Test d’effort: explications et protocole

Le sport bon pour le cœur
Protocole et explications du test d’effort

Après avoir parcouru des forums consacrés à la course à pied, je pense qu’il est important de répondre à  certaines questions tout à fait légitimes pour éclaircir différents points. Le test d’effort constitue un passage obligatoire pour les sportifs réguliers, qu’ils soient professionnels ou amateurs. Le meilleur moyen d’en savoir plus sur soi pour prévenir d’éventuelles contraintes cardiaques et musculaires, mais aussi pour faire évoluer la performance dans le bon sens.

Docteur Dany Michel Marcadet, cardiologue du sport, consultant FFT et FFG

2 raisons pour réaliser le test d’effort

  1. La première, dépister une maladie cardiaque chez un sujet présentant des facteurs de risques tabac, hypertension artérielle, diabète, cholestérol trop élevé, homme de plus de 35 ans et femmes de plus de 45 ans. Cet examen peut être remboursé par la Sécurité sociale. Dans ce cas, on choisit un protocole court (8 minutes en moyenne) avec de la pente pour « stresser » le système cardio-vasculaire. Ce test doit être impérativement fait par un cardiologue.
  2. La deuxième est à visée sportive. Le protocole choisi se rapproche le plus possible de ce qui se passe sur le terrain sans pente et donc avec des vitesses plus élevées. L’incrément est généralement de 1 km/h toutes les minutes. Il est couplé à une mesure des gaz expirés (VO2) qui nécessite une compétence particulière. Ce test n’a aucune raison d’être remboursé par la SS sauf chez les sujets qui présentent une maladie cardiaque ou pulmonaire. Il peut être réalisé soit par un médecin du sport physiologiste, soit par un cardiologue (indispensable s’il y a une pathologie).

Les contraintes réglementaires

Les contraintes réglementaires sont très strictes et ne dépendent pas du médecin mais des tutelles. Si un médecin facture à la Sécurité Sociale un test sportif, il risque, en cas de contrôle,  non seulement de rembourser l’examen mais également de payer une pénalité.

Dans les établissements de santé, la vitesse des tapis est bloquée à 18 km/h pour des raisons de sécurité.

Les paramètres enregistrés lors d’un test VO2

Lorsqu’une VO2 est demandée, on enregistre 4 paramètres : le volume ventilatoire, la concentration en oxygène (O2), la concentration en gaz carbonique rejeté (CO2) et la fréquence cardiaque. À partir de ces données, on déduit la consommation d’oxygène (VO2) et la production de gaz carbonique (VCO2). L’analyse des données va permettre de déterminer les seuils ventilatoires (SV1 et SV2).

Le SV1 suit de quelques secondes le seuil des lactates et suffit généralement aux entraîneurs pour régler les entraînements. Il faut savoir que ces valeurs sont variables et dépendent de plusieurs facteurs : génétique, âge, taille, poids, niveau d’entraînement, conditions environnementales (lorsqu’il y a plusieurs personnes dans la pièce, le taux de CO2 augmente et la performance diminue). Ces valeurs correspondent donc à un instantané de votre forme ! Il y a aussi une différence entre ces valeurs et la performance. Deux personnes avec la même VO2 peuvent avoir des performances différentes liées à la foulée par exemple. Les programmes d’entraînement proposés à partir de ces données sont de la compétence des coachs.

Maintenance

Les machines sont coûteuses et fragiles. Elles nécessitent une maintenance régulière et une calibration avant chaque examen. Les pneumotachographes sont fragiles et leur précision diminue en fin de vie, c’est-à-dire au bout de 100 à 150 examens. Les valeurs de VO2 peuvent donc être différentes entre le début et la fin de vie du capteur.

Le test VMA sur tapis

Le test VMA sur tapis est difficile à transposer sur le terrain, où les conditions environnementales sont différentes et l’effort plus intense. Elle nécessite un protocole particulier avec un incrément plus faible de 0.5 km/h et produit ainsi un test plus long et donc plus cher. Les tests de terrain sont donc à choisir préférentiellement (VAMEVAL notamment) car plus adaptés.

Les coûts de l’examen

Le coût de l’examen est fixé par la nomenclature des actes CCAM et comprend l’amortissement du matériel et sa maintenance (10 % du prix, environ 70 000 euros), le temps passé, le salaire des intervenants (rappelons qu’il faut être réglementairement deux pour réaliser le test et disposer d’une salle de réanimation en cas de problème) et les risques encourus. La cotation de l’acte est faible et non revalorisée depuis des années (un simple test d’effort aux USA coûte 3 fois plus cher).

L’impact du personnel

L’humeur du personnel enfin est aussi fonction de plusieurs facteurs : l’évènement qui a eu lieu juste avant votre arrivée, la fatigue de la journée et… votre propre humeur ! Lorsque vous avez trouvé le personnel sympathique, c’est que vous avez été vous-même sympathique, on répond plus facilement à un sourire par un sourire.

J’espère que ces quelques signes sont suffisamment clairs pour comprendre les « missfits » fréquents entre le sportif et l’équipe médicale.

Allez, courez bien !