La tendinite du bassin: la tendinite de la ménopause

La tendinite du bassin: la tendinite de la ménopause
La tendinite du bassin: la tendinite de la ménopause

A cette période charnière de la vie, le corps de la sportive devient plus fragile. La tendinite du bassin constitue l’une des blessures les plus fréquentes et invalidantes. Explications, stratégies thérapeutiques et conseils préventifs !

En jargon médical, cette lésion porte le nom de « tendinopathie proximale des ischio-jambiers ». Il s’agit d’une souffrance du point d’insertion des masses musculaires descendant à l’arrière de la cuisse.

Ces muscles s’accrochent sur les ischions, les protubérances osseuses situées en bas de l’os du bassin, ils rejoignent ensuite l’arrière du genou. Leur contraction provoque la flexion du genou et surtout l’extension de la hanche.

Ils sont particulièrement sollicités lors la phase de propulsion en course à pied, appelée aussi « foulée postérieure ». Ils sont également mis à contribution à vélo, à l’occasion de la remontée active de la pédale automatique.

Enfin, ils sont étirés et les insertions sont parfois irritées, en stretching, en body combat ou dans d’autres activités de fitness chorégraphiques. Les IRM prescrites dans ces circonstances permettent d’analyser les tissus concernés.

Cette zone de transition voit les fibres musculaires se transformer en cordelette tendineuse et cette dernière s’amarrer dans l’os. On constate alors que, le plus souvent, les lésions prédominent dans l’os et s’apparente à une fracture de fatigue. Voilà qui explique qu’elle survienne préférentiellement au moment de la ménopause.

Quels sont vos symptômes ?

Le plus souvent, vous faites de la course à pied. Parfois, vous pratiquez le fitness. La ménopause pointe le bout de son nez. Vous approchez de l’âge auquel elle est survenue chez votre maman. Vos cycles sont plus longs ou plus irréguliers.

Parfois, vous découvrez les bouffées de chaleur appelées « symptômes climatériques » par les gynécologues. Vos enfants sont grands et prennent de l’autonomie. Voilà qui vous libère du temps mais suscite aussi quelques questionnements existentiels. Bref, vous devez vous occuper, prendre soin de vous et vous fixer de nouveaux challenges.

Alors, vous augmentez le sport !… Vos séances de footing deviennent plus longues et plus nombreuses.  À l’occasion d’une de vos sorties, vous avez mal au voisinage du pli fessier.

Parfois, la douleur est bilatérale, mais plus fréquemment vous souffrez du côté de la jambe d’appui. Je vous rappelle que nous sommes tous asymétriques. Les droitiers sont adroits de la jambe droite. Ils frappent dans le ballon avec le pied droit et sont donc plus forts du membre inférieur gauche sur lequel s’appuie le poids du corps.

Bref, si vous êtes droitière, il est logique que vos blessures prédominent à gauche, le côté qui pousse plus.  La gêne irradie volontiers dans la cuisse car les muscles ischio-jambiers sont victimes de contractures, comme s’ils se figeaient pour ne pas être sollicités. Au début, vous ressentez une douleur à l’échauffement, puis elle disparaît. Plus tard, elle revient en fin de jogging.

Quelques semaines après, elle vous accompagne sur tout votre trajet. Enfin, vous êtes gênée dans la vie quotidienne, tout particulièrement quand vous êtes assise sur un siège dur ! Sur votre fauteuil de voiture, vous ne tenez pas en place et balancez d’une fesse à l’autre !  À l’examen, votre médecin retrouve une douleur lorsqu’il étire vos ischio-jambiers, genou tendu et hanche fléchie vers l’avant. 

Vous souffrez encore plus lorsque, simultanément, il vous demande de plier votre genou. À la palpation, il est souvent difficile de vous faire mal. En effet, la lésion est profonde et fréquemment localisée en profondeur de l’os. Mais en appuyant des deux côtés, vous percevez bien qu’il existe une différence de sensation.

La radiographie du bassin ne montre rien de particulier car les lésions osseuses ne sont pas suffisantes. L’échographie est souvent prise à défaut, car les tendons ischio-jambiers sont loin de la peau et de la sonde d’exploration. L’intérieur de l’os est invisible, car ce tissu bloque les ultra-sons utilisés. L’IRM constitue l’examen complémentaire le plus performant.

L’imageur peut y déceler une irritation, voire une lésion du tendon ou de son point d’accrochage. Surtout, il parvient à détecter un œdème dans la profondeur de l’os. Cette inflammation caractérise l’existence de fissures microscopiques au sein des travées osseuses. Ce n’est pas encore une fracture de fatigue, mais la prudence s’impose.

Garder la forme, c’est aussi se soigner ! 

Pour être efficace, il faut prendre en charge l’ensemble des facteurs favorisants. Le premier est mécanique, il s’agit d’un surmenage récent. Le second est plus biologique, il est représenté par la fragilisation de vos tissus inhérente à l’âge et au climat hormonal. L’arrêt sportif complet n’est que très rarement nécessaire.

En effet, la blessure est survenue, car le tendon et l’os ne parvenaient pas à assumer les contraintes de votre activité. Tout stopper reviendrait à les déconditionner encore plus profondément. Pour favoriser une cicatrisation optimale, il est même recommandé de solliciter ces structures au voisinage de leur solidité du moment, non loin du seuil douloureux.

Les tendons et leur point d’accrochage sur l’os sont particulièrement mis à contribution lors des freinages articulaires, typiquement lors de la réception d’une foulée. Dans ces conditions, l’os part dans un sens et le muscle tire dans l’autre. Le tendon et son insertion sont comme écartelés. Pour éviter ce travail dit « excentrique », il faut pratiquer des activités où les articulations ne font que pousser.

C’est le cas du vélo ou de l’elliptique. Le premier impose de rester assis sur les ischions. En théorie des douleurs peuvent survenir. En pratique, on constate que cette activité est aisément tolérée, car chaque appui sur les pédales décomprime d’autant votre bassin.

De surcroît, vous pouvez alterner avec un peu de travail en danseuse. L’elliptique ne pose aucun problème. Par chance, le mouvement est plus proche de la course à pied. Ainsi, les gains de force et les améliorations énergétiques seront plus aisément transférés vers votre sport de prédilection.

Bien sûr, il vous est possible de nager, mais sachez que le crawl avec palmes se révèle parfois douloureux lors de la remontée de la jambe. De fait, vous pouvez vous concocter un programme de cardio-training complet. En cas de lésion du tendon et en l’absence de douleur, n’hésitez pas à décliner les entraînements fractionnés dont vous avez l’habitude. Les cours de biking du type RPM sont même les bienvenus. Le week-end, de grandes balades à vélo font aisément office de sorties longues et faciles.

Ces sollicitations mécaniques n’abîment pas le tissu en cours de régénération. Au contraire, elles permettent d’orienter les fibres dans l’axe des contraintes et favorisent l’obtention d’un tendon plus solide. On parle de « mécanisation de la cicatrice ». Si l’IRM montre une souffrance osseuse, l’augmentation de l’acidité sanguine favorise le délitement des cristaux de calcium.

Dans ces circonstances, les séances provoquant la production de beaucoup d’acide lactique sont à éviter. Le travail fractionné que vous avez réalisé sur piste ces dernières semaines a probablement contribué à fragiliser votre os et à faire le lit de votre blessure.

En revanche, les sessions continues de 15 à 30 minutes au voisinage de l’essoufflement sont recommandées. À cette intensité, appelée « seuil ventilatoire », votre corps apprend à recycler l’acide lactique tout en évitant l’élévation de sa concentration sanguine. Ce type d’entraînement réduit la composante « biochimique » de votre blessure, stimule la consolidation et prévient la récidive.

Cet entraînement varié constitue un point clé pour éviter la survenue de cette blessure. Classiquement, il est bon de programmer les séances dures sur elliptique. L’utilisation des bras augmente la consommation d’oxygène et le travail cardiaque. La transmission des forces grâce à l’implication des abdominaux obliques fait office de gainage fonctionnel. Dans le même esprit, de temps à autre, il paraît opportun de faire votre sortie longue à vélo.

Enfin, un autre point clé de la prévention mérite d’être mentionné. Il est politiquement incorrect mais scientifiquement pertinent. Ne faites pas trop d’étirements ! Cette zone mal vascularisée est fragile.  Vous pratiquez la course de fond, pas la danse classique ! Inutile de viser une souplesse de contorsionniste ! Prudence lors des cours de stretching, de yoga ou de Pilates que vous programmez en complément !

Le traitement médical et la rééducation : prudence et individualisation !

Les œstrogènes sont les hormones anabolisantes de la femme au même titre que la testostérone chez l’homme. Au voisinage de la ménopause, les sécrétions ovariennes diminuent et les tissus osseux et tendineux peinent à se reconstruire quand ils sont agressés par un surmenage mécanique. Si vous êtes victime de cette blessure, une mesure de la densité osseuse peut s’avérer intéressante.

L’ostéodensitométrie permet de rechercher une ostéoporose. Malgré une activité sportive régulière, votre os est parfois fragile. C’est souvent le cas lorsque, en pleine période de croissance, vos règles se sont arrêtées pour cause de sport intensif et de troubles du comportement alimentaire.

Dans cette configuration, un avis gynécologique se montre pertinent afin de penser à un traitement hormonal substitutif à dose filée et pour une durée limitée. Des compléments nutritionnels à base de soja et de trèfle rouge peuvent également être envisagés. Ces plantes contiennent des molécules qui ressemblent aux hormones ovariennes.

De fait, elles restent contre-indiquées en cas d’antécédents de cancer du sein ou de l’utérus et nécessitent un suivi médical. Autour de la ménopause, l’altération insidieuse de l’appareil locomoteur est responsable d’une inflammation chronique à bas bruit.

Les Anglo-Saxons utilisent une astuce phonétique pour décrire de phénomène, ils parlent d’inflammaging. Les concentrés de curcumine et de gingembre jugulent en partie ce processus. Ils ne jouent pas sur les mêmes réactions chimiques que les anti-inflammatoires traditionnels, ils peuvent être utilisés sur de longues périodes sans faire mal à l’estomac.

Il faut surtout apporter de la vitamine D et des précurseurs des tissus osseux et tendineux. Il s’agit essentiellement du calcium et du silicium. On peut ajouter du collagène et de l’acide hyaluronique. Le lithothamne est une algue réalisant naturellement des concrétions calcaires. Il est connu pour favoriser la formation de l’os. Cette plante est particulièrement alcaline, elle limite le délitement osseux favorisé par la production d’acide lactique lors des entraînements intenses.

Bien sûr, l’alimentation constitue votre première médecine ! C’est Hippocrate qui l’a dit ! Le message officiel mentionne les produits laitiers. Les fruits et les légumes contiennent aussi beaucoup de calcium et tamponnent l’organisme. La rééducation est souvent utile. L’expérience montre qu’elle est surtout indiquée en cas de lésion tendineuse. Dans ces circonstances, il est bon de masser énergiquement la zone abîmée pour stimuler les processus de cicatrisation.

Les ondes de choc procèdent du même esprit. Après avoir assoupli la cicatrice anarchique, il est d’usage de réaliser des étirements et des contractions musculaires au voisinage du seuil douloureux pour aligner les fibres dans l’axe des contraintes mécaniques.

En cas de souffrance osseuse, ce tissu rigide tolère moins bien ces méthodes de mécanisation. Il est plutôt fréquent de le laisser consolider plus tranquillement. De la physiothérapie douce incluant du laser ou du Técar parvient parfois à initier un soulagement. Ainsi, patience, compléments nutritionnels, rééducation et adaptation de l’activité sportive soulagent la majorité d’entre vous. Si tel n’était pas le cas, d’autres options thérapeutiques seraient envisagées.

Classiquement, il est d’usage de proposer une infiltration de corticoïde. Cette substance puissamment anti-inflammatoire apaise les douleurs. Elle assouplit les cicatrices … jusqu’à les fragiliser en dégradant les protéines qui les constituent.

Ainsi, la rupture tendineuse est la complication rare mais redoutée de cette modalité de traitement. Les injections de PRP apparaissent comme plus logiques et plus efficaces. PRP signifie « plasma riche en plaquettes ». Ces dernières sont les petites cellules qui s’agglutinent en cas de plaie. Elles forment un « clou tissulaire » et regorgent de facteurs de croissance boostant la réparation tissulaire.

Votre médecin procède à une prise de sang. Il centrifuge le prélèvement et récupère la hauteur correspondant à vos plaquettes. Enfin, sous échographie, il les réinjecte dans la fissure ou la désinsertion tendineuse. Cette colle biologique attire vos cellules souches circulantes.

Ces dernières bénéficient d’un patrimoine génétique totalement disponible, elles savent tout faire ! L’ensemble de ces propriétés favorise la formation d’un tissu cicatriciel de qualité, adapté à sa mission mécanique.  Le repos strict ne dure que 10 jours. Au cours des 6 semaines qui suivent, vous enchaînez vélo, elliptique puis trottinement. À 3 mois, vous renouez avec la course rapide, le fractionné et la compétition. 

Attention aux confusions!

La « tendinite haute des ischio-jambiers » ressemble à d’autres blessures. Les médecins parlent de « diagnostics différentiels ». En cas d’erreur, le traitement ne sera pas adapté et les douleurs vont perdurer. Une douleur de fesse qui irradie parfois dans la cuisse laisse penser à la compression du nerf sciatique provoquée par une hernie discale.

On peut aussi évoquer le « syndrome du pyramidal », une contracture d’un muscle fessier qui coince le nerf sciatique. Il s’agit d’éliminer aussi une souffrance de l’articulation entre le sacrum et le bassin qui survient parfois lors de certains rhumatismes. Quant à une authentique fracture de fatigue des ischions, il s’agit plus d’un « niveau de gravité différent » que d’un « diagnostic différent ».


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