Bien choisir sa chaussure de golf

Comment bien choisir sa chaussure de golf?
Comment bien choisir sa chaussure de golf?

La chaussure de golf n’est pas seulement un effet de mode ou un élément du dress code, bien qu’elle le fût à ses débuts, sport de gentlemen oblige. Aujourd’hui, nous sommes loin de cette époque, où les hommes jouaient avec une élégante chaussure de ville qui, bien qu’elle fût améliorée par quelques clous, ne devait pas être des plus adaptées à notre activité sportive. Car oui, le golf est un sport et nécessite une chaussure technique et spécifique.

Par Arnaud Ducret, podologue Paris, référent FFGolf, membre de la Commission Médicale Nationale

Pourquoi bien choisir sa chaussure de golf est important?

Un parcours va amener le joueur pendant 4 à 6 heures à faire une dizaine de kilomètres fragmentés de marche et de gestes techniques (swing et putting) dans des conditions de terrains et de climats variés, parfois difficiles et en toute saison. La boue, l’herbe, le sable, les trous, les dévers, l’eau, ou encore un terrain sec et dur, autant d’éléments qui feront obstacle et mettront potentiellement en péril l’intégrité du corps humain.

La chaussure de golf moderne est réfléchie, designée, analysée puis conçue selon des critères biomécaniques précis. Les équipementiers collaborent avec des grandes universités et  des laboratoires de recherche, afin de répondre aux exigences de contraintes du jeu moderne, de confort et de performance.

Mais comme tout le monde est différent, nous ne pouvons nous doter des mêmes chaussures de golf. Les pieds et les morphologies varient d’un individu à l’autre, les index ne sont pas les mêmes, tout comme vos objectifs personnels. Les conditions de jeu varient selon les parcours, plus ou moins accidentés, selon les conditions climatiques. Autant de paramètres qui feront de vos besoins, des besoins autres que ceux de vos compagnons de jeu.

Ainsi, il existe de multiples critères de choix et tout comme les clubs, un fitting de la chaussure de golf s’avère indispensable, faute de quoi des contraintes sur le pied peuvent se faire ressentir et par réflexion venir gêner aux étages supérieurs comme les chevilles, les genoux, les hanches ou bien encore le rachis, altérant votre niveau de jeu et pouvant rendre des plus désagréables vos parcours. C’est irritant d’avoir mal ; le golf, bien que souffrance mentale à bien des égards, devrait rester agréable sur le plan physique.

Tout d’abord le confort de votre chaussure de golf

Evitez l’achat compulsif sur la Toile et privilégiez le conseil avisé de votre revendeur spécialiste et de votre podologue. Il faut absolument essayer les chaussures et se sentir bien dès que vous les enfilez.

La moindre gêne ne fera que s’amplifier au cours du parcours et pourra en plus altérer votre swing. Ne partez pas du principe que les chaussures se feront avec le temps.

Il sera donc impératif d’observer et de mesurer votre pied. L’utilisation d’un pédimètre, outil de mesure équipé d’un baromètre, permettra de quantifier la longueur et la largeur du pied et déterminera avec exactitude la pointure. Réalisez cette première « analyse » avec des chaussettes techniques spécifiques elles aussi à la pratique du golf, si possible en fin de journée lorsque le pied est le plus fort. Mettez-vous au maximum dans les conditions de jeu pour parfaire votre choix.

Une mauvaise pointure par exemple pourra être à l’origine d’hématomes, de cors et autres ongles incarnés.

Aussi, mal adaptée, si elle n’est pas toujours la cause directe d’une blessure, elle peut être un facteur aggravant d’une pathologie déjà existante comme un hallux valgus, des métatarsalgies, une maladie de Morton, une aponévrosite (douleur de la voûte plantaire et du talon) ou bien encore d’une tendinopathie.

Sachez que environ 70 % des gens utilisent une mauvaise pointure, la bonne taille étant environ un bon centimètre de plus que l’orteil le plus long. Des études montreraient une progression de performance de 6 à 20 % pour des utilisateurs avec des chaussures bien adaptées.

La mesure doit également se faire en largeur. 40 % des chaussures seraient soit trop étroites, soit trop larges.

Si vous avez l’avant du pied large, que vos orteils ne trouvent pas leur place, privilégiez une chaussure à bout rond par exemple. Ou encore, si vous avez le pied fin, optez pour une chaussure dont le bout sera plus étroit car, trop « flottante », elle sera à coup sûr source de conflits et d’irritations, vos orteils se crisperont et vous ne la supporterez pas sur 18 trous.

Une pointure bien adaptée permettra la flexion convenable de l’avant-pied, en arrière des orteils, garantissant le bon déroulé du pied à la marche comme dans le swing et ajoutera au confort.

De bonnes sensations vont avec un bon ajustement et une chaussure bien ajustée améliore le confort, réduit les frictions et les glissements.

Dès lors que vous connaissez vos paramètres morphologiques, il vous faudra choisir une chaussure stable avec une accroche adaptée.

La stabilité va être indispensable afin d’optimiser votre geste, le rendre constant, maintenir l’intégrité articulaire et prévenir les blessures du membre inférieur ou du rachis.

Ainsi, la partie arrière de votre chaussure (ou contrefort) se doit d’être rigide, ne laissant pas le pied s’écraser ou votre talon basculer en dedans ou en dehors.

Le système de laçage participe également au maintien correct et à l’ajustement. Il en existe de différents types et formes qui doivent permettre d’adapter le volume chaussant à la forme du pied, que vous ayez une arche normale, plate ou plus creuse, un pied large ou fin.

Avec ou sans crampons ?

La science et le feedback des meilleurs joueurs du monde permettent de définir les positions optimales et la forme des crampons afin d’optimiser les sensations et la traction.

Pour faire son choix, on pourrait dire que les spikeless conviennent mieux à des terrains secs et sont plus polyvalentes. Les crampons, quant à eux, conviennent pour des terrains plus humides, plus gras ou pour des joueurs cherchant plus d’accroche. C’est selon.

Et si vous vous décidez pour des crampons, n’oubliez pas de les faire tourner et de les remplacer régulièrement tous les 6 mois minimum, évitant ainsi de créer des usures asymétriques, à l’origine d’instabilités et de douleurs des talons.

Mais faut-il choisir une chaussure souple qui sera plus confortable ou une chaussure plus ferme qui sera plus stable ? Faites le choix du compromis, trop de mou vous rendra instable et moins efficace musculairement. Le dur améliorera la performance et la proprioception, mais sera plus difficile à supporter si vous enchaînez les parcours. Cette option sur la dureté se fera en fonction de votre endurance, de vos sensations et de vos objectifs de performances.

Dernier conseil pour bien choisir votre chaussure de golf

Plus votre pied est rigide et « creux », plus vous pourrez vous orienter vers une chaussure souple. Un pied plat, moins tonique, sera plus efficace dans une chaussure ferme. Cela reste encore subjectif en fonction de votre notion de confort.

Quoi qu’il en soit, un bon ancrage du pied au sol est primordial, notamment pour le travail de l’avant-pied et la stabilisation de l’arrière-pied afin de développer un swing efficace, puissant et régulier comme l’a montré le magnifique travail réalisé par l’équipe du Laboratoire de biomécanique des Arts et Métiers (Pr P. Rouch et Dr M. Bourgain) et exposé aux Journées de biomécanique du golf.

Une bonne accroche limitant le risque de glissement sera le garant de la bonne exécution d’un geste fluide, efficace et régulier.

Bien choisir ses chaussures, c’est aussi penser aux diverses conditions climatiques que vous aurez à affronter tout au long de la saison. Il est donc important d’avoir une chaussure avec une bonne imperméabilité lorsqu’il pleut ou que les conditions sont humides, et une chaussure plus respirante lorsque vous jouez par un temps plus chaud. L’idéal, comme vous l’aurez compris, est donc d’avoir au moins deux types de paires de chaussures.

Comme autres facteurs orientant votre choix, on pourra suggérer le poids de la chaussure et la hauteur du talon.

Considérer le poids de la chaussure en fonction des besoins, de l’âge et du sexe est important. La réduction du poids aide à diminuer la fatigue, mais attention, car trop légère, elle n’offre pas toujours une résistance suffisante.

La hauteur postérieure (talon) de la chaussure peut être intéressante pour moins solliciter vos mollets et diminuer la charge sur votre dos.

Pour cela, il est intéressant de faire un check-up avec votre pro et votre podologue afin d’évaluer votre posture car la variation de hauteur de semelles peut perturber votre swing, vous positionnant trop sur les talons ou trop sur l’avant du pied à l’adresse.

Une fois que vous avez trouvé les chaussures idéales, pensez à bien les entretenir afin de leur conserver le plus longtemps leurs propriétés, évitez de les laisser dans le coffre de la voiture où elles subiront les coups de chaleur. Changez de paires pour les laisser respirer et évacuer la transpiration. Ainsi, vous en assurerez une bonne hygiène.

Si, par malheur, vous êtes blessé ou en proie à un doute, n’hésitez pas à prendre avis auprès de spécialistes du pied (podologues), qui seront à même réaliser un bilan stato-dynamique, de vous conseiller sur les différents types de chaussures et d’adapter éventuellement des semelles de confort ou bien de correction.

La chaussure de golf