Randonnée: cueillettes dangereuses

Randonnée: attention aux cueillettes dangereuses
Randonnée: attention aux cueillettes dangereuses

La randonnée permet de rencontrer des végétaux apparemment comestibles. Leur cueillette n’est pas le but premier de l’activité mais en itinérance peut-être. Nous ne parlerons pas des champignons. Ce texte est inspiré d’un bulletin d’information de l’ANSES.

Par le Docteur Robert Lots – membre de la commission médicale de la FFRandonnée

Il y a une certaine stabilité des cas d’intoxication par confusion entre plante comestible et plante toxique, environ 260 cas par an. Les confusions sont possibles avec des feuilles, des bulbes, des fruits ou des baies ; plus rarement des fleurs, des racines ou des tiges.

La moitié des intoxications portent sur les bulbes, le marron d’Inde, les coloquintes ou les courges amères, l’arum, la ciguë (petite ou grande), le cytise, la morelle noire ou douce-amère. En cas d’ingestion accidentelle, tous les symptômes ne sont pas présents, mais ils sont d’autant plus nombreux et dangereux que les quantités toxiques prises sont importantes.

Une fois sur deux, on ne connait pas le mode d’obtention du produit toxique. Mais s’il est connu :

  • Dans 90 % des cas, c’est la personne atteinte qui l’a ramassé ou cueilli,
  • Reçu par une autre personne dans 4,5 % des cas,
  • Acheté dans le commerce à 5,5 % (feuilles de datura vendues à la place des épinards).

Le marron d’Inde confondu avec la châtaigne

  • Les symptômes sont digestifs : vomissements, diarrhée, irritation oro-pharyngée.
  • Période à risque : automne

Les bulbes confondus avec des bulbes comestibles (ail, échalote, oignon…)

  • Les symptômes sont des troubles digestifs, des céphalées, des tremblements.
  • Période à risque : hiver

Confusion entre coloquintes/courges amères et courges comestibles

  • Symptômes : douleurs abdominales, vomissements, diarrhée, diarrhée sanglante, déshydratation sévère, céphalées, vertiges. Ces produits sont trouvés dans les potagers familiaux ou même dans le commerce.
  • Période à risque : hiver

Confusion entre fleurs d’acacias et fleurs de cytise

  • Symptômes : vomissements, diarrhée, tachycardie, asthénie, vertiges, céphalées, tremblements, confusion, convulsions
  • Période à risque : printemps

Confusion entre consoude et digitale

  • Les symptômes sont digestifs : vomissements, diarrhée, bradycardie sévère, hypotension artérielle, vertiges, céphalées, intoxication pouvant conduire au décès.
  • Période à risque : été

Confusion entre ail des ours et colchique

  • Les symptômes sont digestifs : vomissements, diarrhée, vertiges, pouvant aller jusqu’au coma. Mais aussi alopécie, agranulocytose (chute des globules blancs). Des troubles du rythme cardiaque, jusqu’à l’arrêt cardiaque
  • Période à risque : printemps

Confusion entre carotte sauvage et œnanthe safranée

  • Symptômes : vomissements, diarrhée, hypersialorrhée (hypersalivation), brûlures oro-pharyngées, céphalées, délires, convulsions, coma, insuffisance rénale aiguë (par destruction musculaire), dépression cardio-respiratoire
  • Période à risque : printemps

Confusion entre persil et ciguë

  • Les symptômes sont des troubles oro-pharyngés, digestifs, des signes généraux, des troubles neurologiques, des symptômes neuromusculaires, une insuffisance rénale.

Confusion entre racines de gentiane et de vérâtre

  • Les symptômes sont des vomissements, hypersudation, diarrhée, céphalées, convulsions, troubles du rythme cardiaque, hypotension artérielle, jusqu’au choc cardiogénique (défaillance cardiaque brutale) et au décès.
  • Période à risque : été

Confusion entre belladone et raisin ou baies comestibles

  • Les baies sont plus souvent ingérées par les enfants. Les symptômes : une sècheresse buccale, oculaire et cutanée, des troubles de la vue, une mydriase, des hallucinations, une confusion jusqu’au coma. Les troubles cardiaques commencent par une bradycardie puis se transforment en tachycardie : le risque est mortel.

Confusion entre laurier-sauce et laurier-rose

  • Les symptômes sont des troubles digestifs comme une gastro-entérite, des troubles neurologiques, des troubles cardiaques, tachycardie suivie d’une bradycardie sinusale, des troubles de la conduction cardiaque.

Autres confusions possibles

Les boules de gui, de houx, les baies de lierre (saponosides), le muguet dont toutes les parties sont cardiotoxiques (saponosides), tous provoquent vomissements, sialorrhée (salivation), hypotension.

Les boules de gui contiennent de la viscotoxine. Ingérées, elles entraînent vomissements, hypersalivation… Elles peuvent être à l’origine d’hypotension grave, provoquer des troubles nerveux, des troubles de l’équilibre.

La viscotoxine n’a pas d’antidote. De rares cas mortels ont été répertoriés.

Les baies de houx sont plus difficiles à ingérer du fait de la présence de piquants à la surface des feuilles. Il y a les mêmes symptômes et la même toxicité qu’avec le gui, mais en moins grave.

Le lierre (hedera helix) est toxique de la tête au pied. Deux à trois baies suffisent à intoxiquer un enfant. Mûres au printemps, ces baies de 6 à 8 mm de couleur bleue, noire, ressemblent à des myrtilles. L’intoxication se traduit par des brûlures de la bouche avec hypersalivation puis vomissements et diarrhée. Des quantités importantes peuvent provoquer des hallucinations, des convulsions, un coma. Les tiges contiennent des polyuries très allergisantes. Couper le lierre ou l’arracher sans gants, peut provoquer des dermatites de contact, voire des crises d’asthme.

Le muguet. Toutes les parties de la plante contiennent des substances irritantes (saponosides) et des dérivés cardio-toxiques (bradycardie et hypotension). Effet comparable à celui de la digitale pourpre, mais seulement 10 % d’hétérosides passent dans la circulation sanguine.

Ce sont surtout des enfants de 2 à 4 ans qui mâchonnent les tiges ou les feuilles ou mangent une petite baie. Les symptômes d’intoxication se traduisent par des maux de ventre, des nausées, vomissements, voire une diarrhée ou des convulsions.

Quelques conseils

Malgré la documentation Internet ou papier, des confusions sont possibles pour les non-spécialistes en botanique ou en horticulture.

Les recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) sont donc à respecter.

Si vous ramassez des plantes dans la nature :

  • Ne consommez pas la plante ramassée en cas de doute sur son identification !
  • Cessez immédiatement de manger si la plante a un goût inhabituel ou désagréable ;
  • Ne cueillez pas par brassées, pour éviter de mélanger des espèces toxiques avec des espèces comestibles ;
  • Photographiez votre cueillette pour en faciliter l’identification en cas d’intoxication.

Si vous ramassez des plantes dans votre jardin potager :

  • En cas de doute sur son identification, ne consommez pas la plante récoltée !
  • N’improvisez pas : assurez-vous de bien savoir à quoi ressemble la plante qui va pousser. Aidez-vous de photographies de la plante disponibles sur le sachet de graines achetées ou sur d’autres supports (livres, sites Internet) ;
  • Restez vigilant : ce n’est pas parce qu’une plantule émerge là où elle a été semée qu’elle est issue du lot semé ;
  • Soyez attentif au risque de confusion en récoltant des plantes issues d’un repiquage d’une année sur l’autre ;
  • Photographiez votre cueillette pour en faciliter l’identification en cas d’intoxication.

Au moindre doute après ingestion ou en présence de symptômes, digestifs ou autres, dans les heures suivant la consommation de plantes ramassées dans un potager domestique ou dans la nature, contactez sans délai un centre Antipoison.

Les centres antipoison : premier recours

Ils donnent des téléconsultations médicales gratuites, en urgence, 24h/24.

Pour toute situation liée à une intoxication, prenez avis et conseil auprès d’un centre Antipoison avant de consulter un médecin ou de vous rendre aux urgences.

  • Appelez le 15 en cas de détresse vitale (coma, détresse respiratoire…).
  • www.centres-antipoison.net
  • Numéros d’urgence des centres Antipoison, disponibles 24h/24:
ANGERS:      02 41 48 21 21MARSEILLE:04 91 75 25 25
BORDEAUX:05 56 96 40 80NANCY:03 83 22 50 50
LILLE:08 00 59 59 59PARIS:01 40 05 48 48
LYON:04 72 11 69 11TOULOUSE:05 61 77 74 47

Références:

Plantes toxiques et plantes comestibles : attention aux confusions !  Aide-mémoire ANSES, 2020.

Confusion entre plantes comestibles et toxiques : gare aux ressemblances ! ANSES. Bulletin VigilAnses n°8, juin 2019