Golf et soleil : où en sommes-nous ?

Golf et soleil où en sommes-nous
Golf et soleil: où en sommes-nous?

Le golf est un sport qui se pratique en extérieur et qui, comme vous le savez ou pas encore, expose
ses adeptes à une forte exposition solaire au cours d’un parcours de plusieurs heures. Prendre conscience que ce sport nécessite une protection solaire vous permettra de limiter les conséquences néfastes du soleil sur vos cellules cutanées. Dans cet article, tout d’abord je vous propose de vous rapporter les données récentes de la littérature scientifique autour du soleil et du golf, avant de vous proposer les bonnes pratiques et de vous donner quelques conseils : bonne lecture !

 Par le docteur Charles Velter, dermatologue et vénérologue

L’exposition solaire aux UV (ultraviolets) fait partie des facteurs de risque connus de développer des cancers de la peau. Le cancer cutané est le cancer le plus fréquent ! Un cancer diagnostiqué dans le monde sur trois constitue un cancer cutané.

Même si on sait d’un autre côté qu’il existe des bénéfices du soleil. Seule une petite exposition aux UV est suffisante pour produire de la vitamine D (5 minutes d’exposition d’une surface équivalente à une paume), vitamine qui est essentielle pour le système ostéo-articulaire. Les UV contribuent aussi à améliorer l’humeur, à diminuer l’asthme et le risque de maladie cardio-vasculaire. De façon intéressante et souvent méconnue, il faut savoir que les UVA passent la barrière des nuages et sont présents toute l’année, contrairement aux UVB présents essentiellement par beau temps.

Sport en plein air = danger !

Les golfeurs ont de fait une forte exposition aux UV ; ainsi, pendant les JO de Tokyo en 2020, une étude avait modélisé que les golfeurs hommes avaient eu la 2e plus forte exposition aux UV sur les 144 disciplines sportives. Et d’autres études avaient montré que les golfeurs recevaient une dose d’UV similaire ou plus forte que les navigateurs, les tennismen ou que les jardiniers.

Une autre étude australienne avait analysé le risque de cancer cutané chez 336 golfeurs australiens comparativement à un échantillon de 15 780 représentatif de la population générale australienne. Les auteurs ont mis en évidence que 27  % des golfeurs avaient eu un diagnostic de cancer cutané contre 7 % de la population générale. Les golfeurs avaient ici 2,42 fois plus de risque de faire un cancer cutané que la population générale. Les auteurs ici concluent en insistant sur l’importance d’une information auprès des golfeurs de ce risque et des moyens de prévention (notamment l’application d’une crème solaire), ce que nous expliquerons ensuite.

Une autre étude avait confirmé que les golfeurs étaient plus à risque de cancer cutané que les non-golfeurs et il existe un consensus international pour dire que « même si l’exposition solaire modérée peut apporter des bienfaits, les golfeurs sont exposés à un surrisque de cancer cutané dans le cadre d’une exposition excessive en absence de prévention ». Il convient donc de vous protéger !

Protégez-vous ! !

Le surrisque de développer un cancer cutané est relativement bien connu parmi les golfeurs aux États-Unis, ainsi le circuit américain US PGA a-t-il fait activement la promotion des mesures de protection solaire depuis 2012. Mais des auteurs irlandais avaient mené une étude dans la province de Munster sur 163 golfeurs à partir d’un questionnaire. Et même si 85 % reconnaissaient utiliser une crème solaire pendant un parcours,  au total 63 % d’entre eux utilisaient un indice SPF inférieur à 30. Enfin, la plupart (74 %) déclaraient porter un chapeau pendant le parcours, mais 52 % portaient simplement une casquette à la place d’un chapeau avec des bords larges.

Des données espagnoles, américaines et australiennes montrent que les vêtements de golf portés n’offrent qu’une protection limitée et que les habitudes de protection solaire comme l’application répétée d’une crème solaire ou le port de vêtements couvrants variaient beaucoup.

A chacun son risque…

Une étude a montré que 75 % des golfeurs avaient une peau claire qui bronze peu ou rousse (phototype clair), augmentant le risque de coups de soleil, et une personne avec un phototype clair est plus à risque de faire un mélanome. Il faut aussi savoir que le haut de la tête reçoit plus d’UV que les épaules, la nuque ou les bras.

L’intensité des UV pendant le golf semble augmenter le risque de développer un cancer cutané à un plus jeune âge en comparant des professionnelles golfeuses jeunes à des amateures plus âgées. Cette étude américaine avait en effet comparé des professionnelles à des amateures femmes aux États-Unis. Les professionnelles étaient cinq fois plus exposées au soleil que les amateures, notamment par le besoin de pratiquer très souvent et de jouer pendant les heures chaudes. Et dans cette étude, 15 % des participantes avaient eu un cancer cutané dont certaines à un jeune âge (25 ans).

Enfin, une autre étude avait montré que 39 % des golfeurs ne pensaient pas que ce sport augmentait leur risque de cancers cutanés et même 14 % pensaient que cela le diminuait…

Conclusion

L’ensemble de ces données nous rappelle donc l’importance d’une bonne information et c’est aussi l’objectif de cet article. Il convient de préciser les mesures de protection solaire :

  • Préférez jouer tôt le matin ou en fin d’après-midi en cas de fortes chaleurs ;
  • Choisissez de marcher à l’ombre le plus souvent possible, dans les parcours arborés ;
  • Portez des vêtements couvrants, longs, des tissus anti-UV, ainsi qu’un chapeau à large bord qui protège non seulement le visage, mais aussi la nuque et les oreilles ;
  • Utilisez des lunettes de soleil adaptées pour protéger vos yeux (protections latérales) ;
  • Utilisez une crème solaire SPF 50 + sur les zones découvertes : appliquez-en chez vous avant d’aller au golf et répétez l’application à la fin du trou numéro 9 (gardez donc un tube de crème solaire dans votre sac de golf) et ce, même en cas de temps nuageux.

Enfin, notez qu’un dépistage annuel systématique, contrairement aux idées reçues, n’est pas recommandé dans la population générale mais seulement chez certains patients. Mais nous vous conseillons de consulter en cas de lésion pigmentée nouvelle, différente des autres ou d’un « bouton » qui met plus de 2-3 mois à cicatriser.

En adoptant ces bonnes pratiques, les golfeurs peuvent continuer à profiter en toute sécurité de leur sport préféré, par ailleurs excellent pour la santé, tout en minimisant les risques liés à l’exposition solaire.