Au-delà des décès provoqués par le COVID, des gens jeunes et actifs souffrent de séquelles respiratoires, cardiaques et neurologiques. Ils ont des difficultés à reprendre le sport alors que l’activité physique participe au traitement ! Accompagnement sur ce chemin chaotique qui peut passer par la randonnée !
Par le Docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport,
En collaboration avec le Docteur Nicolas BARIZIEN, médecin du sport, consultant « COVID long » auprès de la Haute Autorité de Santé, auteur du livre 8 semaines pour sortir du COVID long à paraître aux éditions Hachette.
Le « COVID long » n’est que rarement une conséquence d’une phase aiguë grave ayant nécessité des soins de réanimation. Ces patients sont plutôt victimes d’une perte de muscle et d’un désentraînement majeur appelé « déconditionnement ». Ce dernier peut durer quelques mois. Cette situation est sans réelle spécificité COVID et se retrouve systématiquement à l’issue de longs séjours en soins intensifs.
Bien sûr, une altération de la condition physique est possible en cas d’isolement prolongé à domicile pour cause de COVID aigu sans gravité. Cette dégradation physiologique participe à un inconfort du quotidien dans les semaines qui suivent mais ne répond pas aux mécanismes biologiques supposés du « COVID long ».
Lors de l’infection aiguë, les virus se dirigent vers de nombreux tissus. Ils vont évidemment dans les poumons dont les membranes s’épaississent, perturbant ainsi le passage de l’oxygène. Ils se rendent dans les muscles, notamment dans le cœur, et provoquent des inflammations douloureuses à type de courbatures intenses. Lors d’un COVID long, toutes ces anomalies tissulaires ont disparu. Le scanner pulmonaire ne montre aucune fibrose. L’échographie cardiaque ne met plus en évidence l’épanchement liquidien qui pouvait entourer le cœur. Les séquelles inhérentes au COVID long sont probablement consécutives à l’action du virus sur un troisième tissu essentiel : le système nerveux central !
De façon cohérente, les neurones sont bourrés de protéines ACE, les fameux récepteurs situés sur nos membranes cellulaires qui accueillent les protéines Spike du coronavirus. La perte du goût et de l’odorat constitue d’ailleurs le signe le mieux connu de cette agression ciblée. L’agent infectieux passe dans les fosses nasales et file directement sur les récepteurs olfactifs situés à peine plus haut, à la base du cerveau.
Cette zone centrale de notre encéphale était autrefois appelée « cerveau reptilien » en référence à l’aspect primitif de ses fonctions pour se nourrir, se reproduire mais aussi pour faire battre le cœur et pour respirer ! Vous l’avez compris, les symptômes cardiaques et respiratoires sont la conséquence d’une mauvaise régulation du fonctionnement de ces organes et non pas d’une altération des tissus qui les constituent.
LES ORGANES ONT GUÉRI, LA RÉGULATION NERVEUSE RESTE DÉFAILLANTE
Pour expliquer la prolongation de ces perturbations « fonctionnelles », il existe deux hypothèses. La première est la présence résiduelle de quelques virus qui continuent de réquisitionner le fonctionnement des neurones. La seconde serait liée à un processus dit « auto-immun ». Tout se passe comme si le génome du virus avait intégré l’ADN de nos cellules. Ces dernières synthétisent alors la protéine virale qui migre dans l’enveloppe des neurones.
Notre système immunitaire et nos anticorps réagissent et agressent notre tissu nerveux. Bien sûr, le virus passe aussi dans le sang et va se fixer à d’autres endroits dans le cerveau, expliquant également la fatigue et l’altération des performances intellectuelles.
ENCORE DE L’INFLAMMATION DANS LES NEURONES
Cette asthénie pousse à renoncer à l’activité physique et participe au déconditionnement. L’anxiété provoquée par les troubles cognitifs peut majorer la perception des symptômes respiratoires et cardiaques, repoussant encore la pratique de l’exercice. Pourtant, bouger impose de réguler son fonctionnement cardiaque et sa respiration. Pourtant, bouger réveille le corps et l’esprit ! Bref, le sport progressif participe efficacement au traitement du COVID long !
À l’occasion d’un effort, les rythmes respiratoires et cardiaques peinent à s’organiser ! Alors que l’exercice commence, il arrive que tout s’accélère bien au-delà du nécessaire. Ces sensations sont très désagréables. L’hyperventilation occasionne une évacuation excessive du gaz carbonique responsable de sensations vertigineuses ou de malaises sans gravité. Il n’empêche que ces perceptions se révèlent particulièrement anxiogènes.
EMBALLEMENT RESPIRATOIRE ET CARDIAQUE GÊNE LE SPORTIF
Pour vous rassurer, pour confirmer et quantifier le phénomène, il peut être opportun de réaliser une épreuve d’effort avec analyse des gaz respiratoires. Votre cardiologue vous indique alors que votre cœur n’est pas responsable de ces symptômes et qu’il assume sans difficulté une activité plus intense qu’à l’accoutumée.
Il vous prodigue des conseils personnalisés et vous propose parfois d’intégrer un protocole de rééducation fonctionnelle encadré par des kinésithérapeutes ou des préparateurs physiques dûment formés.
UNE ÉPREUVE D’EFFORT ET DE LA RÉEDUCATION SONT PARFOIS NÉCESSAIRES
En pratique, il est conseillé de faire preuve d’humilité et de progressivité. N’hésitez pas à partir pour un petit tour du pâté de maisons. Vous reviendrez sans difficulté si les symptômes se déclenchent et deviennent gênants. Les salles de sport accessibles pour raisons médicales vous offrent la possibilité de faire un peu de tapis et de vous arrêter dès que vous le souhaitez. Les séances de méditation en marchant, disponibles sur de nombreuses applications, vous donnent l’opportunité d’accueillir le fonctionnement de votre corps et d’accepter ses imperfections provisoires.
MÉDITATION, RELAXATION, COHÉRENCE CARDIAQUE : DES OUTILS COMPLÉMENTAIRES
Ainsi, la situation devient moins stressante, enclenchant alors un cercle vertueux d’apaisement. De façon complémentaire, il est souvent bénéfique d’associer à cette stratégie de prise de conscience un travail de contrôle de la respiration incluant 2 pas d’inspiration et 3 pas d’expiration.
Dans ce contexte, les activités imposant un rythme respiratoire synchrone au mouvement se montrent vraiment bénéfiques et très appréciées. Le rameur et surtout la natation répondent à cette caractéristique. Les patients COVID long sont nombreux à dire à leur médecin : « Grâce à votre certificat pour aller à la piscine, j’ai vraiment franchi un cap. »
NATATION, RAMEUR, BÂTONS POUR ASSOCIER MOUVEMENT ET RESPIRATION
La randonnée n’est pas en reste, l’utilisation de bâtons se prête bien à l’ouverture thoracique. Pour améliorer encore le geste respiratoire, il est possible d’opter pour une poussée symétrique à la manière d’un skieur de fond pratiquant le skating.
2 PAS D’INSPIRATION, 3 PAS D’EXPIRATION
En fin d’exercice, méditation, relaxation, sophrologie et cohérence cardiaque s’intègrent efficacement à la récupération et au « retour au calme ». Il ne vous reste plus qu’à augmenter progressivement la durée de vos balades pour qu’elles deviennent promenades, randonnées puis trekking !
Votre système nerveux aura réappris à réguler vos fréquences cardiaques et respiratoires, il aura relancé son activité en programmant des mouvements pendant plusieurs heures. Vous n’aurez plus de malaise, vous ne serez plus fatigué et vous renouerez avec votre vivacité intellectuelle. Rassuré, vous ne serez plus anxieux !
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