Commotion cérébrale: recommandations dans la pratique du cyclisme

Commotion cérébrale recommandations dans la pratique du cyclisme
Commotion cérébrale: recommandations dans la pratique du cyclisme

Suite à diverses alertes dans le monde sportif relatives à la prise en charge de la commotion cérébrale, la Commission médicale nationale s’est emparée de ce sujet. Objectif: permettre aux épreuves cyclistes FFC de mieux prendre en charge les commotions cérébrales.

Par le Docteur Hubert BEAUBOIS, Médecin Fédéral Régional

Considérant tous les particularismes de la pratique cycliste (notamment pour celle se déroulant hors stade), la Commission médicale nationale a proposé au Bureau exécutif un protocole de prise en charge des commotions cérébrales, qui a été testé sur certains comités afin d’en évaluer la pertinence avant la généralisation d’un dispositif sur l’ensemble du territoire.

C’est ainsi que le Bureau a décidé en 2019 :

  • De réaliser ce test sur les territoires des comités régionaux d’Occitanie et d’Auvergne-Rhône-Alpes ;
  • Que la période de test s’étende du 01/07/2019 au 30/09/2019 ;
  • Que, à l’issue de cette période, une phase d’évaluation soit effectuée par la Commission médicale nationale ;
  • Qu’il résulterait de cette évaluation une proposition de cette dernière à étudier par le Bureau exécutif en vue d’une application sur toutes les épreuves et tout le territoire à partir de l’année 2020.

Définition de la commotion cérébrale

La commotion cérébrale provoque une perturbation brève des fonctions cérébrales régressant spontanément; elle revêt un grand nombre de symptômes.

Elle est à suspecter lors de toute chute, évènement fréquent sur les épreuves cyclistes.

La perte de connaissance et le KO ne sont présents que dans moins de 10% des cas et les situations d’urgence telles que traumatisme cranio-facial, cranio-vertébral, perte de connaissance prolongée, coma ne seront pas traités dans ce chapitre car elles justifient une procédure spécifique de brancardage et d’évacuation immédiate sur centre hospitalier.

La commotion cérébrale est provoquée par un choc du cerveau contre le crâne à l’occasion d’un coup porté directement ou indirectement à la tête par chute ou collision du coureur, mais aussi par un mouvement de retournement brutal de la tête.

Le port du casque a considérablement diminué la gravité des traumatismes crâniens, mais n’empêche pas la commotion cérébrale.

Les enfants et adolescents sont les plus à risque, ainsi que les féminines; ils mettent plus de temps à récupérer, ont plus de problèmes significatifs de mémoire, de perturbations mentales et sont les plus susceptibles de complications neurologiques.

La Fédération Internationale de Rugby a pris en considération depuis plusieurs années la gravité de la commotion cérébrale et établi un protocole très précis et très strict de prise en charge immédiate et retardée à l’intention des joueurs, dirigeants, arbitres et personnels de santé tenant compte des conditions de pratique qui ont lieu dans un stade.

Notre fédération a réfléchi à valider une conduite à tenir, sachant que contrairement au rugby où l’arbitre arrête la partie et laisse le temps aux soignants de mettre en place le dispositif de prise en charge approprié, en cyclisme, la course continue et les premiers intervenants sur le coureur (signaleur, motard, arbitre, dispositif de secours) devront prendre une décision rapide pour ne pas laisser la course continuer sans sa surveillance médicale, le plus souvent limitée à un médecin et un véhicule de premiers secours labellisé.

Comment reconnaître ou suspecter la commotion cérébrale? 

Comment reconnaître ou suspecter la commotion cérébrale
Comment reconnaître ou suspecter la commotion cérébrale

Les premiers indices peuvent être relevés par les premiers témoins de la chute : signaleurs, motards, arbitres, puis médecin et service de secours.

Document 1 / Indices visibles : ce que l’on peut voir

Si le coureur présente un des indices visibles suivants, le diagnostic de commotion cérébrale est avéré.

Commotion cérébrale: les indices visibles
Commotion cérébrale: les indices visibles

Attention : Ces symptômes sont le plus souvent passagers et peuvent disparaître rapidement en quelques minutes.

Ce document 1 peut être imprimé par l’organisateur et remis aux différents intervenants : le premier témoin ayant coché une ou plusieurs cases le remettra au service de secours dès que celui-ci sera sur place.

Prise en charge par les services de secours

3 documents différents sont remis (en quantité suffisante) par l’organisateur, au départ de la course au médecin ou au service de secours qui pourront ainsi appliquer des directives simples :

Fiche de Prise en Charge Immédiate

Elle reprend les indices et symptômes amenant à la suspicion de diagnostic de commotion cérébrale, les éléments de surveillance et la décision prise en fin d’épreuve ;

Fiche d’Information Initiale et de Consignes de Surveillance des premières 48 h

Remise au coureur en fin d’épreuve

Fiche de Protocole de Reprise Progressive après une commotion cérébrale

Remise au coureur en fin d’épreuve.

Recommandations

Recommandations relatives à l’information initiale et aux consignes de surveillance des premières 48 h suivant une commotion cérébrale

  • Vous avez subi une commotion cérébrale. Les symptômes que vous avez présentés ont été liés à un dysfonctionnement transitoire de votre cerveau à la suite de votre traumatisme.
  • Un examen médical a été fait et aucun signe de gravité n’a été décelé.
  • Une commotion cérébrale est néanmoins toujours un traumatisme sérieux qui ne doit pas être pris à la légère et demande une prise en charge spécifique.
  • C’est surtout sa répétition qui peut se révéler nuisible pour votre cerveau dans l’avenir, raison pour laquelle il vous est demandé un repos strict sans activité sportive ni intellectuelle pendant les prochaines 48 h :
  • vous ne pouvez pas rentrer seul chez vous après la course. Vous devez être accompagné (e) par une personne de votre entourage dont le nom sera indiqué ci-dessous ;
  • vous n’êtes pas autorisé(e) à conduire votre véhicule jusqu’au lendemain ;
  • reposez-vous et suspendez toute activité physique intense qu’elle soit liée ou non à votre sport pendant au moins 48 h. Évitez les smartphones, jeux vidéo, télévision, lecture, musique et milieu bruyant ;
  • toute consommation d’alcool est interdite pendant 48 h, y compris la bière.
  • ne prenez pas de somnifères, d’aspirine, d’anti-inflammatoires (stéroïdiens ou non), de dérivés morphiniques, ni tramadol, ni médicaments codéinés.
  • Une surveillance attentive est nécessaire pendant les
    24 premières heures pour dépister toute complication, bien que leur survenue soit rare.

Vous ne devez jamais être laissé (e) seul (e), même si vous vous sentez bien. Il est souhaitable que vous ne dormiez pas seul (e) la première nuit.

  • Si vous remarquez au cours de ces premières 48 h un changement de comportement, des maux de tête persistants, des nausées ou des vomissements, une perturbation de votre vision, des vertiges ou une instabilité, une somnolence excessive prévenez immédiatement votre médecin ou un service d’urgences. En l’absence de tout symptôme, l’imagerie (SCANNER…) n’est pas indiquée ; souvent normale, elle ne dispense aucunement de la surveillance ni de la consultation de suivi à 48 h.
  • Conservez le rapport médical initial qui vous a été remis, il constitue le début de votre dossier de suivi de commotion cérébrale.
  • Les conditions de la reprise du sport, entraînement puis compétition, vous seront précisées par le médecin que vous devrez consulter après ces 48 h de repos minimum. Ce délai de repos est obligatoire, aucune dérogation n’est possible.
  • La consultation médicale confirme le diagnostic de la commotion.
  • Elle fait le point sur l’absence ou la présence de symptômes.
  • Elle autorise la poursuite du protocole de reprise progressive.

Chaque étape dure 24 h minimum en l’absence d’apparition de symptôme (et de tout traitement pouvant masquer ce symptôme) chez un majeur. Pour un < 18 ans, la durée de chaque étape sera de 48 h minimum. En cas d’apparition de symptôme en cours d’étape, le coureur doit revenir au niveau précédent et ne reprendre le protocole qu’après une période minimale de 24 h sans symptôme (48 h pour un < 18 ans).

Pour un majeur, il est préconisé que la reprise de compétition après repos et protocole de reprise sans particularités ne se fasse donc qu’au moins deux semaines après la date de la commotion.  Pour les enfants et adolescents (jusqu’à 18 ans) une période de repos complet de 14 jours minimum doit être idéalement respectée avant d’attaquer le protocole et la reprise de la compétition ne se fera qu’au moins quatre semaines après la date de la commotion.

Tout événement inhabituel (récupération prolongée, deuxième commotion dans les 12 mois suivant la première) pourra justifier une consultation chez un neurologue référent avant d’avoir l’aval pour une reprise de la compétition.


Résumé sur la commotion cérébrale lors de la pratique du cyclisme

  1. Le comité régional informe les clubs dès le début de la saison 2019.
  2. Pour chaque organisation, le comité régional fournit à l’organisateur en même temps que l’assurance, la fiche d’indices visibles, la fiche de prise en charge immédiate, la fiche d’information initiale et de consignes de surveillance, et la fiche de protocole de reprise progressive.
  3. L’organisateur imprime en quantité suffisante ces fiches et les remet au départ aux motards, signaleurs et arbitres pour la fiche d’indices visibles, et au médecin ou aux secouristes pour les trois autres (ils devront les compléter en double exemplaire si un cas se présente).
  4. Le médecin ou le responsable des secours signe ces 3 documents en double exemplaire : un exemplaire des 3 fiches est donné au coureur après la course, l’autre exemplaire de ces fiches est récupéré par l’organisateur qui les enverra au médecin fédéral régional.
  5. Le médecin mentionne son intervention sur le document « état de résultat » validé par les arbitres par une information succincte :
    • Absence de commotion cérébrale ;
    • Commotion cérébrale suspectée : retour au domicile avec la fiche d’information et de consignes ;
    • Commotion cérébrale avérée sans signe de gravité : retour au domicile avec la fiche d’information et de consignes ;
    • Évacuation sur centre hospitalier le plus proche.
  6. Le coureur remettra les trois fiches fournies après la course, au médecin qu’il va consulter après 48 h minimum de repos complet ; son entraîneur devra respecter les consignes de ce médecin à chaque étape du protocole.