper en solitaire. De la Transat Jacques-Vabre à la Route du Rhum, il mène bien sa barque et rêve même de Vendée Globe, course au large la plus prestigieuse. À 40 ans, il raconte comment il en est arrivé là et quelles sont ses forces pour réussir à être dans son élément.

Propos recueillis par Muriel Hatem

Doc du sport: Aurélient Ducroz, comment et pourquoi êtes-vous passé de la montagne à la mer ?

Aurélien Ducroz: Tout a commencé après une rencontre où on m’a demandé de devenir parrain d’un bateau il y a douze ans. C’était pour un jeune marin qui préparait une traversée transatlantique en solitaire; j’ai tout de suite accepté car ça me permettait de découvrir un univers formidable. J’ai suivi ce jeune homme pendant deux ans et toute sa préparation et pendant sa course qui fut incroyable. Tout cela m’a beaucoup plu et m’a motivé à me lancer à mon tour, afin de mieux comprendre comment ces hommes-là parviennent à réaliser de tels exploits. J’ai donc commencé l’aventure maritime en 2008 tout en continuant ma carrière et en remportant mes 2 titres de champion du monde en 2009 et 2011. Ça m’a permis de voir autre chose et de saisir une superbe opportunité même si j’étais au top de ma carrière à ce moment-là. Je pense que ça m’a aidé à m’ouvrir l’esprit et à devenir meilleur skieur.

Doc du sport: Y a-t-il des similitudes entre le ski freeride et la voile ?

Aurélien Ducroz: Ce sont deux sports techniquement très pointus et qui demandent une certaine vision de l’élément, que ce soit la mer ou la montagne. En ski freeride il faut être capable d’analyser la piste pour réaliser la meilleure performance. En voile, il faut également pouvoir choisir la meilleure trajectoire en fonction des éléments météo. Le ski m’a donc permis de mieux appréhender la mer lors de ma première transat alors que je me lançais dans quelque chose de totalement nouveau pour moi.

Doc du sport: Comment gérez-vous votre préparation pour vous adapter à ces deux disciplines ?

Aurélien Ducroz: Je pratique deux sports qui sollicitent des parties du corps différentes. En été, le bateau sollicite énormément le haut du corps et, à l’inverse, l’hiver je travaille surtout mes jambes. Je dois donc passer par trois semaines de préparation intense pour gérer la transition et éviter les blessures. Le ski est un sport assez traumatisant alors que la voile nécessite des efforts intenses à tout moment sur la durée.

Doc du sport: Qu’y a-t-il de plus difficile à gérer dans cette transition ?

Aurélien Ducroz: Le corps se déshabitue très vite et les muscles peuvent fondre rapidement. Heureusement, j’arrive à récupérer et à me remettre en forme sans soucis entre deux saisons. Psychologiquement, je ne subis plus la pression de la compétition en ski puisque j’ai arrêté. En revanche, je dois me replonger dans l’esprit de course l’été quand je remonte en bateau.

Doc du sport: Aujourd’hui, c’est la mer qui a pris le dessus. Quels sont vos projets ?

Aurélien Ducroz: Je souhaite continuer de développer ce bateau, un Class40 qui a été dessiné avec le cabinet Lombard. C’est très intéressant car nous sommes partis de rien et nous avons conçu le bateau le plus performant possible avec nos connaissances. Je sais qu’il y aura encore du potentiel et j’aimerais aller au bout de ce projet pour continuer un ou deux ans de plus au moins. Ensuite, je souhaiterais envisager le Vendée Globe pour 2028…