Maternité et performance sportive

Maternité et performance sportive
Maternité et performance sportive

Roxana MARACINEANU, ministre déléguée chargée des Sports, a eu pour priorité, dès 2019, de tout mettre en œuvre pour favoriser la performance et l’épanouissement de l’athlète dans son projet de vie. Cela passe notamment par une meilleure prise en considération des préoccupations des sportives, notamment de la question de la maternité et la parentalité. 

Par le Ministère des Sports

La maternité, une étape de la vie

On le sait, la maternité et la parentalité constituent un accomplissement personnel puissant. De nombreuses sportives ont repris la compétition après leur congé maternité et ont remporté de nouveaux titres : on peut d’ailleurs lire beaucoup de témoignages sur ce sujet dans la presse, qui s’inscrivent dans un mouvement de société plus vaste où les médias documentent de plus en plus souvent les problématiques liées au corps de la femme, longtemps considérées comme taboues.

Cependant, pour beaucoup de sportives encore aujourd’hui, avoir un enfant pendant la carrière sportive représente une prise de risque et le retour à la performance après une grossesse est considéré comme difficile, voire impossible.

En dépit de tous ces témoignages, positifs pour la plupart, oser intégrer une décision de maternité à son projet sportif demeure compliqué pour une sportive engagée dans un parcours de performance. Les femmes ayant repris une pleine activité de sportives de haut niveau, assortie de résultats, sont encore trop souvent vues comme exceptionnelles ou surhumaines. Il faut considérer une maternité menée pendant la carrière sportive comme une étape possible, qui nécessite soutien et accompagnement, et non comme un événement exceptionnel que l’on ne sait pas trop comment gérer.

C’est pourquoi, à la suite des demandes d’une cinquantaine de sportives de haut niveau réunies par la ministre des Sports, le guide proposé par le ministère chargé des Sports, « Sport de haut niveau et maternité, une alliance possible », vient en réponse à leur souhait d’accompagnement et s’adresse à la fois aux sportives et à leur entourage (sportif, familial et médical). Il est destiné aux sportives engagées dans un parcours de performance, qui ont un projet de grossesse, sont enceintes ou en situation de parentalité et plus généralement à toutes les sportives qui souhaitent s’informer sur la spécificité d’une maternité pendant la carrière sportive.

Bien comprendre la vie de sportive

Pour que cet outil soit le plus proche des besoins réels, une enquête reposant sur un questionnaire a été adressée au printemps 2021 aux sportives de haut niveau âgées de 16 ans minimum, inscrites sur la liste ministérielle des sportives de haut niveau depuis 2016. Cette enquête a été précédée de plusieurs entretiens exploratoires. 

700 sportives ont répondu à ce questionnaire, un plébiscite qui révèle un vif intérêt pour ce sujet. Ce sont des données, des témoignages, des propositions précieuses qui alimentent les propos du guide et les faits qui en découleront.

La décision de maternité pour une sportive de haut niveau a des particularités qui la rendent atypique et peut-être plus difficile que pour une grossesse plus « classique » ; les réponses à la question « quelles craintes associez-vous à l’idée de grossesse ? » posée aux sportives dans le cadre de l’enquête SHN & Maternité en attestent.

Le guide comporte des informations sur les spécificités de la grossesse chez la sportive de haut niveau, notamment sur l’impact particulier des modifications anatomiques, psychologiques et physiologiques induites par la grossesse et sur les bénéfices d’une pratique adaptée pendant la grossesse et après l’accouchement, en vue d’un retour sécurisé à la performance. 

Il s’agit là aussi de déconstruire certaines idées reçues, encore présentes dans le discours des sportives et des staffs techniques, notamment sur la poursuite d’une activité physique et sportive adaptée pendant la grossesse. D’autant plus aujourd’hui, puisque l’on sait que celle-ci permet un retour facilité à la performance. C’est là l’un des objectifs du guide, qui apporte un état des connaissances médicales scientifiquement validées, de nature à rassurer à la fois les sportives et leur entourage.

Lorsque nous avons réfléchi à la conception de ce document, il était essentiel qu’il soit très opérationnel et qu’il facilite la prise de décision et favorise les conditions d’un dialogue et d’un accompagnement optimisé.

S’agissant de la poursuite d’activités physiques et sportives pendant la grossesse, on trouve dans ce guide des informations sur les types d’activités sportives possibles et des recommandations pour une pratique sécurisée, avec un cadre d’entraînement évolutif pendant les trois trimestres et des repères nutritionnels pendant les différentes étapes.

Ce programme d’entraînement évolutif est détaillé dans le guide, à retrouver sur www.sports.gouv.fr

Bien accompagner avant, pendant et après la grossesse

S’agissant de la période du post-partum et de la reprise vers un entraînement de compétition, ce guide apporte des réponses aux questions que se posent les sportives, comme « À partir de quand peut-on reprendre une activité physique après l’accouchement ? », « À partir de quand peut-on reprendre une pratique intensive ?  », « Peut-on reprendre l’entraînement et continuer à allaiter ? » Parmi les ressources proposées, les lectrices auront accès à un exemple de programme de reconditionnement physique, de la première semaine à la seizième semaine du post-partum en trois étapes :

  • étape 1: un programme de reconditionnement physique débutant par un entraînement physique général modéré et progressif ;
  • étape 2: le retour progressif à la discipline sportive ;
  • étape 3: le retour à la performance se fait habituellement à 4-6 mois, en fonction du sport pratiqué.

Parce que la prévention du risque de faiblesse du périnée tout au long de la vie de la sportive est essentielle, ce document explique pourquoi le travail des abdominaux et du périnée nécessite une attention particulière, spécialement pendant les étapes de la grossesse et du post-partum, et propose en annexe une planche d’exercices du périnée en post-accouchement. Les témoignages de sportives montrent à quel point un travail particulier sur ces muscles est indispensable.

Enfin, pour répondre à une attentes des sportives de haut niveau exprimée lorsque la ministre déléguée chargée des Sports les a réunies début 2020 pour échanger sur la maternité et la parentalité, une liste de professionnels (médecins-gynécologues, médecins, psychologues, préparateurs physiques) identifiés dans le cadre de ces travaux sera accessible via le nouvel outil interactif lancé par l’INSEP carto.sport. Il s’agit là de personnes ressources qualifiées pour accompagner les sportives en amont et pendant cette étape de vie.

Toujours sur l’aspect opérationnel, ce guide apporte des informations juridiques sur le droit commun applicable, en fonction des différentes situations socioprofessionnelles des sportives, et sur les droits associés à la qualité de SHN. Enfin, parce que la parentalité concerne aussi les pères sportifs de haut niveau, cette enquête a été complétée par des entretiens avec trois sportifs de haut niveau : la question de la parentalité des SHN est abordée sous l’angle de la performance et des droits.

Vous trouverez à titre d’exemple une fiches conçues avec la collaboration du Centre de droit et d’économie du sport de Limoges sur la parentalité dans la partie juridique du guide.


Exemple de fiche sur la parentalité :

ET VOTRE CONJOINT(E) DANS TOUT ÇA ?

Que vous soyez mariée ou en couple, avec le père de votre enfant ou pas, la personne qui partage votre vie bénéficie de certains droits pour vous accompagner dans votre projet de maternité.

Cette fiche présente ces droits, en fonction du statut socio-
professionnel de votre conjoint(e).

Elle tient compte des nouvelles mesures s’appliquant
au congé de paternité pour les naissances dont la date de survenance est prévue à compter du 1er juillet 2021.

1 – QUI EST CONCERNÉ ?

Le droit au congé de paternité et parental d’éducation est ouvert :

  • au père de l’enfant ;
  • à la personne qui vit en couple avec la mère de l’enfant, en tant qu’époux (se), concubin(e), partenaire de PACS ou en union libre, et qui n’est pas le père de l’enfant.

2 – VOTRE CONJOINT(E) EST SALARIÉ(E)

2.1 Avant la naissance

En tant que conjoint(e) salarié(e), il (elle) a le droit à une autorisation d’absence pour vous accompagner à 3 examens médicaux obligatoires de suivi de grossesse, sans que cela entraîne une diminution de sa rémunération, et sans que son employeur puisse lui refuser.

2.2 Après la naissance

Une fois que l’enfant est né, il (elle) peut prétendre à différents congés.

a • Le congé de naissance

Ce congé est ouvert à tout salarié, sans conditions d’ancienneté, quel que soit le type de contrat de travail.

Il est d’une durée de 3 jours calendaires pour chaque naissance ou adoption dans le foyer, sachant que les naissances multiples ne permettent pas d’augmenter cette durée. Il doit être pris immédiatement après l’arrivée de l’enfant, cumulé avec les 4 jours du congé paternité à prendre obligatoirement à cette période.

Il est rémunéré normalement, comme un jour travaillé.

b • Le congé de paternité et d’accueil de l’enfant

Durée du congé : le congé est de 25 jours calendaires (32 jours en cas de naissances multiples), il se décompose en 2 périodes :

  • Une période obligatoire de 4 jours à prendre immédiatement après la naissance de l’enfant qui se cumule avec le congé de naissance ;
  • Une période de 21 jours (28 jours en cas de naissances multiples) qui peut succéder au congé de naissance et aux 4 jours obligatoires ou être prise à un autre moment, dans le délai de 6 mois à compter de la naissance de l’enfant. Ce congé peut être fractionné en 2 périodes de 5 jours chacune, dans le respect des délais de prévenance de l’employeur.

Indemnisation du congé : le congé de paternité suspend le contrat de travail, il est indemnisé par la CPAM, si les conditions d’indemnisation sont réunies, sous forme d’indemnités journalières comprises entre 9,66 € et 89,03 € par jour.

c • Le congé parental d’éducation

À l’issue du congé maternité ou d’adoption, un des parents, les deux simultanément ou successivement, peuvent prétendre à un congé parental d’éducation.

3 – VOTRE CONJOINT(E) EST TRAVAILLEUR(SE) INDéPENDANT(E)

3.1 Le congé de paternité et d’accueil de l’enfant

Pour avoir droit à ce congé, votre conjoint(e) doit remplir les conditions d’affiliation au régime général de la CPAM et cesser totalement son activité lors de cette période.

Durée du congé :

  • Pour pouvoir être indemnisé, le congé doit être au minimum de 7 jours et au maximum de 25 jours calendaires, porté à 32 jours en cas de naissances ou d’arrivées multiples (si adoption) ;
  • Les 7 premiers jours sont à prendre immédiatement à l’arrivée de l’enfant, le reste du congé devra être pris dans les 6 mois suivant la naissance ou l’arrivée de l’enfant ;
  • La durée d’indemnisation est fractionnable en 3 périodes d’au moins 5 jours chacune.

Indemnisation du congé : le congé est indemnisé par la CPAM sous forme d’indemnités journalières dont le montant varie en fonction des revenus annuels de votre conjoint(e).

3.2 Le congé parental d’éducation

À l’issue du congé maternité ou d’adoption, un des parents, les deux simultanément ou successivement, peuvent prétendre à un congé parental d’éducation.

Toutes ces informations et bien d’autres sont à retrouver dans le guide « Sport de haut niveau et maternité, une alliance possible ! », à consulter sur le site Internet du ministère chargé des Sports : www.sports.gouv.fr

En pratique

Le contrat de travail de votre conjoint(e) ou la convention collective applicable dans son entreprise peut prévoir des conditions d’indemnisation plus favorables que celles de la Sécurité sociale, pouvant aller jusqu’au maintien intégral du salaire.

N.B. à ce jour, aucune convention collective applicable aux sportifs professionnels et sportifs de haut niveau ne prévoit
de dispositions particulières concernant le congé de paternité et d’accueil de l’enfant.