Séance longue, COVID long et vaccin long.

Séance longue, COVID long et vaccin long
Séance longue, COVID long et vaccin long

Jean-François a 36 ans. Il pratique le trail et le triathlon. Il aime quand c’est long ! Il décrit avec bonheur la plénitude éprouvée à l’occasion de ses grosses sorties dominicales sur les chemins pentus ou les routes vallonnées. Il me parle de sa sérénité dans l’après-midi qui suit, quand il savoure l’apaisement de son corps et de son esprit alors qu’il bouquine et somnole sur le canapé.

Il vient me voir pour un tendon d’Achille qui le taquine. Pas de drame ! Son entraînement croisé va le sauver ! Il va réduire légèrement la course notamment à vitesse élevée et sur le relief.  Il va augmenter le vélo et il pourra même fractionner un peu pour conserver le cardio. Entre temps, la nature, aidée d’un peu de kiné et de quelques compléments alimentaires, va s’occuper de son tendon et il pourra guérir ! Mais, en fin de consultation, il me pose la question du moment :

« Docteur Que pensez-vous de la vaccination contre la COVID ? ».

Je vais vous faire une réponse de médecin du sport car je ne suis ni virologue, ni épidémiologiste et encore moins homme politique ! Alors, je vais vous parler avec mes connaissances et mon expérience de praticien en cette période particulière. Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai vu de nombreux sportifs assidus et très en forme sérieusement infectés ! Pas de forme grave en soins intensifs, non ! … Bien que mes collègues réanimateurs m’aient raconté quelques anecdotes de ce type … Non, j’ai vu des COVID longs, épuisants et compliqués chez des athlètes affutés !  Si l’activité physique régulière a démontré son efficacité pour stimuler l’immunité, il n’en n’est rien concernant l’entraînement intensif !

Ah bon ! Et pourquoi ?

En fait, on sait qu’à l’occasion de 30 minutes à une heure d’effort en relative aisance respiratoire, de nombreux globules blancs et beaucoup d’anticorps passent dans le sang et boostent notre vigilance contre les intrus. Ce phénomène se prolonge environ 2 jours expliquant, une nouvelle fois, l’intérêt de 3 entrainements hebdomadaires. Et, puisque le célèbre généticien, Theodus Dobzhansky a dit : « En biologie rien n’a de sens si ce n’est en regard de l’évolution », on peut imaginer que cette réaction évitait une infection au chasseur du paléolithique après avoir couru dans les ronces ou pris un coup de griffe en combattant avec un prédateur. Mais, il n’en est pas de même si l’effort se prolonge, s’intensifie ou se répète. Cette fois, le mécanisme s’épuise. Les réserves de lymphocytes et d’immunoglobulines diminuent … et l’athlète fatigué est aussi quelque peu immunodéprimé ! Alors, préparation chargée et séances longues pourraient favoriser les COVID …

Mais à quoi ressemble un COVID long chez un sportif ?

Cette phase chronique correspond très probablement à ce qu’on nomme une « inflammation de bas grade ».  L’organisme reste irrité car il persiste soit quelques virus disséminés, soit des protéines virales contre lesquels le corps de défend. On peut d’ailleurs émettre l’hypothèse que ces grosses molécules sont synthétisées à partir d’ARN viral résiduel ou de l’ADN correspondant incorporé dans notre génome. On côtoie alors le concept de maladie auto-immune et notre organisme se défend probablement contre lui-même. Et ce processus peut survenir même en cas de forme bénigne. L’inflammation envahit particulièrement le système nerveux central. D’abord tout proche du nez et de la bouche par où il est entré. C’est l’origine de la perte de gout et de l’odorat bien connue. Il gagne les zones voisines de la base du cerveau. Cette zone originelle autrefois appelé « encéphale reptilien » assure la vie instinctive notamment les rythmes respiratoires et cardiaques. Du coup le sportif est pris de brusques accès d’essoufflement, souvent déclenchés par l’effort mais sans lien avec son intensité ! Ces phénomènes tiennent d’une mauvaise régulation et ne sont pas en rapport avec l’état des poumons. Bien souvent, ces derniers restent un peu œdémateux mais pas du tout fibreux comme après de long séjour en réanimation ! Heureusement ! Des mécanismes irritatifs voisins touchent les neurones dévolus à la modulation de la fréquence cardiaque. Le cœur bat la chamade et devient même irrégulier au moindre trottinement. Et, le cardiofréquencemètre témoigne de cette anarchie ! Le sportif est inquiet ! Et souvent, il ne parvient plus à s’entraîner …

Le cœur n’est-il pas lui-même affecté ?

Ça arrive ! Mais c’est rare. La membrane qui entoure le cœur, le péricarde, est parfois inflammé. On parle de « péricardite ». De façon plus exceptionnelle, le muscle lui-même est en souffrance. Il s’agit d’une « myocardite ». Dans tous les cas que j’ai rencontré et que nous avons bilanté avec le cardiologue, rien de cela ! Classiquement, le COVID long tient de la mauvaise régulation. En revanche, les autres muscles du corps peuvent rester affectés longtemps. Mes patients me racontent qu’à l’occasion de leur footing, pendant de longues semaines, ils sont souvent perclus de courbatures et marchent comme des Playmobil. Sans compter qu’ils sont bien plus fatigués qu’à l’accoutumé !

Et comment expliquer cet épuisement ?

L’inflammation généralisée y contribue fortement. Comme si votre corps vous disait, je dois lutter contre un microbe ou une agression tissulaire, garde ton énergie pour cette mission ! Les concepts de la médecine évolutionniste s’imposent encore dans cette interprétation. On peut aussi imaginer que l’irritation cérébrale affecte l’activité des zones cognitives ou perturbe les centres de la vigilance. Un autre mécanisme émergent au sein des théories scientifiques. Des études récentes ont été réalisées dans le cadre d’autres infections sources de fatigue chronique. On pense par exemple à la mononucléose ou à la maladie de Lyme. Il semble que les ARN messagers cassent les mitochondries, ces petits organites cellulaires spécialisés dans la production d’énergie. Tous les organes sont alors affectés notamment les muscles et les neurones.

Jean-François : Oui, j’ai des copains qui ont du mal à se concentrer !

Bien sûr ! Un tennisman m’a expliqué qu’il ne parvenait plus à retenir les scores au cours du match, un coureur m’a dit qu’il cafouillait pour transcrire ses temps de passage en vitesse alors qu’il gérait tout ça aisément auparavant. Et comme tous deux ont des boulots d’ingénieurs, ils n’étaient pas au top durant des semaines ! Les zones cérébrales affectées à la régulation de l’humeur et de l’émotion sont également concernées. Les études montrent que 30% des sujets atteint de COVID feront dans les mois qui suivent des troubles anxieux ou dépressif. Il ne s’agit pas que d’un syndrome psychologique réactionnel à la pandémie mais bien d’un processus neurologique surajouté. Et, parmi mes CSP + hyperactifs socialement peu affectés par la crise, mais surfant toujours entre surentraînement et burn-out, un petit COVID n’a rien arrangé à leur moral et à leur stress ! Bref, il vaut mieux avoir déjà des anticorps ou des lymphocytes mémoires en embuscade quand on croise ce coronavirus SARS COV2. Soit on l’évite soit on fait une forme beaucoup très bénigne …

Donc vous conseillez le vaccin ?

Oui bien-sûr ! Les craintes autour du vaccin reposent sur la probabilité de survenue d’une maladie auto-immune. Le mécanisme serait le suivant. L’ARN messager se transforme en ADN grâce à une enzyme spécifique appelée « transcriptase reverse ». L’ADN obtenu sincère dans nos propres chromosomes. Il est alors régulièrement retranscrit en ARN messager puis traduit en un fragment de protéine SPIKE. Ce dernier migre à la surface de la cellule et sollicite notre système immunitaire. Globules blancs et anticorps se mettent alors à attaquer les organes de notre corps porteurs de cette protéine n’appartenant à l’espèce humaine ! Voilà pour l’hypothèse physiopathologique ! Que faut-il en penser ? D’abord, ce phénomène se produit exceptionnellement … mais il existe ! L’intégration de patrimoine génétique microbien fait même partie de notre évolution ! On doit, par exemple, l’existence des mammifères à l’incorporation d’un ADN viral chez les ovipares. En effet, s’il existe un corps étranger habituellement accueilli dans l’organisme, c’est bien le fœtus ! A 50%, son patrimoine génétique est différent de celui de la maman ! Eh bien, cette protéine virale permet la tolérance du placenta et de l’embryon ! En son absence, notre maman aurait pondu un œuf pour ne pas détruire son enfant à coup d’anticorps ! Et, nous serions nés en brisant la coquille ! Une protéine virale qui réduit l’attaque des globules blancs et des immunoglobulines … un phénomène rigoureusement opposé aux maladies auto-immunes ! L’anecdote est suffisamment jolie pour être mentionnée !

Mais, l’incorporation de matériel génétique microbien est parfois délétère ?

Oui bien-sûr ! Le risque de formes graves liées à l’âge ne provient pas que du manque de vigilance du système immunitaire. Bien au contraire, la deuxième phase de la COVID est un emballement de l’inflammation alors que la quantité de virus diminue largement. En effet, chez le senior, il existe un « bruit de fond inflammatoire » très probablement provoqué par les nombreuses infections croisées tout au long de la vie. Du patrimoine génétique microbien intégré à ces multiples occasions serait traduit à minima en protéines étrangères et rendrait particulièrement susceptible et hyper réactif le système immunitaire des anciens ! Dans « Dépasser Darwin », un ouvrage paru bien avant la pandémie, le professeur Raoult explique parfaitement ce phénomène inéluctablement associé à l’évolution transversale par échanges de gènes.

Les personnes âgées sont plus sensibles à l’inflammation ?

Oui ! Et cet état de fait se manifeste même en traumatologie du sport. Les séniors actifs font plus volontiers des poussées d’arthrose. A l’occasion d’un surmenage ponctuel, ils rappent un peu leurs articulations, décrochent de minuscules copeaux de cartilages … et les globules blancs arrivent sur place pour nettoyer et provoquent un gonflement. Cette digestion des fragments tourne vite à l’autodestruction si on ne parvient pas à juguler cet emballement. C’est dans ce contexte que les infiltrations constituent un véritable traitement parfaitement adapté. Les plus jeunes font plus volontiers des surutilisation moins inflammatoires et on a tendance à prescrire plutôt des injections de produits lubrifiants ou des plaquettes.

Et, le vaccin provoque quand même une inflammation ?

Bien sûr, il existe une réaction post-injection. Le plus souvent elle est locale, dans le muscle de l’épaule. De plus, il est vrai qu’on a décrit d’exceptionnelles myocardites post-vaccinales, spontanément résolutives. Mais en aucun cas, on a constaté d’augmentation des morts subites d’origine cardiaques sur les terrains de football professionnel après vaccination. La désinformation qui circulait à ce propos provenait d’un article israélien particulièrement fallacieux. Le journaliste avait fait le compte des décès sur les terrains de foot en 2020 pour le comparer aux chiffres de 2021 … après vaccination … toutes disciplines confondues ! L’auteur avait logiquement trouvé une augmentation ! Il n’y a pas que le foot dans la vie ! La FIFA a d’ailleurs réfuté ces données erronées et confirmé que ces drames ne s’étaient pas accrus ! Quoi qu’il en soit, après une vaccination, il est recommandé au sportif de cesser ses entraînements quelques jours. A haut-niveau, il doit se contenter d’un travail technique ou en aisance respiratoire. Et, même chez les pros, en cas de courbatures ou de fièvre, le repos est impératif ! Quoi qu’il en soit, l’infection virale … la vraie, celle provoquée par un microbe au complet … constitue un facteur favorisant validé de la mort subite d’origine cardiaque chez l’individu jeune. Tout se passe comme si les courbatures perçues dans les muscles étaient identiques dans le cœur. Et, en cas de sollicitations excessives, il peut faire une crampe … avant de s’arrêter ! C’est la mort subite ! A moins, qu’il soit seulement victime de claquages à l’origine de cicatrices fibreuses … elles-mêmes sources de battements cardiaques irréguliers, invalidants, pour la vie entière ! Bref, en cas de virose notamment face à la COVID 19 même bénigne, le repos sportif s’impose pendant environ 10 jours !

Donc, l’inflammation du vaccin est bien moins violente que celle de l’infection … comme le risque de complication immunitaire est bien moindre !

Bien-sûr ! L’aspect quantitatif est un argument clé en faveur du vaccin ! Vous avez bien compris que la probabilité d’intégration d’un ADN étranger dans le génome humain augmente avec le nombre d’ARN messager.  Alors, personnellement je préfère quelques milliers dans une seringue injectés dans mon épaule que des milliards dispersés dans tout mon corps à l’occasion d’une infection généralisée ! Sans compter que le vrai coronavirus possède six protéines différentes et autant de type d’ARN messagers codant pour chacune d’elle … On multiplie encore la probabilité d’incorporation dans nos chromosomes … et peut-être même le risque de maladies auto-immunes … dont certaines peuvent ressembler à des COVID LONG ! Bref, tout ça pour vous dire que j’ai vu plusieurs coureurs et triathlètes très en forme défoncés par de COVID LONG … mais aucun victime de VACCIN LONG !

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