Fini le certif, place au parcours de prévention santé !

Fini le certif, place au parcours de prévention santé !
Fini le certif, place au parcours de prévention santé !

Moins contraignant que le certificat médical, le Parcours de Prévention Santé, mis en place par la Fédération Française d’Athlétisme au cours de l’année 2024, est désormais le passage obligé pour toute personne majeure non licenciée souhaitant prendre le départ d’une course running sur le territoire français. Mais attention, il ne remplace en aucun cas une visite médicale lorsque celle-ci s’avère nécessaire. Explications.

Par Véronique Bury pour la Fédération Française d’Athlétisme

Le PPS, kézako ?

Vous l’avez sans doute déjà remarqué. Depuis septembre dernier, il n’est plus indispensable de présenter un certificat médical pour s’inscrire à une course dans l’Hexagone. Le Parcours de Prévention Santé, mis en place par la Fédération Française d’Athlétisme et déjà applicable à tous les licenciés majeurs depuis septembre 2023, a progressivement remplacé le traditionnel certificat médical au cours de l’année 2024. « Ce PPS vient combler un manque et est obligatoire pour prendre le départ d’une course », explique Antoine Bruneau, médecin des équipes de France d’athlétisme et artisan de la mise en œuvre de ce parcours avec ses collègues du triathlon, de la natation et du cyclisme. Depuis, la loi Sport du 2 mars 2022, qui vise à démocratiser la pratique du sport en France, les fédérations sportives étaient en effet sommées d’imaginer et de proposer une alternative au traditionnel certificat médical, afin de faciliter et promouvoir l’accès à l’activité physique et sportive du plus grand nombre. Pour ce faire, « nous avons travaillé en commun avec les autres commissions médicales afin de réfléchir à quelque chose de plus pédagogique et de plus explicatif que ce que pouvait être l’ancien certificat médical, tout en se tournant vers une autonomisation et une implication plus importante des pratiquants envers leur santé », détaille le médecin fédéral. « Notre idée était de proposer un outil capable de détecter les personnes à risques, c’est-à-dire ayant des pathologies cardiaques ou des symptômes évocateurs, afin de leur faire prendre conscience de l’importance d’aller consulter un médecin pour aller plus loin avec des examens ciblés. Mais aussi d’alerter sur des catégories de symptômes peut-être un peu moins urgents, mais qui devaient tout autant amener les gens à consulter un professionnel de santé afin d’éclaircir les choses. Car ces symptômes pouvaient aussi être néfastes à leur pratique sportive à plus ou moins court terme. » Le Parcours de Prévention Santé, s’il a en effet pour vocation de simplifier l’inscription des participants aux différentes courses du calendrier, ne doit en aucun cas les soustraire à l’impératif de veiller à leur santé dans le cadre de leur pratique sportive.

Alors, comment ça marche ?

Rien de plus simple. Pour obtenir son attestation, il suffit de se rendre sur le site Internet pps.athle.fr dans les trois mois qui précèdent l’objectif compétitif, puis de se laisser guider. Après avoir rentré la date de sa course, ses coordonnées personnelles et son âge, une première vidéo s’enclenche. Antoine Bruneau présente alors les différents symptômes qui peuvent être des signes de pathologie cardiaque à risque, et pour lesquels il faut impérativement consulter son médecin traitant : « douleurs ou oppressions dans la poitrine qui irradient vers l’épaule », « palpitations » ou « sensations de battements cardiaques trop rapides, trop forts ou irréguliers », « malaise », « perte de conscience », « essoufflement inhabituel ». À ce stade, le coureur est également invité à prendre connaissance des dix règles d’or édictées par le Club des Cardiologues du Sport avant de s’engager à les respecter. S’il coche toutes les cases, il peut passer à l’étape suivante. Une deuxième vidéo en motion design lui rappelle alors d’autres facteurs de risque, pour lesquels il lui est également conseillé de prendre un avis médical avant de s’engager dans la pratique d’une activité physique intense : être une femme de plus de 45 ans, un homme de plus de 35 ans, être fumeur ou avoir du cholestérol, ou bien encore avoir un membre de sa famille qui a souffert de maladie cardiaque. Là encore, le coureur atteste sur l’honneur comprendre ce qu’il vient d’entendre en cochant les cases pour poursuivre. Une dernière vidéo énumère un ensemble de situations ou de symptômes susceptibles d’entraîner un risque pour sa santé ou ses performances, et pour lesquels il lui est à nouveau recommandé de consulter. Une fois ces trois étapes passées, il peut finaliser son parcours et télécharger son attestation afin de la remettre à l’organisateur de sa prochaine course.

Au final, qu’est-ce que ça change ?

Beaucoup de choses. Et en premier lieu, la responsabilité. Car jusqu’alors, « c’est le médecin traitant ou le professionnel de santé qui portait la responsabilité, en signant un certificat médical de non-contre-indication à la pratique de la course à pied en compétition », rappelle Antoine Bruneau. Désormais, c’est le coureur qui devient responsable de sa propre pratique en attestant qu’il a bien compris les informations transmises par la fédération et qu’il s’engage à suivre les recommandations en fonction de sa propre situation. De ce fait, « quand on lit et que l’on suit correctement le parcours, on se retrouve à consulter son médecin uniquement pour les bonnes raisons », pointe Antoine Bruneau, qui voit dans ce filtrage un double avantage. D’un côté, il permet de sensibiliser et de responsabiliser davantage les coureurs. De l’autre, il permet aussi d’alléger les démarches pour tous ceux qui sont jeunes et en bonne santé. Ce qui est aussi une excellente nouvelle à l’heure où l’accès aux médecins est de plus en plus compliqué, « car ils sont moins nombreux et ont des consultations plus urgentes à gérer ». Les effets sont d’ailleurs déjà visibles. Depuis avril 2024 et la mise en place progressive de ce PPS, plus de 2,2 millions d’attestations ont été générées sur la plateforme, dont 1,5 à 1,6 million par des utilisateurs uniques. Des pics logiques ont été enregistrés en septembre, date du déploiement total et obligatoire sur l’ensemble des courses et manifestations, et plus récemment en janvier, à trois mois des courses du printemps. Mais surtout l’année 2024 a battu tous les records avec 2,9 millions de résultats enregistrés toutes courses confondues cross-route-trail, soit 300000 de plus que la précédente marque de référence, qui datait de 2019. Pour la FFA, ce chiffre record s’explique en grande partie par l’aménagement et la simplification des démarches pour s’inscrire à une course running. Quant à la sensibilisation des coureurs, s’il est encore trop tôt pour jauger de l’impact des recommandations sur leur santé, on remarque que bon nombre d’entre eux acceptent volontiers de recevoir la newsletter trimestrielle proposée à la fin du parcours par la fédération. « L’idée est de continuer à les sensibiliser en leur proposant des articles sur des thématiques liées à leur santé, comme « pourquoi ne pas faire de sport quand on a de la fièvre ? » ou « comment prévenir les tendinopathies du tendon d’Achille ? », explique Antoine Bruneau. Autant d’informations précieuses pour continuer à courir en bonne santé. ✱