La tendinite tibiale postérieure

LA TENDINITE TIBIALE POSTÉRIEURE
La tendinite tibiale postérieure

Vous avez mal à la face interne de la cheville. Surtout quand vous courez. Il est possible que ce soit une tendinite du tibial postérieur. Explications et solutions !

Le tibial postérieur désigne un muscle fin dont la portion charnue et contractile s’accroche à la face interne du tibia, légèrement en arrière. Au niveau de la cheville, il se transforme en tendon. Cette cordelette fibreuse fait poulie sur le relief osseux appelé « malléole ».

LE TIBIAL POSTÉRIEUR SOUTIENT LA VOÛTE PLANTAIRE

Elle s’insère principalement sur la bosse de l’os naviculaire situé au sommet de l’arche plantaire. Seize autres points d’amarrage se situent sous le pied, si bien que cet éventail tendineux se comporte comme un hamac. Vous l’avez compris, sa mission principale consiste à soutenir la voûte plantaire.

Êtes-vous candidat à la tendinite du tibial postérieur ?

Cette blessure vous menace si vous avez les pieds plats car le muscle doit lutter pour éviter que l’arche du pied ne s’effondre à chaque appui. Plusieurs paramètres viennent augmenter le risque de lésion. Vous commencez la course à pied et vos tissus ne sont pas encore adaptés. De surcroît, vous augmentez trop rapidement votre charge d’entraînement en suivant les conseils d’un copain informaticien ou un programme Internet dépersonnalisé.

PIED PLAT PRONATEUR, CHAUSSURE AXE COURBE

Vous manquez de tonicité sur vos appuis, vous êtes pronateur, votre pied s’écrase à la réception et votre genou rentre à l’intérieur. Cette altération dynamique survient ou s’aggrave à la fatigue. Vous avez opté pour des chaussures jolies, légères et chères… mais qui ne vous conviennent pas ! Elles présentent un axe courbe, c’est-à-dire un creux à la face interne de la semelle qui prive totalement de soutien votre voûte plantaire.

Quels sont les symptômes ?

D’abord après la course, puis à l’échauffement puis tout au long du running, vous souffrez à la face interne du pied ou de la cheville. Vous avez mal soit sur le point d’accrochage osseux principal par excès de traction sur le naviculaire, soit derrière la malléole, en zone de frottement comme une corde qui s’effiloche. À l’examen, la douleur apparaît lorsque vous sautillez sur un pied.

DOULEUR FACE INTERNE CHEVILLE

Elle augmente quand vous pivotez. Votre doc du sport la déclenche quand il vous demande de pousser sur sa main placée en regard de la face interne du pied, juste sous le gros orteil. Enfin, il vous fait mal quand il appuie sur le tendon, en regard du naviculaire ou derrière la malléole. L’IRM est plus pertinente que l’échographie pour affiner le bilan. En effet, la première parvient à faire la différence avec une fracture de fatigue du naviculaire qui survient dans le même contexte. Ces examens permettent de visualiser des fissures, des érosions, des épanchements tendineux.

Le traitement est d’abord sportif !

Premièrement, inutile d’arrêter le sport ! La voûte plantaire ne s’écrase pas en l’absence d’appui complet. Bien sûr, pas de souci pour la natation ! Le vélo en moulinant sur petit braquet ne pose pas de problème non plus ! Les cyclistes assidus ont même des chaussures à semelles rigides et cambrées qui soutiennent efficacement la voûte plantaire. Les adeptes de la salle peuvent même tester l’elliptique. L’absence de réception et le double appui devraient éviter toute souffrance du tibial postérieur.

NATATION, VÉLO PUIS ELLIPTIQUE POUR GARDER LA FORME

La course à pied est fréquemment envisageable en l’absence de douleur invalidante et sous couvert d’un équipement relooké et d’une technique remaniée. Les chaussures à axe droit s’imposent ! Les HOKA Arahi constituent le modèle de référence. Une semelle à soutien de voûte est nécessaire. Elle peut être réalisée par un podologue ou achetée sur Internet en attendant. La marque SIDAS propose des produits adaptés dont la hauteur convient à votre morphologie.

UN PEU DE TROTTINEMENT TONIQUE MÉDIO-PIED CHAUSSURE AXE DROIT ET SOUTIEN DE VOÛTE

Votre foulée doit rester tonique, plutôt médio-pied. Vous posez à plat, à la verticale du buste. Vous réduisez l’amplitude, vous augmentez la fréquence. Vous faites rebondir le pied comme si le sol brûlait. Vous commencez par quelques minutes en trottinant après votre session de cardio. Puis vous augmentez très progressivement la durée avant la vitesse.

COLLAGÈNE, SILICIUM

Si on ajoute quelques compléments alimentaires nourrissant le tendon, comme du collagène, du silicium ou de l’acide hyaluronique, il est possible que vous guérissiez sans surenchère médicale !

Le traitement peut devenir plus médical !

Si notre stratégie sportive, ses réglages techniques et matériels ne suffisent pas, des traitements plus médicaux sont possibles. La rééducation ne fonctionne pas bien. Du côté naviculaire, il s’agit d’une souffrance de l’insertion et surtout de l’os. Les techniques de réentraînement tissulaire aggravent le surmenage et l’os ne s’assouplit pas… En regard de la malléole, il s’agit d’une pathologie de frottement.

PAS DE RENFO, PAS D’ÉTIREMENT PAS D’INFILTRATION

Des exercices de renforcement ou d’étirement finiraient d’effilocher la cordelette tendineuse. De la physiothérapie douce de type ultrason, TECAR ou laser peut être envisagée pour masser en douceur et stimuler la régénération tissulaire. Au contact de ces tendons fins, surmenés, fissurés ou élimés, les infiltrations sont à proscrire. Elles les fragiliseraient, jusqu’à la rupture… provoquant un pied plat traumatique ! Les injections de plaquettes ou PRP pour « plasma riche en plaquettes » constituent le traitement de référence.

PLASMA RICHE EN PLAQUETTES ET RÉHABILITATION !

Ces petites cellules circulent dans le sang et viennent s’agglutiner sur les plaies, bouchent les trous, libèrent des facteurs de croissance biologiques, attirent des cellules souches qui reconstituent les tissus… presque à l’identique ! Le radiologue vous fait une prise de sang, centrifuge le prélèvement et récupère la zone des plaquettes. Cinq minutes plus tard, sous échographie, il réinjecte vos propres plaquettes dans la lésion. Il faut laisser le temps de la cicatrisation ! Un peu de patience est nécessaire. Pour réduire les contraintes en bascule de la cheville, rien de plus simple. Il suffit d’une attelle de cheville en position neutre. La chevillère BOA de chez THUASNE est parfaitement indiquée avec ses montants latéraux et sa mollette de serrage. Il faut la conserver toute la journée pendant 6 semaines. On y associe une chaussure large, stable et confortable. La HOKA BONDI s’y prête bien ; elle existe en cuir noir et peut faire office de sneaker.

CHEVILLÈRE RIGIDE 3 À 6 SEMAINES, VÉLO À J5. ELLIPTIQUE À J21. TROTTINÉ À J45, FRACTIONNÉ ET TRAIL À 3 MOIS

Après l’injection et pendant 5 jours, on marche un minimum et on ne fait pas de sport avec les chevilles. De J5 à J10, le vélo fixe à la cool est autorisé. Par la suite, les protocoles de reprise sont modulés en fonction de l’ampleur des lésions initiales, de votre âge, de votre niveau… et parfois de vos échéances compétitives… En pratique, le protocole classique ressemble à la chronologie présentée. De J10 à J20, on intensifie le vélo et on peut rouler tranquille sur route en desserrant les pédales automatiques. De J20 à J30, on commence l’elliptique et il est possible de pédaler en danseuse. Chez votre kiné, un peu de physiothérapie et des massages doux sont envisageables pour accompagner la cicatrisation et éviter les adhérences. Mais attention : ni renforcement, ni étirement ! De J30 à J40, on accélère sur elliptique… et on débute le tapis de course en apesanteur décroissante, le fameux ALTER-G… pour ceux qui ont la chance d’y avoir accès ! Vers la sixième semaine, il est utile de revoir votre médecin du sport, éventuellement avec une image de contrôle. Il est désormais possible d’enlever la chevillère pour la vie quotidienne… et de débuter la course à pied. Humilité et progressivité sont les maîtres mots du programme. On peut imaginer courir trois fois par semaine, après un module de cardio. On commence par 5 minutes et on ajoute 5 minutes à chaque séance. Ainsi, en 1 mois, vous trottinez 1 heure. Vous revoyez votre médecin 15 jours plus tard… soit à 3 mois de l’injection… et vous pouvez envisager d’accélérer et d’aborder les terrains variés. Le fractionné est de retour, le relief aussi… et la compétition va suivre ! 

Triathlète adepte du cardiotraining et de la musculation - Médecin du sport - traumatologue du sport - nutritionniste du sport - diplômé en entraînement du sportif - Rédacteur en chef