“Pause pipi”: éliminez sans attendre!

Urine: éliminer sans attendre pipi
Urine: éliminez sans attendre

L’engagement physique demandé à nos organismes et la durée des efforts consentis, lors des randonnées, outre les bobos habituels (ampoules, courbatures, blessures éventuelles…) nous exposent à des désagréments plus inattendus.

Les articulations de notre squelette, ses muscles, ses aponévroses, ses ligaments, ses tendons, etc., constituent le système musculo-squelettique. Outre le rôle de châssis et d’appareil locomoteur, ce dernier assure une fonction que trop souvent nous oublions ou ignorons. L’anatomie humaine (animale en général) nous donne l’explication.

Par le docteur Olivier Bouillon, ostéopathe DO

La problématique du lieu idéal pour uriner

Nous sommes très souvent exposés à la déshydratation lors des efforts de longue durée, qui plus est en montagne ou lors de l’enchaînement des sorties.

Nos qualités physiques se dégradent rapidement quand les liquides viennent à manquer dans nos tissus. 3 % de perte en eau (c’est le moment où nous commençons à avoir soif) se solde par 20 % de perte d’efficacité musculaire ! La mécanique dans son ensemble se dégrade peu à peu.

En montagne, il n’est pas toujours aisé de trouver un endroit propice aux besoins naturels. Dès que l’altitude s’élève, les bosquets accueillants ou les arbres viennent à manquer.

La tentation est grande d’attendre un peu, puis beaucoup avant de se résoudre à trouver une solution. Ce problème plutôt féminin peut cependant concerner tout le monde.

La vessie occupe dans le bassin un espace important allant jusqu’à 600 cm3, le besoin d’uriner se faisant sentir dès 300 cm3 de remplissage.

Elle est au contact de différentes structures :

  • En avant, la symphyse pubienne dont elle est séparée par un tissu graisseux qui la protège, servant d’amortisseur ;
  • En haut, des anses de l’intestin grêle et le colon sigmoïde ;
  • Chez l’homme, en bas la prostate, les vésicules séminales et en arrière le rectum ;
  • Chez la femme, en bas le vagin et en arrière l’utérus.

Ces nombreuses zones de contacts anatomiques représentent autant d’articulations viscérales passablement sollicitées lors d’efforts de longue durée. Plus le volume contenu par ces structures sera important, plus fortes seront les sollicitations.

Ces régions de notre corps sont fréquemment le siège d’adhérences, conséquences du parcours de chacun (interventions chirurgicales, infections gynécologiques ou urinaires, diverticules du sigmoïde, grossesses, traumatismes, chutes, etc.). Ces adhérences restreignent la liberté de mouvement des organes concernés et un état déshydraté compliquera davantage la situation.

À trop insister « sans évacuer les trop-pleins », les frictions et les secousses occasionnées peuvent, par les irritations et l’inflammation qui en résultent, aboutir à des fixations qui vont modifier l’équilibre, local dans un premier temps, puis global si la situation persiste.

Les symptômes

1 – Directement liés aux organes impliqués apparaissant plus ou moins rapidement (de façon occasionnelle, récurrente, ou permanente).

Quelques exemples :

  • Perte d’autonomie entre chaque miction responsable de réveils nocturnes ou d’une organisation adaptée lors des déplacements ;
  • Difficulté à vidanger totalement la vessie créant un contexte propice aux infections urinaires (résidu post-mictionnel) ;
  • Sensation de pesanteur au niveau du bas-ventre ou du périnée (prolapsus) ;
  • Inconfort lors des relations sexuelles ;
  • Troubles du transit ;
  • Hémorroïdes, etc.

Il va sans dire qu’un avis médical s’impose dans tous les cas, pris auprès des professionnels concernés (généralistes, urologues, gynécologues, gastro-entérologues etc…)

2 – À priori sans relation directe avec les organes impliqués.

Les mécanismes d’entretien et de réparation dont nos organismes disposent vont, dans la majorité des cas, « faire le ménage » et restaurer la mobilité des organes.

En cas d’insuffisance ou d’échec dans le processus de correction, entrent alors en jeux ces mécanismes de compensation qui, à votre insu, seront utilisés pour pallier la situation.

Votre posture, votre gestuelle vont évoluer jusqu’à restaurer et préserver l’équilibre tissulaire des organes impliqués. Les légers troubles initialement ressentis vont progressivement, partiellement ou totalement disparaître.

Quelque temps plus tard peuvent apparaître des tensions au niveau lombaire ou sacro-iliaque par exemple.

Leur apparition peut être spontanée ou faire suite à ce qu’alors nous avons tendance à appeler « un faux mouvement » !

C’est en réalité la situation préalablement dégradée par la compensation qui nous expose au blocage !

Dans le premier cas, lorsque les patients viennent consulter, ils ont généralement suivi un parcours médical qui permet d’éliminer les pathologies ne relevant pas d’une prise en charge ostéopathique. C’est souvent en deuxième intention qu’une consultation chez un ostéopathe est envisagée.

L’interrogatoire constitue un moment important, permettant de retrouver l’origine possible des troubles. Le lien entre un été à la montagne et ses randonnées par exemple ne s’impose pas d’emblée. Il est possible de retrouver un souvenir, une information mettant sur la piste. Cette recherche est utile dans un cadre préventif afin d’éviter les récidives.

Dans le deuxième cas, les patients consultent pour une lombalgie, une pubalgie, une bursite ou encore une tendinite, conséquences de la compensation. Quelle n’est pas leur surprise de découvrir que tous ces symptômes découlent en fait d’une fixation latérale de la vessie par exemple !

Le traitement

L’ostéopathie étant une médecine manuelle s’attachant à la qualité des mouvements de toutes les structures du corps, le praticien cherchera à déterminer les zones fixées, potentiellement responsables des troubles ressentis.

Le bilan des tensions et des fixations, objectivées par des tests de mobilité tissulaire, conduira à un protocole de prise en charge définissant les priorités.

Inutile de libérer une articulation tant que l’origine viscérale supposée de la dysfonction est présente !

La mobilisation douce, précise et parfois ferme des tissus impliqués restaurera la liberté de mouvement de ces derniers. Savoir respecter les informations données par le patient (douleurs, réactions neuro-végétatives, répercutions à distance, etc.) nous guidera dans le dosage de ce travail.

Les corrections doivent être objectivées par la levée des blocages initiaux (viscéraux)et induits (ostéo-articulaires).

Il est parfois nécessaire (lésions anciennes ou très verrouillées) de finaliser la correction des articulations par quelques manœuvres de mobilisation.

Dans tous les cas, la signature d’une correction de qualité sera la restauration du mécanisme respiratoire tissulaire (MRT) local et/ ou général!

Explications

Nos tissus (plus précisément le conjonctif, nous parlons également de fascias et il y en a quasiment partout) sont animés d’un mouvement qui leur est propre (c.-à-d. indépendant des autres rythmes communément connus : cardiaque et respiratoire…) !

Huit à dix fois par minute et de façon ininterrompue, les fascias se tendent et se relâchent, mobilisant l’ensemble de notre organisme ainsi que les liquides contenus (hors circulation artério-veineuse et lymphatique). Cette dynamique tissulaire est l’outil principal utilisé par notre corps pour entretenir et libérer ses structures et leurs fonctions ; il s’agit du MRT.

La main entraînée du praticien ressent cette activité des tissus. Guidée, elle en fait la lecture, déterminant les désordres présents. Les corrections sont à chaque instant corrélées à la réaction des fascias.

Les critères de qualité du MRT sont :

  • Le rythme 8 à 10 mvts/min ;
  • L’amplitude ;
  • La puissance.

Il faut reconnaître qu’il est difficile d’objectiver le MRT tant sa perception et son usage demandent pratique et expérience. C’est cependant un outil précis et efficace qui guide quotidiennement le travail des ostéopathes.

Privés de nos évasions, de nos terrains de jeux habituels par le confinement indispensable à la maîtrise de la pandémie que notre planète traverse, il me semble utile, dans la perspective heureuse d’une liberté retrouvée, de modifier certains de nos comportements… À méditer !