Inutile de vous le présenter, tout le monde a déjà entendu parler de cet aventurier de l’extrême… Mike Horn a traversé le désert, l’Himalaya ou encore la banquise ! Les conditions extrêmes ne lui font pas peur, lui qui écoute et s’adapte à Dame Nature pour mieux la comprendre et la préserver. C’est donc un honneur de vous dévoiler dans ce numéro l’interview de celui qui s’est prêté au jeu de l’entretien en toute simplicité malgré ses nombreuses sollicitations.
Propos recueillis par Muriel Hatem
Mike Horn: La vie est un peu comme une flaque d’eau : si l’eau ne bouge pas, elle pourrit et pue ! Cela signifie que notre vie doit constamment être en mouvement, pour que l’eau reste fraîche car il ne faut pas oublier que nous sommes composés à 80 % d’eau. Les explorateurs, aventuriers, runneurs et traileurs peuvent finir par se blesser car ils cherchent à trouver la limite de leur corps et finissent par la dépasser.
Mais grâce à cette pratique physique, nous restons musclés, sans surpoids et nos cellules en tirent les bénéfices. La performance fatigue et affaiblit, c’est ainsi que l’on devient plus sensible aux microbes et aux bactéries. C’est pourquoi il faut trouver un juste milieu et s’adapter à son environnement, pour être plus fort afin de rester en bonne santé.
Mike Horn: Il serait différent si je n’avais pas le même rythme de vie. Je suis un athlète qui va dans la chaleur, en altitude, j’ai besoin d’endurance parfois et d’explosivité d’autres fois. J’adapte mon alimentation et mon sommeil en fonction de mes besoins. Je bouleverse ainsi toute ma vie d’une aventure à l’autre.
Je ne suis pas comme les athlètes de haut niveau qui s’entraînent intensément dans une discipline et tiennent un programme très défini avec les phases de préparation, d’entraînement et de récupération spécifiques. Je change constamment mes habitudes et à chaque changement, mon corps se souvient de ce qu’il a déjà traversé. Cette mémoire lui permet de s’adapter à n’importe quelle situation. Plus on donne d’informations à son corps,mieux il s’adapte et on tombe alors beaucoup moins malade.
Mike Horn: Depuis que j’ai 8 ans, je me réveille tous les matins à 6 heures pour aller courir avec mon père. Il a fait partie de l’équipe nationale d’Afrique du Sud de rugby, c’est pendant sa carrière professionnelle qu’il a pris cette habitude et que je l’ai suivi. C’est cette routine qui m’a ensuite donné envie de m’entraîner toujours plus et de courir plus longtemps que mes amis car ça me donnait un avantage et je me sentais plus résistant. L’entraînement est très important et nous permet de nous surpasser et d’aller plus loin même si on manque de talent.
Dans ma pratique, je dois m’adapter à tout et je n’ai donc pas un programme d’entraînement prédéfini. Il peut m’arriver de me lever à 3 heures du matin, de remplir un bidon de 50 litres d’eau et de le porter pour monter 2 000 mètres de dénivelé. Quand je n’arrive plus à le porter, je continue en le poussant et en le faisant rouler avec mes mains. J’adapte donc ma manière de porter le bidon de façon à arriver au sommet, quoi qu’il arrive.
Entre 2 expéditions, je cours entre 12 et 15 kilomètres, je fais entre 2 heures et 2 heures 30 de vélo, ensuite je peux faire du kayak et ramer sur une longue distance. Parfois, je vais passer ma journée à faire uniquement des activités de montagne. À chaque fois que je pars sur une activité, c’est un entraînement mais rien n’est jamais prévu.
Mike Horn: Mes expéditions se font naturellement. Je peux partir pendant 2 ans faire le tour du monde sur l’équateur tout seul. Cette longue période solitaire à marcher, manger et dormir finit forcément par me donner envie de partager ce que j’ai vécu. Quand je rentre à la maison, je suis ravi de partager toutes mes histoires avec ma famille.
Mes filles ont toujours été fascinées par ce que je faisais. Elles m’ont demandé de raconter mes aventures aux autres enfants, ce que j’ai adoré faire ; c’est là que j’ai compris qu’il fallait que je partage mon expérience sous toutes les formes possibles. On m’a alors proposé d’écrire un livre, Latitude 0 fut mon premier livre. J’ai voulu permettre aux gens de connaître ce que j’ai vécu lors de mes premières expéditions. J’espérais ainsi pouvoir inspirer un maximum de personnes.
Mike Horn: Pas grand-chose… La peur est devenue ma maison ! Je vis constamment avec la peur, c’est ce qui me motive tous les matins et me protège en même temps. C’est ce qui me permet de me rendre compte que j’arrive à ma limite et que je ne dois pas aller plus loin.
Ma peur aujourd’hui, c’est surtout l’angoisse d’imaginer le futur de notre planète. Je n’ai jamais vraiment peur pour moi-même mais pour les autres. J’ai envie de dire aux gens que tout est possible mais les problèmes environnementaux et socio-politiques aujourd’hui m’angoissent.
Mike Horn: En effet, je pense qu’on partage les mêmes valeurs : on aime la nature et on sait ce qui nous plaît et nous rend heureux dans le respect de l’environnement tout en étant confortable. Pour moi, la laine est juste une extension de la peau qui me permet d’être bien quand il fait froid et de faire des choses que je ne peux pas faire nu… ça me permet de vivre une vie intense avec plein d’émotions qu’un autre vêtement ne peut pas me donner.
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