Ostéopathie et golf :  un réel complément pour prévenir les blessures et contribuer à la performance

Ostéopathie et golf   un réel complément pour prévenir les blessures et contribuer à la performance
Ostéopathie et golf   un réel complément pour prévenir les blessures et contribuer à la performance

Le golf constitue une discipline sportive particulièrement exigeante, tant sur le plan technique que sur le plan physique. Bien que le golf soit une pratique sportive généralement maîtrisée, en particulier sur le plan cardio-vasculaire, cette activité n’est pas dénuée de risques pour l’appareil locomoteur. Les mouvements répétitifs overuse, les rotations axiales, les déséquilibres posturaux ainsi que les sollicitations articulaires excessives sont susceptibles d’engendrer des pathologies.

Par Damien Grison, ostéopathe en charge de l’équipe de France paragolf membre de la commission médicale FFGolf

Qu’il s’agisse d’un golfeur amateur, souvent affecté par des défauts techniques ; d’un pratiquant senior dont la mobilité articulaire et l’élasticité tissulaire s’amenuisent avec l’âge ; ou encore d’un compétiteur ou d’un professionnel soumis à un entraînement intensif et à un calendrier compétitif éprouvant – tous voient leur organisme mis à rude épreuve, avec pour corollaire l’apparition de douleurs et de lésions spécifiques.

L’ostéopathie, thérapie manuelle « holistique », intervient à plusieurs niveaux pour optimiser la pratique golfique : prévention des traumatismes et amélioration de la mobilité, contribution au traitement des affections existantes, permettant ainsi indirectement à la réalisation de la meilleure performance possible.

Mon expérience professionnelle dans le domaine golfique – qu’il s’agisse du suivi de l’équipe de France de paragolf ou de l’accompagnement de golfeurs professionnels – m’a permis d’affiner et de perfectionner cette prise en charge spécifique pour les golfeurs.

Du Paragolf aux golfeurs amateurs « loisir » et « senior »

Tout d’abord, quels sont les trois éléments fondamentaux dans l’exécution optimale d’un swing ? Une approche simplifiée, mais essentielle pour en saisir les mécanismes (je m’excuse par avance auprès des puristes et des professionnels de l’enseignement) :

  1. Le chemin du club : Le mouvement doit être fluide, et la tête du club doit se déplacer librement, sans contrainte, afin de permettre une gestuelle reproductible et harmonieuse. Une circulation optimale du club garantit alors efficacité et régularité ;
  2. Le centrage à l’impact : La restitution d’énergie est maximale lorsque la balle frappe le milieu de la face du club. Un contact décentré engendre une perte de puissance et de précision ;
  3. La vitesse du swing : Ce paramètre, souvent mal interprété par les débutants, ne résulte pas d’une accélération brutale du haut du corps, des épaules ou des bras. Une telle approche, contre-productive, provoque une tension excessive des muscles, réduisant ainsi la vitesse réelle de la tête du club à l’impact. Lors du swing, le relâchement rime avec efficacité – comme dans beaucoup d’autres sports – bien que celui-ci dépende de multiples autres facteurs, dont la prise (grip), que je n’aborderai pas ici.

Si ces trois éléments étaient indépendants, le swing semblerait presque simple. Or, ils sont étroitement liés :

  • Une trajectoire incorrecte décentre la face du club à l’impact ;
  • Une vitesse mal maîtrisée altère la trajectoire ;
  • Un mauvais chemin de club génère des tensions musculaires compensatrices, perturbant à la fois la fluidité du mouvement et la précision de l’impact.

Adaptation et compensation : des défis spécifiques

Un paragolfeur, qu’il soit amputé d’un ou plusieurs membres (supérieurs ou inférieurs) ou qu’il évolue en fauteuil, doit constamment adapter sa technique :

  • En cas d’amputation d’un membre inférieur, l’équilibre devient précaire ;
  • En cas d’amputation d’un membre supérieur, la mobilité et l’efficacité du swing nécessitent des ajustements. 
Ces compensations se font au détriment d’autres structures (articulations, muscles, tendons), soumises à des contraintes accrues. Dans un premier temps, le joueur ressentira des douleurs qui, sans correction, évolueront vers des restrictions articulaires, voire des lésions traumatiques.

Le golfeur amateur « loisir », bien que physiquement sans déséquilibre évident, rencontre des difficultés similaires. Faute d’une synchronisation optimale entre ses articulations, d’un recrutement musculaire précis avec une gestuelle parfois moins maîtrisée, il développe fréquemment des tendinopathies, cervicalgies, dorsalgies ou lombalgies.

Quant au golfeur senior, débutant ou expérimenté, il doit composer avec un déclin naturel de la mobilité articulaire et une perte d’élasticité musculo-tendineuse. Ces modifications physiologiques entraînent une augmentation des contraintes des structures ostéo-articulaires, augmentant ainsi les risques de blessures.

Chez ces trois profils de population, les problématiques convergent : contraintes articulaires excessives, recrutement musculaire inadapté et surmenage tendineux.

Pourquoi consulter un ostéopathe ?

L’ostéopathie, en tant qu’approche globale, s’intègre dans une collaboration pluridisciplinaire impliquant médecins, kinési­thérapeutes, podologues, professionnels de santé.

Cette synergie permet une prise en charge optimale, aussi bien en préventif qu’en curatif.

1. L’ostéopathie en prévention permet :

  • D’évaluer et de maintenir la mobilité des différentes structures corporelles (articulations, muscles, fascias…) ;
  • De corriger les restrictions de mobilité avant qu’elles ne génèrent douleurs ou compensations néfastes.

Avec comme bénéfices pour le golfeur :
    

Une amélioration de la mobilité rachidienne :

  • Lombaires : Rotation optimale pour un transfert de force efficace ;
  • Dorsales : Inclinaison libre, évitant une surcharge lombaire ou cervicale ;
  • Cervicales : Rotation et inclinaison fluides, favorisant l’engagement libre et harmonieux de la ceinture scapulaire.

Une amélioration de la mobilité pelvienne et coxo-fémorale :

Un bassin mobile et des hanches « souples » (notamment la hanche opposée à la latéralité) sont essentiels pour un swing fluide.

Exemple : chez un droitier, la phase finale du swing repose sur une rotation interne complète de la hanche gauche. Une restriction à ce niveau entraîne :

  • Une compensation douloureuse (appui reporté sur la jambe arrière) ;
  • Un impact prématuré du club avec le sol (phase de décélération) entraînant : fatigue musculaire, tendinopathies du poignet, du coude ou de l’épaule.

Et une amélioration de la mobilité de la ceinture scapulaire, favorisant une gestuelle sans contrainte qui allie relâchement et précision pour un swing plus efficace.

2. Techniques ostéopathiques appliquées au golf

L’ostéopathe dispose d’un panel de méthodes adaptées :

  • Mobilisations articulaires : Restauration des amplitudes perdues (hanches, rachis, épaules, poignets, coudes, chevilles, etc.) ;
  • echniques myofasciales : Libération des tensions mus­culaires et fasciales (dos, membres, système viscéral, etc.) ;
  • Ostéopathie crânienne : Régulation du stress et optimisation de la récupération via l’axe crânio-sacré.

3. Conseils complémentaires incontournables

  • Échauffement spécifique : Souvent négligé, il prépare muscles et articulations aux contraintes du swing ;
  • Étirements adaptés en particulier après l’effort ;
  • Hydratation et nutrition : Évite hypoglycémie et déshydratation (source de crampes et baisse de concentration) ;
  • Maintient l’équilibre électrolytique (sodium, potassium) ;
  • Matériel adapté : Des clubs trop lourds ou trop rigides fatiguent prématurément les muscles.

Conclusion

L’ostéopathie, en améliorant la mobilité et en prévenant les déséquilibres, permet aux golfeurs amateurs et seniors de pratiquer sans douleur ni appréhension. Associée à une hygiène de jeu rigoureuse (échauffement, étirements, matériel, hydratation et alimentation), elle devient un atout majeur pour la réalisation de la performance et la longévité sportive. 


TÉMOIGNAGE : L’OSTÉOPATHIE, PILIER DE MA PRATIQUE GOLFIQUE

Mathieu CAUNEAU – Joueur de l’équipe de France Paragolf, ancien numéro 1 européen, 5 fois champion de France, 3 fois champion d’Europe par équipe.

L’ostéopathie m’a offert bien plus que des soins : une véritable éducation corporelle. Né sans main gauche, je vis avec une asymétrie structurelle qui exige des compensations permanentes du côté droit. Lorsque je sollicite mon côté gauche – moins développé – des tensions apparaissent inévitablement. Avec l’âge, ces déséquilibres s’accentuent et je regrette de ne pas en avoir
pris conscience plus tôt pour prévenir ces douleurs installées.

Ma pratique du golf, sport intrinsèquement asymétrique, combinée à une vie professionnelle sédentaire, génère des tensions récurrentes. Les consultations ostéopathiques régulières sont devenues mon antidote :

  • En pré-saison : Pour optimiser ma mobilité et préparer le corps à l’effort ;

  • Pendant les tournois : Pour libérer les blocages et préserver la fluidité du geste – essentielle dans un sport où la moindre tension altère les sensations et donc la performance, surtout par conditions difficiles (froid, pluie) ;

  • En récupération : Après 4 jours intenses (reconnaissance + compétition) sur des parcours vallonnés, parfois en marche accélérée lorsque j’accompagne des paragolfeurs en voiturette.

L’impact mental est tout aussi crucial : sans douleur, je peux me concentrer pleinement sur mon jeu. Tous les ostéopathes que j’ai consultés soulignent un même constat : mon mode de vie sédentaire et le stress professionnel nourrissent ces tensions.

Aujourd’hui, je mesure que la prévention ostéopathique et la préparation physique sont presque aussi déterminantes que le travail technique pour performer – et simplement pour prendre du plaisir dans ce sport exigeant. Un apprentissage tardif, mais essentiel.