Le swing impose des mouvements asymétriques qui génèrent des contraintes importantes sur les hanches à toutes les phases du mouvement, qu’il s’agisse du backswing, du downswing ou du follow-through. Ces contraintes se manifestent surtout en rotation des hanches afin de générer de la puissance pour un swing efficace.
Par le professeur Didier Hannouche, spécialiste de la hanche et du genou, avec Nadia Kerkour, Philippe Vignon, et le docteur Olivier Rouillon
Cependant, des forces de rotation d’une telle ampleur exposent la hanche à un risque accru de lésions du cartilage et du labrum, une structure fibro-cartilagineuse située à la périphérie de la cavité qui accueille la tête fémorale – l’acétabulum (Figure 1) -, et dont le rôle est d’augmenter l’étanchéité de l’articulation tout en jouant un rôle d’amortisseur.
Il a été aussi montré que des contacts fréquents de la tête du fémur contre l’acétabulum vont modifier l’architecture de l’articulation en créant une véritable bosse sur le fémur (appelée « came ») qui va limiter progressivement les mouvements de rotation interne. On parle alors de conflit de hanche, ou conflit fémoro-acétabulaire (CFA), fréquent dans le golf, mais aussi dans d’autres sports comme le football, le hockey, le ping-pong, la gymnastique ou la danse (Figure 1). À terme, le conflit de hanche est responsable de lésions du cartilage et peut conduire à l’arthrose de hanche.
La rotation interne est un mouvement naturellement peu ample qui amène le pied vers l’intérieur. Lors du swing, nos deux hanches tournent en sens opposé : la hanche dominante (hanche gauche chez un golfeur droitier) se déplace rapidement, avec une vitesse de pointe de 228°/s, de la rotation externe à la fin du backswing à la rotation interne maximale à la fin du downswing.
À l’inverse, la hanche non dominante tourne rapidement de la rotation interne à la rotation externe avec une vitesse de pointe de 145°/s. La rotation doit être la plus fluide possible pour générer de la puissance, de la précision et de la régularité. Le manque de rotation est souvent subtil et méconnu au début, mais va progressivement perturber le mouvement, provoquant des stratégies de compensation qui peuvent entraîner une mauvaise mécanique du swing, une diminution de la vitesse de la tête du club et un mauvais contact avec la balle.
À terme, l’incapacité à effectuer une rotation complète peut exercer un stress excessif sur d’autres parties du corps, comme le genou, ou la colonne lombaire qui va être sollicitée en torsion de façon excessive. Plusieurs études ont démontré un lien entre la douleur lombaire et le manque de rotation interne de la hanche, à tel point qu’il faut toujours penser à examiner cette articulation et rechercher un problème de rotation interne devant la présence d’une lombalgie chez un golfeur.
À contrario, certaines études montrent que la limitation de la rotation interne de la hanche droite chez le droitier est plus fréquente chez le joueur de bon et de haut niveau, ce qui pourrait amener à penser qu’il s’agit d’une adaptation technique favorable à la performance du swing. En effet, en fin de backswing, cela permet d’augmenter le différentiel de rotation entre les épaules et le bassin (le fameux facteur X).
Donc, cette limitation de rotation interne de la hanche droite chez le droitier peut résulter d’une adaptation technique comme d’une souffrance de l’articulation de la hanche, se traduisant par un CFA.
Le CFA est une pathologie dynamique caractérisée par une excroissance de la tête fémorale qui ne peut plus s’articuler de manière harmonieuse avec l’acétabulum. À terme, la came risque d’endommager l’articulation et augmente le risque d’arthrose.
Plus rarement, le défaut peut se localiser sur la paroi antérieure de l’acétabulum, trop saillante et qui peut aussi limiter la rotation interne. On parle alors de CFA de type pince (Figure 2). La morphologie de type came se développe probablement pendant la croissance chez les adolescents en tant que réponse physiologique normale à une activité sportive élevée. Le CFA est donc fréquent dans la population sportive, pouvant atteindre 66 % des athlètes.
Une enquête anglo-saxonne réalisée chez les golfeurs professionnels montre que 20 % d’entre eux se plaignent de douleurs de hanche (principalement sur la hanche dominante) et que 16 % ont un CFA. Le CFA peut concerner aussi bien la hanche dominante que la hanche non dominante.
Le CFA se manifeste principalement par une douleur antérieure au niveau du pli de l’aine, mais elle peut également être latérale ou postérieure. La douleur est typiquement dynamique, c’est-à-dire qu’elle est augmentée par le mouvement, surtout en rotation interne. Elle est aussi augmentée en position fléchie, lorsqu’on est assis ou lorsqu’on conduit. Elle est souvent absente à la marche et cède bien au repos et en position couchée.
L’examen clinique permet de déclencher la douleur dans certains mouvements, même s’il n’existe pas de signes spécifiques permettant d’affirmer que la douleur est bien due au CFA. Le test de FADIR cherche à reproduire la douleur en amenant la tête du fémur au contact de l’acétabulum en flexion à 90 degrés, adduction, et rotation interne. Le test de FABER consiste à amener la jambe en flexion, en abduction et en rotation externe, en plaçant le pied sur le genou opposé.
L’examen clinique doit être le plus complet possible pour apprécier les mobilités de l’articulation dans tous les plans, rechercher un problème lombaire, tendineux ou musculaire, une anomalie de l’architecture de la hanche comme une torsion anormale du fémur, ou des signes d’arthrose débutante : douleur dans l’aine et/ou raideur, qui pourraient expliquer
les symptômes.
Des radiographies de la hanche sont en général suffisantes pour faire le diagnostic. Elles permettent d’identifier la came, d’en mesurer sa taille et de rechercher d’autres anomalies qui peuvent aussi limiter la rotation interne, comme une saillie de la paroi antérieure de l’acétabulum (CFA de type pince) ou une épine iliaque antéro-inférieure saillante. Les radiographies sont souvent complétées par une arthro-IRM qui permettra de quantifier la taille de la came et recherchera des lésions du cartilage et du labrum ou une atteinte tendino-musculaire associée.
Un traitement non chirurgical du CFA devrait toujours être envisagé avant de proposer une intervention. La prise en charge est alors multiple. Elle comprend l’éducation du patient,
la modification des activités quotidiennes et sportives évitant les mouvements douloureux de flexion extrême ou flexion avec rotation interne, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, la rééducation avec physiothérapie active et parfois les infiltrations intra-articulaires.
L’adaptation du swing afin d’éviter des mouvements douloureux de rotation est difficile si l’on veut conserver un niveau de jeu de qualité. Une rééducation ciblée doit systématiquement être proposée en première intention pour contrôler la dynamique entre la colonne lombaire et le bassin et renforcer les stabilisateurs de hanche. Il est aussi important de chercher à récupérer la mobilité en rotation interne par des mobilisations passives et des techniques de contracté–relâché à travers des séances de rééducation avec un physiothérapeute.
Une intervention par arthroscopie (Figure 3) ou chirurgie classique est typiquement indiquée pour les patients jeunes présentant un conflit de hanche symptomatique après échec d’un traitement conservateur. Elle consiste à corriger le défaut architectural (Figure 4). Un âge supérieur à 40 ans et la présence de signes d’arthrose sont des facteurs de mauvais pronostic.
Le taux de retour au golf après une arthroscopie de la hanche est élevé, avec environ 95 % des patients qui reprennent le jeu. Le délai de retour moyen est de 4,7 mois pour les golfeurs professionnels et de 7,2 mois pour les amateurs. Les dernières études suggèrent que les patients peuvent s’attendre à un retour relativement rapide sur le parcours avec des performances similaires ou améliorées.
En conclusion, le CFA est une pathologie fréquente chez les golfeurs, en raison des contraintes biomécaniques spécifiques imposées par le swing. L’asymétrie des mouvements et les rotations rapides des hanches entraînent des adaptations anatomiques qui peuvent favoriser l’apparition de lésions, surtout en cas de défaut architectural de la hanche, même minimes. Une prise en charge adaptée, incluant la prévention, la rééducation et, si nécessaire, un traitement chirurgical, est essentielle pour limiter les douleurs et préserver la performance des golfeurs.
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