Nos footings consistent à tourner en rond sur un cercle de 1 kilomètre de rayon. Au lieu de découvrir les jolis paysages d’une grande balade, c’est l’occasion de parcourir le long dédale de vos sensations corporelles, de vos émotions et de vos pensées ! Que du bonheur pour votre bien-être et votre santé !
La course à pied, c’est bon pour le cœur et le moral, c’est démontré ! La méditation dite « en pleine conscience » a également scientifiquement validé son efficacité pour lutter contre les maladies cardiovasculaires, le stress et la dépression. Incontestablement, ces deux activités se ressemblent et cette synergie paraît parfaitement indiquée au cours de cette période source d’angoisses sanitaires et économiques et parfois de tensions familiales. La méditation n’a rien d’une discipline sectaire, encadrée par des gourous. Même si elle reste d’inspiration orientale et Bouddhiste, sa version occidentale dite « technique de pleine conscience » est désormais laïque et scientifique. Elle est entrée dans le monde médical depuis les études menées par le professeur Jonn KABAT-ZINN de l’université du Massachusetts. Mathieu RICARD, le moine chercheur, fait partie du « Mind and Life Institute ». Il a facilité les rencontres entre le monde hospitalo-universitaire et le bouddhisme. Mais qu’est-ce que la méditation ? Jeanne SIAUD FACHIN, psychologue renommée, propose une étonnante définition : « Méditer, c’est s’arrêter ! » Rien d’incompatible avec le footing !
MÉDITER, C’EST S’ARRÊTER! ET ALLER COURIR!
Bien au contraire ! Méditer comme courir, c’est s’arrêter de répondre aux multiples sollicitations extérieures pour prendre rendez-vous avec soi-même et se concentrer sur ses perceptions corporelles ! En s’inspirant de la réflexion d’Emmanuel Carrère issue de son ouvrage intelligent et souriant « Yoga », nous pourrions suggérer : « La méditation, c’est tout ce qui se passe dans mon mental pendant que je cours ».
LA MÉDITATION, C’EST TOUT CE QUI SE PASSE DANS MON MENTAL QUAND JE COURS !
Mon expérience de médecin du sport prenant en charge des hyperactifs du boulot et du sport m’amène à vous donner ma version : « La méditation, c’est s’apaiser sans s’épuiser ». Une explication physiologique permet d’étayer cette interprétation. Quand un coureur me dit : « J’ai besoin de mon footing pour rompre avec le stress de mes responsabilités professionnelles » ; il m’énonce un processus biologique. Les hormones de la stimulation corporelle propre à l’exercice physique sont identiques à celles des tensions psychiques. Il s’agit notamment de l’adrénaline. À la fin de l’effort, pour enclencher la récupération, l’organisme fait machine arrière et libère les neuromédiateurs du repos ; en l’occurrence l’acétylcholine.
MÉDITER, C’EST S’APAISER SANS S’ÉPUISER !
C’est pour cette raison que notre coureur stressé apprécie la sensation relaxante qui suit son entraînement. C’est même le seul outil dont il dispose actuellement pour accéder à plus de calme ! La méditation juste après la séance potentialise ce revirement hormonal. Elle freine le système nerveux dit « sympathique » et active le « parasympathique ». Ainsi, le joggeur qui médite après l’effort accède à encore plus de sérénité ! Ces quelques pas sont essentiels pour notre coureur hyperactif. Sur son chemin, avec les années qui passent, il constate qu’il n’a plus la force de faire autant de sport, qu’il n’a plus suffisamment d’énergie pour accéder à si peu de quiétude. Et l’apaisement se paye au prix de l’épuisement !
MÉDITER, C’EST ACCUEILLIR LA RÉCUPERATION ET APPRIVOISER L’OISIVETÉ !
Surentraînement sportif, burn-out professionnel et dépression de la maturité sont des frères biologiques. Le sportif doit aussi apprendre à se reposer sans être envahi par l’anxiété de l’inactivité ! Cette réflexion nous inspire alors une autre définition bien adaptée à cette période de confinement : « La méditation, c’est accueillir l’oisiveté, c’est apprivoiser l’ennui»
Dans son best-seller, « Méditer jour après jour », le psychiatre Christophe ANDRE insiste : «la méditation est une pratique éminemment corporelle ». En effet, elle nous apprend à accueillir toutes les sensations issues de notre organisme : la respiration, la position, le toucher, les tensions musculaires. De nouvelles conceptions permettent d’y ajouter les perceptions issues de nos fascias, ces immenses toiles d’araignées fibreuses qui constituent les haubans et le sac qui structurent et englobent notre corps. Ce grand maillage est truffé de capteurs nerveux et il est logique qu’il nous apporte de multiples informations. Nous sommes finalement assez proches de la notion du schéma corporel inhérente à la pratique sportive. Contrairement à la relaxation, la pratique n’invite pas forcément à modifier ces sensations même désagréables, juste à les accepter tout en les diluant parmi d’autres. Voilà qui rappelle le compétiteur éprouvant de la difficulté voir des douleurs mais qui s’efforce de finir son épreuve ! La méditation nous suggère de vivre l’instant présent et tous ces petits moments de bonheur véhiculés par nos sens : un rayon de soleil à travers les feuilles, une douce brise sur notre visage, le bruissement des graviers sous nos pas, le chant d’un oiseau, le goût d’un raisin sec quand la fringale nous taquine ! Incontestablement, la joie ressentie dans ces circonstances est amplifiée au cours d’un footing. Loin des plaisirs artificiels, la course nous permet de renouer avec nos besoins fondamentaux : soulager sa faim, sa soif et sa fatigue !
La course à pied : une pratique éminemment spirituelle !
Au cours de votre footing, votre esprit est à l’écoute de votre corps. L’accueil des sensations ventilatoires constitue la première étape des protocoles de méditation. Il en est de même lors de l’initiation à la course. Il faut toujours commencer en « aisance respiratoire ». Cette période de pandémie bouleverse nos valeurs pour y faire prédominer la santé ; cette perception de facilité dans nos poumons acquiert alors une valeur symbolique qui nous fait sentir la notion de bienveillance et de compassion propre à la méditation.
Progressivement, il est judicieux d’accélérer un peu pour atteindre « l’intensité santé » vantée par les cardiologues. À cette vitesse, votre rythme respiratoire est tel que vous pouvez « parler mais pas chanter ». Les plus aguerris connaissent les perceptions d’un « essoufflement léger » lors d’un travail continu au « seuil » ou d’un « essoufflement net et croissant » à l’occasion d’une séance fractionnée en « dynamisation du seuil ». Ces subtiles variations sont parfaitement analysées par les plus expérimentés sans l’aide de leur cardiofréquencemètre, ils sont parfaitement reliés à leur souffle !
Le scanner corporel est un point clé de la progression en méditation. Il consiste à rechercher l’ensemble des sensations venues du corps, notamment les positions articulaires.
Là encore, nous sommes très proches des perceptions du coureur concentré sur sa foulée. En plein effort, il analyse le déroulé de son pied, améliore son geste, travaille ses appuis entre ornières et pierriers ! Cette finesse de perception des mouvements articulaires est à rapprocher du « sens du train ». Ceux qui pratiquent depuis des années sont capables de vous indiquer à 0,2 km/h près quelle est leur vitesse !
Vivre l’instant présent et accueillir les « petits moments de bonheur perçus par nos sens » constitue l’un des grands plaisirs du footing. Anne VILET, médecin du sport et coureuse de fond dit se sentir en « communion avec la nature ». Comme si elle méditait, elle chemine sur la route de la « conscience globale ». Elle semble percevoir qu’elle fait partie du « tout » ! Pareille aux forêts et aux ruisseaux, elle se sait poussière d’étoile !
Le méditant assis est fréquemment invité à se comparer à une montagne. Il est encouragé à se sentir fort et stable malgré le vent, la pluie et les tempêtes. Voilà qui ressemble étonnamment à l’ultra trailer gravissant les pentes humides et glissantes, acceptant les intempéries pour mener à bien son parcours !
Alors, si la méditation vous tente, il est hautement probable qu’elle parviendra à affiner vos perceptions et votre technique sportive. Si vous ne souhaitez pas essayer, continuez à courir en pleine conscience de vos sensations corporelles, en profitant de l’instant présent et des petits bonheurs croisés en chemin, cela n’en sera que meilleur pour votre santé !
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