Lombalgie: le repos n’est pas le traitement!

Lombalgie: le repos n'est pas le traitement!
Lombalgie: le repos n’est pas le traitement!

La lombalgie de l’adulte se définissant par une douleur dans le bas du dos est un problème majeur de santé publique. C’est un symptôme répandu puisque, selon les études, environ 4 personnes sur 5 souffriront de lombalgie commune au cours de leur vie et plus de la moitié de la population française a eu au moins un épisode de mal au dos dans les douze derniers mois. C’est un motif fréquent de consultation au 2e rang pour la lombalgie aiguë (moins de 4 semaines d’évolution) et au 8e rang pour la lombalgie chronique (plus de 3 mois d’évolution).

  Par le docteur Christine Geoffroy-gangloff, médecin du comité départemental FFRandonnée Val-de-Marne

Les lombalgies représentent 20 % des accidents du travail et 7 % des maladies professionnelles avec une durée moyenne des arrêts de 2 mois pour les accidents du travail et de 1 an pour les maladies professionnelles (soit près de 11,5 millions de journées de travail perdues avec un coût de plus d’un milliard d’euros par an). Le retentissement sur la qualité de vie du fait de son caractère volontiers récidivant et la potentielle évolution vers la chronicité s’accompagnent régulièrement d’une restriction de participation à la vie sociale et professionnelle.

Le passage à la chronicité des lombalgies aiguës est de l’ordre de 10 % mais les lombalgies chroniques représentent 70 à 90 % des coûts directs et indirects. Les lombalgies chroniques sont la 1re cause d’années de vie passées avec incapacité. Elles représentent en France la première cause d’invalidité avant 45 ans et la troisième cause tous âges confondus.

La lombalgie chronique

Selon le modèle psychosocial développé, elle est un syndrome douloureux multidimensionnel qui prend en compte les interrelations entre les aspects biologiques, psychologiques et sociaux. Le syndrome douloureux chronique aboutit par kinésiophobie (« peur du mouvement ») à un syndrome de déconditionnement qui se traduit par une désadaptation physique de tous les organes mais aussi mentale, psychique et socio-environnementale à l’origine d’une auto-aggravation aboutissant à la spirale de chronicisation.

Les croyances erronées (« lombalgie = repos », « activité physique = aggravation »), la douleur et les comportements non appropriés vis-à-vis de la douleur font régulièrement obstacle à la pratique d’une activité physique régulière et d’exercices physiques adaptés pourtant essentielle à la prise en charge de tous les stades de la lombalgie et à la prévention des récidives.

À l’inverse, en cohérence avec les recommandations, le maintien ou le retour rapide à une activité physique sont fortement encouragés dès le début des douleurs pour favoriser la guérison. L’activité physique et les exercices adaptés peuvent être prescrits par le médecin en fonction des préférences et des motivations des patients.

Pratiquez adapté !

Leur pratique peut se faire dans des cabinets de kinésithérapie, des clubs de sport ou des Maisons Sport-Santé. Le réseau des Maisons Sport-Santé poursuit son déploiement conformément à l’engagement et au travail conjoint du ministère des Sports et du ministère des Solidarités et de la Santé. Des programmes multidisciplinaires de réentraînement à l’effort sont proposés dans des centres publics ou privés, la plupart du temps en hôpital de jour. Ces centres permettent des prises en charge pluridisciplinaires par des médecins, kinésithérapeutes, enseignants en activité physique adaptée (EAPA), psychologues, diététiciens… Ces prises en charge ont montré leur efficacité mais elles sont souvent longues (parfois des années) et complexes. Ces programmes multidisciplinaires de réentrainement à l’effort comprennent une prise en charge des composantes physiques, psycho-comportementales et socioprofessionnelles de la lombalgie chronique. La composante rééducative des programmes comprend généralement des exercices de renforcement musculaire et d‘étirement, des activités aérobies et de stabilisation rachidienne. Les thérapies cognitives et comportementales ainsi que l’éducation thérapeutique du patient permettent une amélioration des paramètres psychosociaux et comportementaux.

En conclusion, les effets de l’exercice dans la prévention et le traitement des lombalgies communes sont très bénéfiques dès le début de la prise en charge. L’exercice permet de diminuer l’incapacité et la douleur et d’améliorer la condition physique et le statut socioprofessionnel des patients.