L’hypothermie, pathologie spécifique de la SaintéLyon

L'hypothermie, pathologie spécifique de la SaintéLyon
L’hypothermie, pathologie spécifique de la SaintéLyon

Bientôt 68 éditions pour la Asics SaintéLyon, monument de l’histoire de la course à pied en France. Le mythique raid nocturne entre Saint-Étienne et Lyon, doyenne des courses d’ultra, est devenu un véritable phénomène et la plus grande course nature de l’Hexagone en termes de participants (15 000 en 2021). Trail et course sur route à la fois (65 % de sentiers et 35 % de bitume), la Asics SaintéLyon est le rendez-vous culte de fin de saison de trail running. Elle envoûte littéralement tous ceux qui y participent, en solo ou en relais, à travers 8 formats de course (de 13 à 156 km) entre deux grandes métropoles. Un défi à relever qui a son lot de blessures et de pathologies spécifiques, comme l’hypothermie qu’il faut savoir anticiper au maximum.

Par Anne Odru avec le docteur Patrick Basset, directeur médical chez Dokever

Agir contre le froid

Parmi les pathologies les plus fréquentes en trail, on compte les problèmes ostéo-articulaires (entorses…), les plaies et problèmes de pieds, les problèmes du tube digestif et l’hypothermie.

Course hivernale en pleine nuit, la SaintéLyon peut se révéler difficile à gérer au niveau de la température corporelle ; c’est pourquoi il faut bien se préparer et se munir contre une potentielle hypothermie, surtout en cas de blessure et d’immobilisation sur le parcours.

« Lors d’une chute, il faut intervenir très vite pour éviter le refroidissement de la victime », explique le docteur Patrick Basset. « C’est pourquoi nous tenons à sensibiliser les participants avant la course et mettons à leur disposition des vidéos afin de les éduquer sur les risques d’hypothermie et comment les éviter.

En cas de blessure, il faut continuer de courir tant qu’on le peut, c’est le meilleur moyen de garder son corps à une bonne température sans trop se refroidir. Il faut également pouvoir se changer en intégralité et enlever ses vêtements mouillés par la transpiration. Si jamais on ne peut pas repartir à cause d’une blessure trop importante, il faut mettre une couverture de survie sous la couche de vêtements secs et s’envelopper la tête pour éviter la perte de chaleur en attendant les secours. Il faut également s’isoler du sol, en s’asseyant sur son sac à dos par exemple. Il existe deux types de couvertures de survie, une fine et une épaisse, il faut se munir des deux. »

Garder la tête chaude

Le verglas peut être présent sur le parcours, les chutes sont donc fréquentes dans les endroits les plus froids de la course. Ces zones sont souvent difficiles à approcher pour les secours, c’est pourquoi il faut être très vigilant et agir au mieux pour ne pas rester immobile dans la neige en cas de chute. « Les gants sont bien évidemment indispensables et il faut bouger sans cesse doigts et orteils. Il y a eu beaucoup d’engelures sur ce type de course car les coureurs sont constamment en activité, meilleure prévention contre le froid. Le corps est bien fait et a tendance à réguler sa température pour éviter l’hypothermie grave (au-dessous de 32 degrés). Tant qu’il y a frissons et tremblements, c’est que le corps lutte et n’a pas atteint le seuil critique. Alterner course et marche peut être une bonne chose, il faut juste bien se remettre à courir lorsque le froid se fait ressentir. Les signaux naturels suffisent à vous prévenir, il faut juste écouter son corps ! »

Attention également à la gestion des liquides ! Le docteur Basset tient à rappeler que, « en cas d’hyperthermie, boire froid ne refroidit pas alors qu’en cas d’hypothermie, boire chaud réchauffe ! C’est une notion très importante qu’il ne faut pas négliger, c’est pourquoi je conseille vivement de boire de la soupe qui réchauffe et apporte du sel en même temps. C’est une bonne manière de faire augmenter la température centrale du corps ». 

Protéger vos yeux

« Je recommande à tous les participants de porter des lunettes transparentes, même si la course se déroule de nuit afin de protéger les yeux des vents forts et du grésil. Il faut absolument lutter contre le syndrome de la cornée blanche qui peut évoluer très rapidement et devenir grave. Après une heure en plein vent et dans la grêle, on peut souffrir d’une opacité au niveau de l’œil jusqu’à la cécité, ça va très vite ! »

Triathlète aventurière - Journaliste du sport et sportive - Formation scientifique en sciences de la nature et de la vie - Rédactrice en chef adjointe