Marc Batard, sprinteur de l’Everest

Marc Batard, sprinteur de l'Everest
Marc Batard, sprinteur de l’Everest

La marche rythme sa vie, qu’il profite des sentiers ou gravisse les sommets les plus vertigineux de notre Terre. Alpiniste de renom, Marc Batard est entré dans l’histoire en franchissant l’Everest en solitaire et sans oxygène en moins de 24 heures en 1988. À l’aube de ses 70 ans, ce sprinteur de l’Everest va tenter à nouveau l’ascension. Son ambition est désormais de sensibiliser la population et les professionnels de la haute montagne aux risques qui planent sur les expéditions parfois trop nombreuses sur les plus hauts sommets de notre planète.

Doc du Sport: Marc Batard, quelle place la randonnée prend-elle dans votre vie ?

Marc Batard: J’aime beaucoup marcher. Jeune, je marchais pour fuir, puis j’ai découvert la technique et les treks qui m’ont permis de m’évader. Partir une semaine en pleine nature m’a toujours animé et apaisé. Je marche tout le temps autour de chez moi. Et lorsqu’il s’agit de franchir l’Annapurna comme il y a quelques semaines, je prends plaisir à faire la marche d’approche plutôt que prendre l’hélicoptère comme la plupart des alpinistes. C’est une randonnée extraordinaire !

Comment se prépare-t-on à gravir l’Everest à 70 ans ?

Marc Batard: Il y a quatre ans quand j’ai pris cette décision, j’ai commencé par consulter mon cardiologue. Ensuite, j’ai fait beaucoup de marche et je me suis mis à la musculation en salle pendant un an. L’essentiel de ma préparation était de perdre du poids et de faire attention à mon hygiène de vie. Je ne suis pas pour les entraînements trop poussés, on prend le risque de trop se fatiguer et de se blesser. Pour monter à 8 000 m, il faut être zen !

Comment gérez-vous le manque d’oxygène ?

Marc Batard: Le plus important est dans l’acclimatation du corps et des poumons, il faut même monter doucement pour s’adapter. Comme en plongée, il faut fonctionner par palier et redescendre si jamais on rencontre des difficultés. Mon expérience m’a appris que j’étais fait pour ça grâce à mes aptitudes physiologiques. Je n’irai pas aussi vite qu’en 1988, je mettrai probablement 3 ou
4 jours. Mon expérience sur l’Annapurna cette année m’a rassuré.

Tout le monde peut se lancer dans la randonnée de très haute montagne ?

Marc Batard: Il faut avant tout s’entourer de guides compétents et ne jamais partir seul. Il faut être conscient qu’avec la meilleure forme physique au monde, on ne peut pas lutter contre les dangers de la nature.

Qu’est-ce qui vous motive aujourd’hui ?

Marc Batard: Je tiens à sensibiliser un maximum de personnes, guides, professionnels… à ces dangers. C’est pourquoi j’ai repris un projet de formation pour envisager des solutions qui seront proposées lors du « SISHA » (voir ci-dessous). C’est au nom de cette initiative que je tenterai mon ascension de l’Everest pour mes 70 ans l’année prochaine. 


LA SÉCURITÉ AVANT TOUT

L’IHAS (International High Altitude Summit) ou SISHA (1er sommet international sur la sécurité en haute altitude) en français, est né à l’initiative de Marc Batard grâce à son expérience sur les plus hauts sommets du monde. Il tient ainsi à sensibiliser le monde de l’alpinisme sur les dangers de plus en plus nombreux en très haute montagne. Le but étant de faire participer les acteurs du milieu de l’alpinisme qui partagent ses craintes afin de proposer des solutions à des problématiques très inquiétantes.

Trafic trop dense sur les voies, passages devenus trop dangereux et donc risqués à emprunter, Marc est un témoin direct de ce qui cause la mort à de trop nombreuses personnes sur les sommets les plus célèbres. C’est donc en réunissant les 27 pays avec un sommet de plus de 7 000 m d’altitude à Albertville en 2022 qu’il espère permettre à tous ceux qui s’inquiètent comme lui de proposer des solutions. Un évènement qui se déroulera lors de la célébration des 30 ans des JO dans la ville olympique qui soutient activement cette initiative.

Triathlète aventurière - Journaliste du sport et sportive - Formation scientifique en sciences de la nature et de la vie - Rédactrice en chef adjointe