Comment reprendre l’activité physique après une maladie?

Comment reprendre l’activité physique après une maladie?
Comment reprendre l’activité physique après une maladie?

Comment reprendre l’activité physique après une maladie? Voilà un sujet important! Si l’activité physique est aujourd’hui reconnue comme un des piliers essentiels de la santé, au même titre que le sommeil ou la nutrition, elle est hélas encore trop souvent négligée par les médecins, souvent par désintérêt et surtout méconnaissance. Et dans les suites d’une pathologie ayant entraîné un arrêt plus ou moins prolongé de l’activité, les conseils se bornent en général à proposer l’abstention ou le repos plutôt qu’une reprise ou une activité bien conduite. S’il est des situations où la reprise ne pose aucun problème spécifique, d’autres nécessitent une réflexion approfondie pour que l’activité reprenne de façon régulière et bénéfique pour la santé, et en toute sécurité.

  Par Eric Meinadier, directeur médical FFC

La pathologie bouscule nos habitudes, notre métabolisme, notre équilibre corporel, nos capacités, nos performances, notre motivation… Cela est vrai pour toutes les pathologies, de la virose hivernale aux affections chroniques lourdes – par exemple insuffisance cardiaque, respiratoire ou rénale, cancer, maladie rhumatologique, neurologique, infectieuse, etc., avec bien évidemment des conséquences variables en fonction des cas.

Dans chaque situation particulière, la question des modalités de reprise de l’activité physique doit être posée.

Dans le cadre des maladies chroniques, l’activité physique est aujourd’hui considérée comme un médicament, adjuvant au traitement conventionnel, tant il a été démontré qu’elle avait un rôle majeur sur la maladie, son évolution, son pronostic, les symptômes inhérents aux traitements ou à la pathologie elle-même – notamment la fatigue, les douleurs, les troubles de l’humeur associés… Elle est donc absolument nécessaire, mais la pratique doit être raisonnée et adaptée.

Ici n’est pas le lieu de brosser au cas par cas différentes maladies et les modalités de reprise d’activité physique spécifiques à chaque situation, mais plutôt d’essayer de dégager au mieux des principes généraux qui, s’ils sont appliqués, permettront une reprise à la fois sécurisée, plaisante, et adaptée à la situation et à la personne.

D’autre part, la réflexion concerne ici le retour à la pratique du vélo, mais sans omettre quelques messages importants concernant les problématiques générales d’autres activités. En effet, le vélo est probablement l’outil le plus adapté à la reprise d’activité physique, dont la pratique dite « portée » est globalement très protectrice, notamment pour nos articulations – le vélo est d’ailleurs le premier outil utilisé en rééducation et en reconditionnement à l’effort. Mais l’adepte du vélo, quels qu’en soient le niveau et le type, croise souvent son activité avec d’autres pratiques impliquant différemment l’appareil locomoteur, et il y a lieu d’étudier le problème sous un angle plus large.

Faut-il arrêter son sport quand on est malade?

Avant l’après, il y a le pendant. Et la réponse est… oui… et non !

De façon générale, dans toute situation aiguë, le repos est nécessaire. N’épuisons pas l’énergie dont le corps a besoin pour se défendre contre la maladie. Cela est évident lorsque nos fonctions vitales sont menacées, en réanimation ou en soins intensifs, ou même lors d’une hospitalisation simple. Mais le maintien d’une activité minimale, brève et à faible intensité reste, si elle est possible, bénéfique pour notre santé.

Le vélo pratiqué sans intensité – notamment en moulinant sans résistance sur home-trainer ou vélo d’appartement, la marche, quelques exercices simples de renforcement musculaire et d’assouplissement permettront de maintenir un peu notre capacité cardio-respiratoire, notre masse musculaire, nos amplitudes articulaires, notre coordination… sans danger.

Indépendamment des pathologies graves ou chroniques, le club de cardiologues du sport recommande l’abstention de toute activité intensive en cas de fièvre et dans la semaine qui suit un syndrome grippal (fièvre, courbatures).

Y a-t-il lieu de faire un bilan médical lors de la reprise après une maladie?

Reprendre une activité sportive après une maladie

La phase aiguë est passée ! Après une sortie d’hospitalisation, après une intervention, après un traitement difficile, il est temps de reprendre ! Mais dans quelle mesure peut-on reprendre sans danger ?

Tout dépend d’abord de la pathologie et des séquelles inhérentes à cette dernière.

Sur le plan cardiologique, par exemple, certaines pathologies vont contre-indiquer tout effort intensif. Ce volet est probablement le plus important : le risque cardiologique maximal est le risque de mort subite ; il est évident qu’il doit être évalué le cas échéant.

D’autres pathologies pourront entraîner diverses limitations, notamment musculo-squelettiques ou neurologiques qu’il faudra prendre en compte.

Ensuite, la nature des traitements mis en place peut entraîner divers effets indésirables ayant un impact sur l’activité physique :

  • Risque de troubles du rythme cardiaque, ou de réponse cardiologique inadaptée à l’exercice (citons ici par exemple les médicament bêta-bloquants largement prescrits en cardiologie qui limitent l’accélération de la fréquence cardiaque à l’effort) ;
  • Risque de développer des tendinites (par exemple, les traitements antibiotiques par fluoroquinolones sont fréquemment prescrits mais redoutables pour nos tendons) ;
  • Risque de vertiges ou de troubles de l’équilibre, d’hypotension, d’hypoglycémie, etc. aux conséquences potentiellement graves à vélo.

Et tout dépend évidemment aussi du risque inhérent à l’activité pratiquée.

Risque cardiaque et risque musculo-squelettique sont à évaluer au cas par cas. Après un accident vasculaire cérébral, on ne se pose pas les mêmes questions s’il s’agit de reprendre ses 20 minutes de vélo d’appartement quotidien, le cardio-training à haute intensité, la sortie de 100 km du dimanche, le VTT de descente ou le BMX !

Dans quelle mesure faut-il réaliser un bilan médical avant la reprise

Notons en première intention que les pathologies infectieuses banales ne posent pas de réelles questions, la reprise d’une activité intensive progressive peut se faire sans question à 8 jours après la fin des symptômes – notamment fièvre et courbatures dans les suites d’un syndrome grippal.

Notons aussi qu’une activité de faible intensité et n’engageant pas de risque de chute n’est quasiment jamais contre-indiquée. C’est le cas de la pratique du vélo d’appartement ou du home-trainer qui sont de formidables outils de reprise.

Mais beaucoup de maladies ont des conséquences particulières, et les différentes activités ont des contraintes spécifiques. Le sujet devrait être systématiquement abordé avec les médecins.  Si le médecin habituel – médecin traitant ou médecin spécialiste, est peu familiarisé avec le sujet, la consultation d’un médecin du sport devrait être proposée.

La première étape d’une consultation de reprise d’activité physique est d’évaluer un risque cardiologique potentiel ; la deuxième est d’évaluer d’éventuelles limitations nouvelles à la pratique.

Il est parfois nécessaire de réaliser des examens complémentaires (notamment cardiologiques – électrocardiogramme, échographie cardiaque, épreuve d’effort…).

Ensuite, le but est d’apporter les bons conseils pour une reprise adaptée et sécurisée de l’activité, parfois pour réorienter le type de pratique. Le médecin peut éventuellement orienter le patient vers différents réseaux ou spécialistes locaux – par exemple Maisons Sport-Santé, kinésithérapeutes, enseignants en activité physique adaptée…

Quels sont les principes pour une reprise sportive réussie?

Passé la question d’une éventuelle contre-indication de l’activité, ou d’une adaptation spécifique, il y a lieu de mettre en œuvre une stratégie de reprise. Il paraît évident qu’on ne part pas pour un record de l’heure sur piste le lendemain de son retour à domicile après une hospitalisation d’un mois, ni pour une sortie en montagne de 180 km !

Pendant la maladie, avec l’arrêt de l’activité, l’organisme se désadapte et perd les qualités acquises et maintenues lors de l’activité pratiquée régulièrement auparavant.

Certaines activités douces ne demandent pas d’adaptation spécifique, mais lorsque l’activité exige de l’endurance, de la force et peut entraîner des risques de chutes ou de traumatismes importants – ce qui est le cas du vélo, il y a lieu en général d’aménager la reprise, afin notamment d’éviter les blessures qui pourraient survenir en rapport avec le déconditionnement et la perte des qualités spécifiques nécessaires à la pratique, ainsi que les traumatismes aigus sur une pratique non maîtrisée.

Le maître mot de la reprise est : PROGRESSIVITÉ.  La remise en charge doit être suffisamment progressive, sur le plan à la fois qualitatif et quantitatif, pour ne pas entraîner de blessure, et laisser le temps aux structures sollicitées – cœur, muscles, tendons, os, cartilage… de se réadapter aux contraintes exigées par l’exercice.

Il vaut mieux redémarrer trop doucement que de repartir bille en tête et de s’arrêter à cause d’une blessure qui mettra des mois à guérir !

Par exemple, c’est particulièrement vrai pour ceux qui pratiquent la course à pied en parallèle du vélo, activité bénéfique mais extrêmement traumatisante si les règles de bonne pratique ne sont pas respectées. Mieux vaut reprendre l’entraînement par des sessions brèves de faible intensité de quelques minutes en alternance avec de la marche ou du vélo, que de repartir d’emblée pour des longues séances rapides, à haut risque de blessure.

Quels sont les signes qui doivent faire arrêter la pratique et consulter un médecin?

Tous nouveaux symptômes à l’exercice doit alerter. La plupart sont bénins, mais il faut au cas par cas adopter une bonne ligne de conduite.

Il faut porter une vigilance toute particulière aux symptômes évocateurs d’anomalie cardio-respiratoire :

Douleur thoracique

La grande majorité des douleurs ressenties dans la poitrine sont bénignes. Cependant, toute nouvelle douleur non reconnue doit faire penser à un accident cardiaque (infarctus du myocarde notamment) et doit entraîner une consultation rapide. Rappelons ici qu’une douleur inhabituelle et prolongée doit faire appeler le 15 sans hésitation, au moins pour avis, et pour prise en charge immédiate le cas échéant.

Essoufflement inhabituel

Il est normal de s’essouffler à l’effort, et il est normal d’être plus essoufflé qu’auparavant lors de la reprise. Mais lorsque l’essoufflement ressenti est très important et déconnecté de la réalité de l’exercice, d’autant plus si la récupération est longue après arrêt de l’activité, il faut consulter. Et si l’essoufflement ne disparaît pas malgré l’arrêt complet de l’exercice, il faut appeler le 15.

Malaise

Tout malaise inhabituel doit faire appeler le 15 pour avis.

Palpitations

Les palpitations sont une perception inhabituelle du rythme cardiaque dans la poitrine, rapide et/ou irrégulier. Elles sont souvent celui d’un trouble du rythme transitoire, banal et bénin. Mais elles sont parfois le signe d’un évènement cardiaque grave. L’apparition de palpitations inhabituelles à l’effort doit faire consulter, et si elles persistent ou sont associées à un malaise, un essoufflement ou une douleur thoracique, il faut appeler le 15.

Ensuite, il faut prêter attention aux symptômes de l’appareil locomoteur, douleurs ostéo-articulaires ou musculo-tendineuses.

Toute douleur doit être prise en compte. Il est normal de ressentir des gênes ou des petites douleurs. Si la reprise est suffisamment progressive, ces sensations doivent disparaître et ne pas se pérenniser. De façon simple, il ne faut pas poursuivre l’activité génératrice de douleur si celle-ci semble s’installer. Quelques jours d’arrêt de stimulation de la zone douloureuse (cela n’interdit pas toute activité !) règlent souvent le problème, et si la douleur se pérennise, il faut bien évidemment consulter.

Petit guide pour une reprise sportive réussie dans les suites d’une maladie

1 – Je pose la question à mon medecin

Ma pathologie et son traitement peuvent-ils entraîner une contre-indication ou une limitation de mon activité sportive habituelle ?

2 – Je réalise un bilan spécifique accompagné(e) par mon médecin si cela est indiqué

C’est à mon médecin de décider ou de m’orienter vers le spécialiste adéquat – médecin du sport, cardiologue du sport…

3 – Je reprends progressivement mon activité, en ne négligeant surtout pas les phases d’échauffement et de récupération

PROGRESSIVITÉ : c’est le maître mot de l’entraînement bien conduit, du sport santé au sport de haut niveau. Le corps doit s’adapter aux nouvelles contraintes. Et l’activité physique pratiquée antérieurement devient une contrainte importante après une phase d’arrêt plus ou moins prolongée.

4 – Si de nouvelles limitations apparaissent avec la pathologie, je me fais conseiller par des professionnels de l’activité physique adaptée

Même si je ne peux plus réaliser mon sport favori, il est hors de question de ne plus faire d’activité physique ! Je garde en mémoire que l’activité physique est un adjuvant thérapeutique remarquable dans toutes les pathologies chroniques. Je peux me faire aider par un médecin du sport ou un enseignant en activité physique adaptée pour trouver le meilleur moyen de pratiquer. Je peux aussi m’adresser à une Maison Sport Santé ou au dispositif Sport Santé local – selon mon lieu d’habitation.

5 – Je suis très vigilant sur les symptômes qui pourraient être en relation avec une mauvaise tolérance cardiologique

  • Douleur thoracique inhabituelle
  • Essoufflement inhabituel
  • Palpitations (perception inhabituelle du rythme cardiaque dans la poitrine, rapide et/ou irrégulier
  • Malaise

Le cas échéant, je stoppe l’activité et consulte rapidement.

Toute douleur thoracique inhabituelle doit faire appeler le 15

6 – Je reste à l’écoute de mes sensations.

Je stoppe ou j’amenage transitoirement mon activité en cas de nouvelle douleur de l’appareil locomoteur, et je n’hésite pas à consulter si la douleur ne cède pas rapidement

Laisser une douleur se chroniciser peut grever l’activité à moyen ou long terme. L’arrêt complet est rarement nécessaire, la plupart du temps il est possible de trouver un aménagement satisfaisant de l’activité.

Et après la Covid-19, on fait comment?

Les principes expliqués dans cet article doivent être appliqués !

La reprise est possible de façon progressive 8 jours après la fin des symptômes – en faisant bien attention à l’apparition de nouveaux symptômes à l’effort.

Cependant, beaucoup de patients gardent des symptômes à type d’essoufflement inadapté à l’effort et souvent aussi au repos. D’autres présentent des douleurs ou des problèmes neurologiques. La pratique du vélo est en fait conseillée et largement bénéfique, y compris en pratique intensive, mais celle-ci doit être guidée, et souvent précédée par des examens pour s’assurer de l’absence de danger.

Par exemple, les symptômes peuvent être en réalité liés à une atteinte inflammatoire du muscle cardiaque (myocardite). En cas de suspicion, un bilan cardiologique doit impérativement être réalisé avant de reprendre une activité intensive.