L’égalité “Homme-Femme” passe par le vélo électrique

L’égalité « homme-femme » passe par le vélo électrique !
L’égalité « homme-femme » passe par le vélo électrique !

À vélo, les hommes roulent plus vite que les femmes ! Encore une inégalité ! Heureusement, cette réalité physiologique est désormais compensée par la technologie ! Grâce au vélo électrique, les deux sexes se déplacent au même rythme et accèdent tout autant au plaisir d’une belle balade champêtre !

L’égalité « Homme-Femme » ! Encore un slogan inadapté ! Ce n’est pas avec une formule de ce type que nous allons parvenir à ce concept si maladroitement décrit! Ainsi, afin de compenser 2 000 ans de suprématie masculine, tout au long de cet article, j’inverserai l’expression et je parlerai d’égalité « Femme-Homme » ! Et lorsqu’un adjectif revendiquera un accord mixte, quand un terme générique sera utilisé, le féminin l’emportera sur le masculin ! Alors, pour éviter les contresens, soyez vigilant !… Euh vigilante !

Une différence de poids !

L’écart de salaires entre les hommes et les femmes pour un poste comparable est d’environ 15 à 20 %. Comme par hasard, l’écart de performance en endurance entre les deux sexes tient du même ordre de grandeur ! Comment l’expliquer ?

Vous le savez, les femmes présentent une teneur en tissu graisseux supérieure à celle des hommes. L’interprétation finaliste consiste à penser que cette réserve de calories permet d’assumer la dépense énergétique inhérente à la grossesse et à l’allaitement. Étonnamment, les études montrent que les règles s’arrêtent et que la fécondité disparaît chez les sportives trop maigres quand les stocks adipeux sont devenus insuffisants pour mener à bien une maternité.

Le corps d’un homme en bonne santé mais peu actif est, en moyenne, constitué de 15 % de graisse, celui d’une femme d’environ 25 %. Chez les sportives de haut niveau, ce chiffre peut descendre aux alentours de 5 et 15 % respectivement. Eh, ce n’est pas clair ? Pourtant, il faut vous habituer ! Je vous aide.

Autrefois cette phrase obscure aurait été : « Chez les sportifs de haut niveau, ce chiffre peut descendre aux alentours de 5 et 15 % respectivement. » Mais puisque nous avons banni les termes génériques masculins pour les remplacer par leurs homologues féminins, c’est avec plaisir que je revendique la première formulation ! Quoi qu’il en soit, l’écart reste toujours de 10 %. Dans la plupart des sports, l’effort à fournir dépend du poids de corps à mobiliser, la prestation s’érode avec les kilos inutiles.

C’est particulièrement vrai en course à pied où chaque foulée est un petit saut qui soulève le centre de gravité de quelques centimètres, environ 8 à 12 km/h. D’ailleurs, dans cette discipline, la performance en endurance est corrélée à la consommation d’oxygène maximum de l’organisme divisée par le poids en kilos. On parle de VO2max pour décrire cette cylindrée de l’athlète.

Je vous invite à remarquer la subtilité concernant le terme générique d’athlète. L’article affublé d’une apostrophe et la terminaison du terme ne revendiquent aucun genre, réduisant ainsi les tensions psychiques de l’auteur et du lecteur… Raté, on dit lectrice ! 

En théorie, le poids ne joue pas quand vous roulez à vélo sur terrain plat. Alors, pour réduire les écarts et accroître l’harmonie, programmez vos balades en couple sur les chemins de halage longeant les canaux ou sur les jolies coulées vertes ayant transformé les petites voies ferrées d’autrefois en ruban d’asphalte horizontal.

Malheureusement, les routes de France sont vallonnées surtout celles qui mènent à des points culminants à l’origine de points de vue inoubliables ! Et dans ces circonstances, les 10 % de poids de différence se soldent par une aptitude énergétique réduite de 10% ! Et le plaisir féminin s’émousse alors que l’homme l’encourage maladroitement, démontrant en sous-titre sa supériorité physiologique !

Bref, puisque l’écart de puissance entre les femmes et les hommes est d’environ 15 %, ces 10 % d’adiposité justifient les deux tiers de la différence. Alors, voyons comment s’explique le tiers restant.

Une différence dans les règles !

L’œstrogène, la principale hormone féminine, stimule le stockage de graisse sur les hanches qui apparaît à la puberté. Il active aussi la synthèse de protéine au sein des tissus musculaires et osseux, tous deux se raréfiant après la ménopause. Cependant, cette hormone se révèle moins puissante que son homologue masculin, la testostérone, pour produire du muscle.

Ainsi, l’homme présente naturellement une masse musculaire plus élevée que chez la femme. Elle se développe également plus aisément à la faveur d’un entraînement assidu. Si le muscle pèse un peu sur la balance, cet inconvénient est compensé par son intérêt mécanique et propulsif.

Bien évidemment, cette prise de poids doit rester raisonnable et elle n’est efficiente que dans les segments corporels participant à la performance. En clair, inutile de faire de la musculation des bras pour grimper le Ventoux plus aisément.

Le muscle contribue aussi à augmenter la consommation d’oxygène, la VO2max ou cylindrée d’endurance de la sportive. En effet, il est traversé par des milliers de petits vaisseaux, gros comme des cheveux et appelés « capillaires. » Les cellules musculaires sont bourrées de centrales énergétiques portant le nom de « mitochondries » qui brûlent activement les sucres et les graisses. De fait, vous comprenez que plus de muscle, c’est plus de débit d’oxygène transporté par le sang et plus de combustion par oxydation. On parle de « composante périphérique » de la VO2max.

Notons aussi que de nombreux muscles participent directement à l’arrivée de l’oxygène dans les masses musculaires actives. Il s’agit tout simplement du cœur et des muscles respiratoires, en particulier le diaphragme. Cette fois, il s’agit de la composante dite « centrale » de la VO2max.

À mi-chemin entre centre et périphérie, on trouve le sang lui-même et ses transporteurs d’oxygène, les globules rouges ! Ces derniers contiennent une protéine, l’hémoglobine, sur laquelle se fixe l’oxygène. Et là encore, la testostérone stimule la production de cette molécule déterminante dans les aptitudes aérobies. Mais la différence de teneur en globules rouges entre les femmes et les hommes s’explique surtout par les pertes sanguines survenant pendant les règles. Voilà qui vous explique pourquoi les sportives de haut niveau victimes d’aménorrhée de surmenage ne cherchent pas toujours à y remédier !

En plus de soulager de quelques douleurs et tracasseries logistiques, cet état biologique augmente la quantité de transporteur d’oxygène dans le sang et améliore la prestation en endurance ! Sans compter que cette réaction de stress hormonal survient à l’occasion d’un état de maigreur avancé qui accroît encore la performance !

Malheureusement, ce statut physiologique s’inscrit comme un prodrome d’un épuisement organique profond, associé à une dégradation tissulaire comparable à une ménopause précoce. Bref, une courte supernova avant l’extinction de l’étoile !

Quoi qu’il en soit, muscle, cœur, diaphragme et surtout globules rouges expliquent 5 à 10 % des écarts de performances d’endurance entre les hommes et les femmes !

>>Lire aussi notre article “Problématique féminine et cyclisme

Le VAE mieux que la chasse et la cueillette !

Si la physiologie nous impose une inégalité « femme-homme », il est normal qu’une société moderne trouve une solution ! Plus que des lois, plus qu’un changement profond des mœurs, notre civilisation propose le VAE ou vélo à assistance électrique.

Autrefois, les peuples primitifs avaient proposé le tandem pour éviter les divorces ! Le raisonnement empreint de scientisme était relativement simple. L’Homme est chasseur. Il dispose d’une vision tunnellaire pour traquer sa proie et projeter sa lance ou ses flèches. Il bénéficie d’une prédisposition sélectionnée par l’évolution pour observer ce qui est face à lui et étudier les trajectoires ! Il sera donc placé à l’avant du tandem !

La femme est cueilleuse et surveille les enfants non loin de la grotte. Pour ne rater aucun fruit et voir les bambins qui virevoltent sur les côtés, elle profite d’une excellente vision périphérique ! Elle prendra spontanément position à l’arrière du tandem ! Elle pourra se satisfaire d’une portion congrue du paysage tant qu’elle apprécie le dos musclé et l’odeur musquée de son mâle protecteur !

Mais à l’aube de ce nouveau millénaire, le concept a vieilli. Même si l’homme n’a pas toujours la sensibilité pour percevoir les transitions émotionnelles chez sa conjointe, même s’il ne voit toujours pas le beurre rangé, légèrement à gauche, dans la porte du frigo, la femme a acquis des aptitudes psychomotrices et managériales ! Elle peut piloter sa machine et décider du parcours ! Proposez-lui un petit moteur et la voilà qui remplace son mari au conseil d’administration du vélo-club de Saint-Flour ! C

e petit moteur, justement, développe environ 400 watts. Ajoutés aux 250 correspondant à la puissance moyenne du sexe féminin, une cycliste équipée d’un VAE retrouve les aptitudes énergétiques d’un pro du Tour de France ! Alors mesdames, sur une belle bosse, n’hésitez pas à encourager votre conjoint comme il le fit à votre endroit pendant si longtemps !

Donnez-lui quelques conseils techniques du genre : « Allez, c’est simple, il suffit d’appuyer plus fort ! » Voilà un juste retour des choses ! En pratique, voici quelques recommandations pour une sortie sereine et plaisante, validée par l’expérience de votre médecin du sport. Pour que l’individu de sexe masculin ne trépigne pas, il est préférable qu’il donne l’allure quitte à ce qu’il reste devant. Sa compagne régule son effort en utilisant le niveau d’assistance. Elle peut, à sa guise, rester en aisance respiratoire ou monter en intensité guidée par ses sensations ou son cardiofréquencemètre.

Les VAE bridés à 45 km/h sont plus adaptés si le « cycliste musculaire » est de bon niveau. En cas de machine limitée à 25 km/h, il est opportun de privilégier du fractionné sur les bosses et de la récupération sur terrain plat… ou de négocier avec votre détaillant afin qu’il débride discrètement l’engin !

Encore quelques pistes pour moduler la balade. L’autonomie habituelle des VAE est de 60 à 90 kilomètres, bien évidemment variable en fonction des niveaux d’assistance réclamés et du relief. Quoi qu’il en soit, il est impossible de partir pour un guet-apens de 150 bornes ! Dans ces conditions, sans frustration ni souffrance, sur de beaux parcours et avec une bonne selle, femmes et hommes goûtent enfin au plaisir de s’entraîner ensemble ! 


UNE SELLE, C’EST MASCULIN !

Les selles de vélo traditionnelles sont conçues pour les hommes. Pour que les femmes apprécient le pédalage, il est impératif de s’équiper d’un modèle spécialement créé pour les femmes. Ces dernières possèdent un bassin plus large que les hommes ; une inégalité biologique et anatomique destinée à l’accueil du fœtus pendant la grossesse. Ainsi, les ischions sont plus éloignés et passent de part et d’autre d’une selle étroite, écrasant douloureusement le périnée !

Une selle féminine est avant tout large en arrière. Elle n’est pas forcément beaucoup plus molletonnée car un excès de mousse a plutôt tendance à venir au contact des zones sensibles. A contrario, une encoche périnéale est la bienvenue car, contrairement aux testicules, les organes génitaux féminins sont dans l’impossibilité de se décaler vers l’avant !  Certaines marques proposent même des becs de selle plus courts ou coudés vers le bas souvent appréciés des femmes.

Enfin, les accouchements par voie basse provoquent fréquemment une bascule et une verticalisation insidieuse du coccyx. Si cette petite déformation reste asymptomatique dans la vie quotidienne, elle peut rapidement devenir douloureuse à vélo. Dans ce cas, une encoche coccygienne située tout en arrière de la selle soulage la cycliste.

LES FEMMES SONT PARFOIS PLUS FORTES QUE LES HOMMES

Il existe des domaines sportifs où les caractéristiques féminines confèrent une réelle supériorité ! Les œstrogènes sont sécrétés par les ovaires et le placenta. Ils permettent d’améliorer l’élasticité des ligaments. Ainsi, l’abdomen parvient à se dilater pendant la grossesse et le dos se cambre plus aisément. Surtout, au moment de l’accouchement, le sacrum, la très grosse vertèbre enchâssée dans le bassin, arrive à pivoter pour laisser passer la tête du bébé.

À distance de la maternité, ces hormones assurent plus de souplesse à la gent féminine qui excelle en danse et en gymnastique. Plus étonnamment, cette caractéristique participe à une meilleure tolérance des efforts de longue durée, notamment à l’occasion des ultra-trails.

En effet, les membranes qui entourent appelées « aponévroses » sont plus souples chez les femmes. Dans les descentes, elles souffrent moins des microdéchirures à l’origine des courbatures. Le surcroît de dépense énergétique inhérent à la grossesse et à l’allaitement met à contribution les réserves adipeuses des hanches. Ce phénomène est emblématique d’une plus grande aptitude à brûler les lipides.

De fait, les femmes économisent leur glycogène musculaire et repoussent plus avant le fameux « mur du marathon ». Elles sont capables de nager, pédaler ou courir plus longtemps à faible intensité ; elles assument plus aisément la demande d’énergie au cours des ultra-trails et des Ironman.

Enfin, vous le savez, les graisses sont plus légères que l’eau. De fait, l’anatomie féminine assure au bassin et aux membres inférieurs une meilleure flottabilité. En nageant, le corps des femmes est plus horizontal que celui des hommes. Les frottements sont limités, la glisse est optimisée !

Le regroupement de tous ces talents vous explique pourquoi Sarah Thomas, une femme de 37 ans, détient le record de traversée de la Manche à la nage ! Elle a enchaîné 4 fois de suite le trajet en 54 heures, dans le froid et les courants, dans la journée et dans l’obscurité, en slalomant entre les tankers et en déclarant à l’arrivée : « Maintenant, je suis fatiguée, je vais me coucher ! » !

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Triathlète adepte du cardiotraining et de la musculation - Médecin du sport - traumatologue du sport - nutritionniste du sport - diplômé en entraînement du sportif - Rédacteur en chef