Johanne Defay, championne décomplexée

Johanne Defay, championne décomplexée
Johanne Defay, championne décomplexée

Johanne Defay passe une grande partie de son temps en maillot de bain à affronter les vagues. Surfeuse professionnelle de 29 ans, elle a grandi dans cet élément où il a fallu jongler avec les désagréments dûs au fait d’être une femme. Peu importe les obstacles, Johanne s’est fait un nom sur le circuit en remportant de nombreux titres majeurs et en se qualifiant pour les Jeux de Paris 2024. Sa réussite, elle la doit à son travail et à sa façon d’aborder son quotidien sans se mettre de barrière.

Johanne Defay, Le surf est-il un sport compliqué à appréhender en tant que femme ?

Johanne Defay : Ce n’est pas si compliqué puisque je le pratique et je ne me suis jamais posé la question. Le surf m’apporte beaucoup de choses positives avec le contact de l’océan et de la nature. Être en maillot de bain peut être un peu galère, en tant que femme il faut toujours être « nickel » et faire attention quand on a ses règles à ce que le tampon ne dépasse pas… Pour ça, il y a des solutions avec les boardshorts et les combinaisons qui permettent de s’en défaire tout en étant à l’aise dans l’eau. Les maillots en Lycra sont pratiques également pour que tout reste bien en place dans les vagues ! Il y a beaucoup d’équipements adaptés pour désacraliser tout ça et se sentir bien.

Comment gérez-vous vos cycles et vos entraînements ?

Johanne Defay : Je les gère depuis que j’ai 13 ans lorsque j’ai eu mes règles en pleine compétition… Comme toutes les filles, on doit le vivre d’une manière ou d’une autre. Je me suis adaptée au fur et à mesure. J’ai la chance d’avoir un père médecin et une mère infirmière, donc en parler à la maison était normal. On a toutes le même quotidien, c’est important d’en parler et de ne pas hésiter à demander de l’aide si besoin. Pendant longtemps, je n’ai pas eu mes règles avec un stérilet spécifique, aujourd’hui je reprends un cycle normal et je dois m’y faire à nouveau. J’adapte mon alimentation et mes entraînements selon la période du cycle avec plus ou moins de force et d’endurance car nous n’avons pas les mêmes capacités pendant les règles. Mon compagnon est mon entraîneur et s’intéresse aussi à la question pour adapter mes séances. Je voyage beaucoup sur tout le continent et ça complique encore les choses mais ça fait partie de mon sport et de mon métier.

Quels conseils donnez-vous sur le sujet ?

Johanne Defay : Il faut prendre des notes et se situer dans son cycle, être honnête et en parler à son entraîneur. Ce n’est pas une fatalité, ça n’empêche rien et il ne faut pas sacrifier le sport une semaine par mois parce qu’on est une femme. Il faut s’écouter et savoir qu’on peut être plus fatiguée par moments mais ça ne doit pas empêcher de bouger.

Quel est votre rythme d’entraînement ?

Johanne Defay : Je pars longtemps en déplacement sur les compétitions une bonne partie de l’année. Sur le circuit entre 2 compétitions, ce sont des entraînements dans l’eau majoritairement sans trop forcer pour rester en forme. Quand je suis à la maison à La Réunion c’est donc entre 2 saisons et je me maintiens en forme. Je fais du foncier, de la course à pied, du vélo, de la natation, du yoga… Je passe moins de temps à l’eau avec 2 à 4 entraînements par jour 6 fois par semaine et beaucoup de musculation. Le yoga est un plus pour le mental et mon bien-être.

Johanne Defay
Triathlète aventurière - Journaliste du sport et sportive - Formation scientifique en sciences de la nature et de la vie - Rédactrice en chef adjointe